Après analyse des preuves, un expert de santé canadien pro-confinement change d'avis en constatant que "les inconvénients des confinements sont dix fois plus importants que leurs avantages" (Toronto Sun)

Selon une étude d'un expert canadien, les inconvénients du confinement sont dix fois plus importants que les avantages
Article originel : Canadian expert's research finds lockdown harms are 10 times greater than benefits
Toroton Sun, 9.01.21

Note de SLT : Cet expert pédiatre en maladies infectieuses initialement pro-confinement a changé d'avis en constatant que le taux de mortalité de la Covid pour les personnes de moins de 70 ans est de 0.05% et en analysant les ravages causés par les mesures de confinement sur le plan bio-psycho-social. Ce que nous écrivons quasiment depuis le début de la crise.

Le Dr Ari Joffe est pédiatre spécialiste des maladies infectieuses  à l'hôpital pour enfants Stollery d'Edmonton et professeur clinique au département de pédiatrie de l'université d'Alberta. Il a rédigé un article intitulé COVID-19 : Rethinking the Lockdown Groupthink qui constate que les inconvénients des confinements sont dix fois plus importants que leurs avantages.

Les questions-réponses ci-dessous sont un échange entre Joffe et Anthony Furey.
Le président Biden prévoit de faire passer les véhicules du gouvernement américain à l'énergie électrique.
 
 

Vous étiez un fervent partisan des confinements au départ, mais vous avez changé d'avis depuis. Pourquoi ?

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles j'ai d'abord soutenu les confinements.

Tout d'abord, les données initiales suggéraient à tort que le taux de mortalité lié à l'infection était de 2 à 3 %, que plus de 80 % de la population serait infectée, et la modélisation suggérait que des confinements répétés seraient nécessaires. Mais les nouvelles données ont montré que le taux médian de mortalité due à l'infection est de 0,23%, que le taux médian de mortalité due à l'infection chez les personnes de moins de 70 ans est de 0,05%, et que le groupe à haut risque est constitué par les personnes âgées, en particulier celles souffrant de graves comorbidités. En outre, il est probable que dans la plupart des situations, seuls 20 à 40 % de la population seraient infectés avant que la transmission continue ne soit limitée (c'est-à-dire l'immunité collective).

Deuxièmement, je suis un médecin spécialisé dans les maladies infectieuses et les soins intensifs, et je ne suis pas formé pour prendre des décisions de politique publique. Je ne considérais que les effets directs de la COVID-19 et mes connaissances sur la manière de prévenir ces effets directs. Je ne prenais pas en compte les effets immenses de la réponse à la COVID-19 (c'est-à-dire les confinements) sur la santé et le bien-être publics.

Les données émergentes ont montré une quantité stupéfiante de "dommages collatéraux" dus au confinement. On peut prédire que cela affectera plusieurs millions de personnes à travers le monde avec l'insécurité alimentaire [82-132 millions de personnes supplémentaires], la pauvreté extrême [70 millions de personnes supplémentaires], la mortalité maternelle et des moins de 5 ans due à l'interruption des soins de santé [1,7 million de personnes supplémentaires], les décès dus aux maladies infectieuses dues à l'interruption des services [des millions de personnes atteintes de tuberculose, de paludisme et du VIH], la fermeture des écoles pour les enfants [affectant le potentiel de gain futur des enfants et leur durée de vie], l'interruption des campagnes de vaccination pour des millions d'enfants et la violence du partenaire intime pour des millions de femmes. Dans les pays à revenu élevé, les effets négatifs sont également dus à des retards et à des interruptions dans les soins de santé, au chômage, à la solitude, à la détérioration de la santé mentale, à l'augmentation des décès dus à la crise des opiacés, etc.

Troisièmement, une analyse formelle des coûts et des bénéfices des différentes réponses à la pandémie n'a pas été effectuée par le gouvernement ou les experts de la santé publique. Au départ, j'ai simplement supposé que les mesures de confinement visant à supprimer la pandémie étaient la meilleure approche. Mais les décisions politiques en matière de santé publique devraient exiger une analyse coûts-avantages. Les mesures de confinement étant une intervention de santé publique visant à améliorer le bien-être de la population, nous devons prendre en compte à la fois les avantages des mesures de confinement et leur coût pour le bien-être de la population. Une fois mieux informé, je me suis rendu compte que les confinements causent bien plus de dommages qu'ils n'en préviennent.

Il n'y a jamais eu d'analyse bénéfices/risques complète des mesures de confinement au Canada. Qu'avez-vous trouvé lorsque vous avez fait la vôtre ?

Tout d'abord, un peu de contexte dans l'analyse bénéfices/risques. J'ai découvert des informations dont je n'avais pas connaissance auparavant. Tout d'abord, le fait de choisir entre sauver des vies et sauver l'économie est une fausse dichotomie. Il existe une forte relation à long terme entre la récession économique et la santé publique. C'est logique, car les dépenses publiques dans des domaines tels que les soins de santé, l'éducation, les routes, l'assainissement, le logement, la nutrition, les vaccins, la sécurité, les filets de sécurité sociale, l'énergie propre et d'autres services déterminent le bien-être et l'espérance de vie de la population. Si le gouvernement est obligé de dépenser moins pour ces déterminants sociaux de la santé, il y aura des "vies statistiques" perdues, c'est-à-dire que des gens mourront dans les années à venir. Deuxièmement, j'avais sous-estimé les effets de la solitude et du chômage sur la santé publique. Il s'avère que la solitude et le chômage sont connus pour être parmi les facteurs de risque les plus importants de mortalité précoce, de réduction de l'espérance de vie et de maladies chroniques. Troisièmement, lors de la prise de décisions politiques, il faut faire des compromis, tenir compte des coûts et des avantages, et nous devons choisir entre des options qui ont chacune des résultats tragiques afin de plaider pour que le moins de personnes possible meurent.

Dans l'analyse bénéfices/risques, je considère les avantages des mesures de confinements pour prévenir les décès dus à la COVID-19, et les coûts des mesures d'immobilisation en termes d'effets de la récession, de la solitude et du chômage sur le bien-être et la mortalité de la population. Je n'ai pas tenu compte de tous les autres "dommages collatéraux" des mesures d'immobilisation mentionnés ci-dessus. Il s'est avéré que les risques des confinements sont au moins dix fois plus élevés que les bénéfices. En d'autres termes, les confinements causent bien plus de dommages au bien-être de la population que ne peut le faire la COVID-19. Il est important de noter que je soutiens une approche de protection ciblée, où nous visons à protéger les personnes réellement à haut risque de mortalité COVID-19, y compris les personnes âgées, en particulier celles qui souffrent de graves comorbidités et celles qui se trouvent dans des maisons de retraite et des hôpitaux...

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Traduction SLT

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