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Le tapage français booste les ventes des fabricants israéliens de burkinis (Seattle times)

par Daniella Cheslow 8 Septembre 2016, 12:17 Burkini Israël France Polemique Vente

 

   
Daniella Cheslow
 
Traduit par  Eve Harguindey

 

La controverse autour du burkini de France augmente les recettes des entreprises israéliennes spécialisées dans les maillots de bain pudiques.

Israël, où  vivent de grandes populations de femmes juives et musulmanes conservatrices, a cultivé une industrie locale de maillots de bain pudiques, et les tenues qui ont provoqué un tel tollé en France sont banales sur les plages israéliennes depuis des années.

Marci Rapp a été parmi les premières à entrer dans cette branche après avoir déménagé, de Toronto à Jérusalem en 2008. Le climat méditerranéen chaud présenté un défi de mode pour elle : comment couvrir ses bras et ses jambes, conformément aux règles de pudeur juives ?

"Je n’avais rien à porter", dit-elle. "Je ne pouvais rien trouver de convenable dans quoi me sentir à l’aise".

Rapp a lancé la société de maillots de bain “Modest Marsea”, qui vend des robes, shorts, chemises et couvre-chef en tissu léger italien résistant au chlore, cousus à Tel Aviv. Ses recettes ont augmenté d’au moins 10 pour cent par an depuis qu’elle a commencé, dit-elle, en partie en raison de ses techniques de vente énergiques comme la distribution de flyers aux femmes portant de longues jupes à la plage.

http://tlaxcala-int.org/upload/gal_14320.jpg

Seuls quelques-unes de ses clientes sont musulmanes, dit Rapp, parce qu’elles des maillots de bain plus conservateurs que ceux qu'ell  epropose . Le burkini, inventé par une styliste  libano-australienne il y a une dizaine d'années, couvre la tête, le torse et les membres d’un tissu de bain léger. Les maillots de bain Rapp ne couvrent pas la tête, ce que les femmes musulmanes les plus pratiquantes préfèrent, et beaucoup de ses modèles ne vont pas jusqu'aux poignets et aux chevilles.

Néanmoins, Rapp dit que la controverse du burkini a attiré l’attention sur son entreprise, qu'elle dirige depuis Jérusalem où elle vit, et que ses ventes ont augmenté de quelques pourcents, mais ne veut pas fournir des chiffres de vente. Ses maillots de bain sont vendus autour de 100 $.

Rapp dit qu’elle a été déconcertée par les arrêtés de plusieurs municipalités françaises interdisant les tenues de bain intégrales. L’interdiction a ensuite été annulée par le Conseil d’État. En conséquence, l’interdiction est susceptible d’être levé à travers la France, mais seulement une fois que la contestation judiciaire aura été portée devant les tribunaux locaux de chacune des 30 municipalités concernées.

"Que fait une femme en France qui veut se couvrir pour se protéger du soleil ou qui veut dissimuler des cicatrices, ou si elle est en surpoids et ne veut pas porter un bikini?…Ça ne fait aucun sens qu’ils interdisent un type spécifique de maillots de bain. C'est vraiment très raciste pour moi."

 

Pub de MarSea Modest

 

Itay Yaacov, un journaliste du site de mode Xnet, estime qu’au cours de la dernière décennie, une douzaine de sociétés israéliennes ont commencé à fabrique des maillots pudiques. Ces tenues sont devenues une tendance mondiale, ajoute-t-il, disant que même les femmes,laïques ont commencé à porter des chemises à manches longues avec des bas de bikini. La plupart des entreprises israéliennes sont de petite taille et ciblent le marché local, dit-il.

Mais certaines sociétés ont une plus grande diffusion. Anat Yahav a lancé l’entreprise “SunWay” pour fabriquer des tenues protégeant des ultraviolets pour enfants en 1998, dont le siège est au nord de Tel Aviv. Puis, dit-elle, des clientes musulmanes lui ont demandé de faire un modèle pour adultes avec manches longues, jambières et capuches. Enfin, des femmes juives ont demandé des robes et des pantalons à manches courtes et trois-quarts. Aujourd’hui, Yahav gère trois magasins en Israël et exporte dans le monde entier par l’intermédiaire de son site, d'Amazon et de distributeurs en Grèce, en Allemagne, en Nouvelle-Zélande et aux USA;

Yahav dit que le tapage en France a augmenté ses ventes et lui a donné un sentiment de fierté par rapport à l’acceptation par Israël de ce maillot de bain conservateur. Elle se vante de n'avoir   jamais eu de cas d'une cliente exclue d’une piscine pour s’être couverte.

"Finalement, c'est nous qui sommes les normaux",  glousse-t-elle.

Sahab Nasser vend les burkinis Sunway dans sa boutique de lingerie à Tira, une ville majoritairement musulmane dans le centre d’Israël. Elle a dit qu’elle a vendu des burkinis pendant quatre ans avant d'en acheter un pour elle-même, pour pouvoir accompagner sa fille de trois ans à la piscine. Cela a changé sa vie pour elle et d’autres femmes musulmanes, dit-elle, car auparavant elles restaient  hors de l’eau tandis que les hommes et les enfants de leurs familles pouvaient aller nager.

"Le burkini a permis (aux femmes arabes) d'aller à la plage, de passer un temps de qualité avec leur famille, d'aller dans des piscines mixtes, de nager avec leurs familles et de sentir à l'aise, sans subir de critiques", dit-elle; "Qui a dit que le bikini est le bon look pour la plage ?"

 

Femmes musulmanes sur la plage de Tel-Aviv; (AP Photo/Ariel Schalit)

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