Yémen - Massacres et assassinats déclenchent un nouveau cycle de guerre (Moon of Alabama)

Yémen - Massacres et assassinats déclenchent une nouvelle phase de la guerre
Article originel : Yemen - Massacres and Assassinations Trigger a New Phase of War
Moon of Alabama

Yemen (c) Mohammed Huwais / AFP / Getty Images.

A la mi-avril, plus de 20 soldats soudanais ont été tués dans une embuscade dans le nord du Yémen. Le Soudan, qui a envoyé jusqu'à 10 000 soldats au Yémen dans l'espoir d'obtenir de l'argent saoudien, est en train de reconsidérer son engagement. Les États du Golfe avaient promis des investissements au Soudan et la levée des sanctions étatsuniennes en échange de l'envoi de chair à canon. Ni l'un ni l'autre ne s'est produit.

La guerre de l'Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis et des pouvoirs qui les sous-tiennent contre le Yémen vise à mettre en place un gouvernement supplétif qui s'en remet à eux. Le peuple yéménite ne veut pas cela. Ils résistent contre les forces écrasantes de leurs riches voisins. Les Zaidi du nord du Yémen considèrent leurs voisins wahhabites comme des "singes avec des ordinateurs portables". Leur mouvement Houthi mène le combat. Pour vaincre leur résistance, les Saoudiens ont lancé une campagne génocidaire de blocus, de bombardements affamant le peuple.

La même semaine où les mercenaires soudanais ont été tués, les frappes aériennes des avions de chasse saoudiens ont massacré des dizaines de civils yéménites :

    Une frappe aérienne de la coalition saoudienne a frappé un mariage dans le nord du Yémen, tuant au moins 20 personnes, y compris la mariée, ont déclaré lundi des responsables de la santé, alors que des images déchirantes ont émergé sur les médias sociaux du bombardement meurtrier, le troisième à frapper des civils yéménites depuis le week-end.
    ...
    Dimanche soir, une attaque aérienne a frappé une maison ailleurs à Hajja, tuant une famille entière de cinq personnes, selon al-Nadhri.

    Samedi, au moins 20 civils ont été tués lorsque des avions de combat de la coalition ont bombardé un bus transportant des navetteurs dans l'ouest du Yémen, près de la ville de Taiz, qui est plongée dans les combats depuis trois ans.

Après le bombardement du mariage, un garçon, âgé de 3 à 5 ans, s'est agrippé à son père mort toute la nuit (vidéo) et a rejeté les tentatives de séparation. Une vidéo choquante prise le lendemain matin montre que le garçon est toujours là ainsi que les terribles conséquences du massacre saoudien.

ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !!!

Les rapports standard de l'agence du Yémen, comme celui qui précède, répètent toujours l'estimation de l'ONU selon laquelle plus de 10 000 personnes sont mortes pendant la guerre. Mais cette estimation de l'ONU date d'au moins deux ans, ne change jamais et ne fait que cacher le massacre en cours :

    Elisabeth Kendall @Dr_E_Kendall - 20:28 UTC - 11 Apr 2018

    La guerre du Yémen : Pourquoi la statistique tant citée des Nations Unies de 10 000 morts ne semble jamais augmenter ? YemenData documente 16 847 raids aériens par la coalition dirigée par #Saudi du 3/2015 au 3/2018 (avec 423 en mars) & @MSF a reçu plus de 97 000 patients en urgence au cours des trois premiers mois de 2017.

Au moins 70 000 personnes ont été tuées par les seuls bombardements. Ce chiffre ne comprend pas les cent mille personnes qui sont probablement mortes de faim ou de maladies facilement évitables. Interrogés sur les chiffres réels, les fonctionnaires de l'ONU fuient toute réponse sensée (vid).

Les frappes de la coalition saoudienne sur les civils ne sont pas le fruit du hasard. Les Saoudiens ciblent l'infrastructure, tous les transports de nourriture et de personnes, les établissements de santé et tout rassemblement jugé suspect. D'autres frappes sont des assassinats ciblés.

Une vidéo récente d'un drone appartenant aux Émirats arabes unis suit une voiture près du port de Hodeidah dans le nord-ouest du Yémen et montre un missile qui la frappe. La vidéo coupe une seconde caméra de drone, filmée à partir d'un écran dans une salle d'opérations, qui montre des personnes venant à la rescousse après la première attaque. Un deuxième tir de missile les tue tous. Les gens dans la salle d'opération sont ravis.

ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !!!

Cette "double" frappe a tué un homme important et prolongera la guerre :

    Saleh al-Samad, le président du Conseil politique suprême des Houthis, a été tué lors de la frappe de drones, ce qui a porté un coup fatal à un processus de paix yéménite déjà stagnant. Samad était considéré comme une figure conciliante au sein de la rébellion des Houthi et avait cherché à parvenir à un règlement négocié de la guerre civile au Yémen. Il devait rencontrer Martin Griffiths, l'envoyé spécial de l'ONU pour le Yémen, le 28 avril.

Un neveu corrompu de l'ancien président décédé du Yémen Ali Abdullah Saleh aiderait les Émirats arabes unis à tuer les alliés de son oncle décédé. Je soupçonne que les services de renseignements étatsuniens, qui ciblent les téléphones mobiles et autres, sont très impliqués :

    Tareq Saleh et ses hommes ont été forcés de chercher refuge aux Émirats arabes unis, apportant avec eux une connaissance approfondie du fonctionnement intérieur des Houthis.

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    La mort de Samad n'était pas un incident isolé. Un certain nombre de personnalités clés des Houthi, qui partageaient des liens étroits avec l'ancien président Saleh, ont été tuées récemment. Mansour al-Saidi, le commandant des forces navales de Houthi ; Salah al-Sharqai, son adjoint ; Nasser al-Qaubari, le grand général des forces de missiles Houthi ; et Fares Manea, un trafiquant d'armes notoire et ancien gouverneur de Saada, ont tous été tués lors de frappes aériennes au cours de la semaine dernière.

Tuer les dirigeants des mouvements de résistance n'est pas une stratégie efficace. Ces dirigeants sont généralement remplacés par des extrémistes plus intelligents ou plus brutaux qui se soucient moins des dommages collatéraux :

    Le successeur de Samad, Mahdi al-Mashat, qui a été nommé lundi, est un dur à cuire qui entretient des liens étroits avec le Hezbollah au Liban.

    Ali al-Bukhaiti, un ancien personnage important des Houthis maintenant basé à Amman, en Jordanie, affirme qu'il y a un puritanisme croissant au sein du mouvement. "Mashat est l'opposé polaire de son prédécesseur : Il est maladroit, menace, ne fait pas de compromis", a-t-il déclaré. "Il ne construit pas de relations, il les endommage."

Des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblées dans la capitale yéménite Sanaa pour la commémoration des funérailles de Saleh al-Samad. Des avions de chasse saoudiens survolent la foule et bombardent à proximité. La foule n'a pas été découragée. Personne ne s'est enfui, mais les gens se sont levés (video) et ont chanté (video) des slogans Houthis. Ils sont prêts à se battre et loin d'être vaincus.

Les Emirats Arabes Unis ont leur propre objectif concernant le Yémen. C'est pour l'argent. Les Émirats arabes unis occupent l'île yéménite de Sakrota, le "joyau de l'Arabie" protégé par l'Unesco, et volent ses ressources naturelles.

Aden, au sud du Yémen, est également sous occupation des Émirats arabes unis. La société émirienne Dubaï Port, aujourd'hui DP World, veut contrôler le port d'Aden. Mais les mères d'Aden meurent de faim pour garder leurs enfants en vie. Il n'y a pas d'État, pas de sécurité et personne n'est payé pour son travail de médecin, d'enseignant ou de balayeur de rue. Certains aliments sont disponibles sur les marchés, mais les gens n'ont plus les moyens de les acheter.

Le professeur Isa Blumi de l'Université de Stockholm (radio) affirme que la guerre au Yémen n'est pas une guerre civile et même pas une guerre menée par les puissances locales, l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Il s'agit d'une guerre impériale menée par de grandes puissances ayant une profonde histoire coloniale.

