Edward Snowden, ancien agent de la CIA à Genève de 2009 à 2011, qui a révélé les programmes de surveillance de masse de la NSA, est un lanceur d'alerte puissance 10. Interviewé sur la RTS par Darius Rochebin, à l'occasion d'une vidéoconférence lors du Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH), le 6 mars 2015, il montre qu'il détient des secrets potentiellement explosifs.
En évoquant la neutralité historique de la Suisse, il envisage son retour en Suisse comme une potentialité qui pourrait être acceptée officieusement par les USA (vers 3'30).
"De par sa neutralité historique, du fait de son rôle dans le passé. Cela permettait à la Suisse de poliment affirmer sa neutralité. (...) En même temps, elle ne pourrait pas être accusée d'entreprendre des activités anti-américaines. Ce serait quelque chose d'acceptable pour les Etats-Unis, malgré ce qu'ils affirmeraient publiquement", explique-t-il.
Et d'ajouter: "Mais à la fin ce n'est pas une question pour moi et le gouvernement américain. C'est une question qui relève du peuple suisse, de leurs politiciens et du Conseil fédéral."
Mais, lorsque Rochebin lui demande si la Suisse est toujours "une plaque tournante sur le renseignement, pour la surveillance de masse."
Snowden lui répond sans ciller "oui, c'est toujours le cas...". Mais il ajoute : "mais la raison qui a rendu la Suisse si intéressante comme capitale de l'espionnage, en particulier Genève, n'a pas changé. Ce sont toujours les sièges internationaux, les Nations Unies, l'OMS, l'OMC et le CICR. Il y a des représentations des gouvernements étrangers, les ambassades, les Organisations internationales, les ONGs, quantités d'organisations et tout cela dans une seule ville. Vous avez des flux exceptionnels de capitaux et d'argent à Zürich, vous avez une plaque tournante des accords bilatéraux et des échanges internationaux à Berne. Donc en Suisse, il y a toujours une présence active des Etats-Unis en ce qui concerne l'espionnage..."
Rochebin poursuit "Quand vous étiez agent ici à Genève, est-ce que vous aviez une crainte du contre-espionnage suisse ou bien vous travaillez complètement librement ?"
Snowden déclare "Non, on avait aucune crainte. Les services suisses n'étaient pas considérés comme une véritable menace au contraire des services français connus pour être sophistiqués et agressifs. Les services suisses sont aussi très compétents et très professionnels mais ils sont petits et par des biens des façons, ils sont sous emprise américaine. La Suisse se présente comme eux et dans beaucoup de cas c'est vrai mais hélas dans le domaine du renseignement ce n''est pas tout à fait le cas. Je ne veux pas mentionner spécifiquement telle accusation ou controverse, cela ne devrait pas être à moi de décider quelles informations devraient être rendues publiques ou non, c'est le rôle des institutions de presse. Mais pourtant il est bien établi qu'il y a eu des opérations de la CIA en Suisse. Des agences de la CIA engagées dans des dossiers d'armes de destruction massive, des gens impliqués dans la prolifération nucléaire engagés dans des violations extraordinaires de la loi en Suisse, en Allemagne et dans les régions proches et malheureusement il y avait une influence politique dans ces cas et cela montait jusqu'au plus haut niveau du gouvernement. C'est la raison pour laquelle des représentants du gouvernement américain même quand ils transgressent des lois en Suisse éprouvent un certain confort sachant qu'il n'y aura ni conséquences ni répercussions".
(...)
Voir l'interview intégral de Snowden par Rochebin ici
Lire également : - Le temps A l'écoute de Snowden - RT US spies feel 'comfortable' in Switzerland, afraid of nothing - Snowden