Ni les Émirats arabes unis ni l'Arabie saoudite ne pourraient faire quoi que ce soit au Yémen sans la direction et le soutien de la Grande-Bretagne (pdf) et des États-Unis et de la France (NdT) :

Des milliers d'employés britanniques et non britanniques d'entreprises britanniques travaillent en Arabie saoudite pour former, installer, entretenir et aider à faire fonctionner des avions fournis par le Royaume-Uni et d'autres équipements militaires, y compris les chasseurs-bombardiers Tornado IDS et les chasseurs Typhoon qui constituent un peu moins de 50% des avions de combat en service de la Royal Saudi Air Force (RSAF).
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Le Royaume-Uni s'est engagé à fournir à la RSAF du personnel civil et militaire britannique pour soutenir et armer les aéronefs fournis par le Royaume-Uni utilisés par la RSAF dans un conflit armé.
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Les responsables britanniques interrogés pour ce document, et au moins un des accords de gouvernement à gouvernement régissant la fourniture de systèmes d'armes britanniques à la RSAF, suggèrent donc que le ministère de la défense britannique a une connaissance détaillée des rôles et des activités du personnel britannique, tant civil que militaire, privé et gouvernemental, en Arabie saoudite, ainsi que de l'utilisation des avions fournis par le Royaume-Uni et de leurs munitions.

L'IHS Janes a récemment rapporté que les États-Unis cherchent une société privée pour secourir leurs soldats au Yémen :

    L'armée étatsunienne est à la recherche d'entrepreneurs pour fournir des services de récupération du personnel, ainsi que des services d'évacuation sanitaire et d'évacuation aérienne pour le personnel des forces spéciales opérant dans et autour du Yémen.

(Je ne comprends pas pourquoi le Commandement des opérations spéciales des États-Unis sous-traiterait une tâche militaire aussi spécialisée.)

Jusqu'à présent, les États-Unis ont prétendu que leurs soldats ne frappaient Al-Qaïda que dans le sud du Yémen. Ils ont minimisé son soutien en matière de renseignement et de ravitaillement aérien pour le bombardement saoudien des divers hôpitaux et mariages. En réalité, aucun avion saoudien ne volerait sans le soutien direct des États-Unis et du Royaume-Uni (et de la France, NdT). Les soldats étatsuniens sont également directement impliqués dans les combats sur le terrain :

    L'an dernier, une équipe d'une douzaine de Bérets verts est arrivée à la frontière de l'Arabie saoudite avec le Yémen, dans une escalade continue des guerres secrètes étatsuniennes.

    Sans pratiquement aucun débat public, les commandos de l'armée aident à localiser et à détruire les caches de missiles balistiques et les sites de lancement que les rebelles Houthi au Yémen utilisent pour attaquer Riyad et d'autres villes saoudiennes.
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    Le long de la frontière poreuse, les Etatsuniens travaillent avec des avions de surveillance qui peuvent recueillir des signaux électroniques pour suivre les armes Houthi et leurs sites de lancement.

Les médias étatsuniens semblent soutenir la guerre des États-Unis contre le Yémen. Dans une récente interview sur CNN, le sénateur Rand Paul a plaidé pour débattre au moins de la guerre au Congrès étatsunien. L'animateur de CNN Wolf Blitzer a rejeté (vid) cela comme une "question morale". Il a déclaré qu'il y a "beaucoup d'emplois en jeu" et vendre moins de bombes à l'Arabie Saoudite pourrait causer une "perte significative d'emplois et de revenus". Il se demande pourquoi ce sujet est une "question secondaire" pour Paul.

Je laisse à un Yéménite le soin de répondre :

    Haykal Bafana @BaFana3 - 19:51 UTC- 14 avril 2018

    A qui cela peut concerner : Qu'est-ce que vous n'arrivez pas à comprendre dans votre petit cerveau ? Votre saloperie a été une longue orgie d'autodestruction désastreuse depuis le début jusqu'à aujourd'hui. Mettez fin à ce porno humiliant. Et restez en dehors du Yémen. Bande d'idiots.

Les Soudanais semblent avoir compris. D'autres doivent encore apprendre. Après l'assassinat récent de leurs dirigeants, les Houthis ont promis d'attaquer directement les dirigeants saoudiens et ceux des Émirats arabes unis. Il s'agira d'une nouvelle phase de la guerre en cours. Si la guerre se poursuit longtemps, le peuple yéménite tournera son regard vers les puissances impériales qui se cachent derrière ces supplétifs.

Traduction SLT