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Uramin: le trouble jeu d'Areva en Namibie (MdP)

par Yann Philippin 13 Janvier 2016, 14:05 Areva Lauvergeon Namibie France Françafrique Uranium Uramin Corruption

Uramin: le trouble jeu d'Areva en Namibie (MdP)
Uramin: le trouble jeu d'Areva en Namibie 
Par Yann Philippin
Mediapart
Lu sur Le GriGri

Areva a gaspillé 835 millions d'euros dans un gisement d'uranium en Namibie. Le groupe nucléaire a aussi entretenu des relations ambiguës avec son principal lobbyiste sur place. Cet intermédiaire a notamment embauché le mari de la patronne Anne Lauvergeon.

Un intermédiaire grassement rémunéré qui négocie l’achat d’un yacht via le directeur des mines d’Areva, un gros paquet de dollars pour la société de son adjoint, et enfin une mission de conseil à 30 000 euros pour le mari d’Anne Lauvergeon, l’ancienne patronne du groupe… Selon des informations recueillies par Mediapart et France Inter, Areva a joué un trouble jeu en Namibie, autour d’un des gisements issus d’Uramin. Uramin, c’est cette start-up minière détentrice de mines fantômes en Afrique, dont le rachat s’est soldé par 2,6 milliards d’euros de pertes. Lesquelles ont largement contribué à plonger le géant tricolore du nucléaire dans une crise économique et sociale gravissime (lire ici).

Depuis le mois de mai 2015, une double information judiciaire a été confiée aux juges financiers Renaud Van Ruymbeke, Charlotte Bilger et Claire Thépaut. La première, pour« corruption, escroquerie et abus de biens sociaux », a été élargie à des soupçons de« délit d’initié » visant le mari d’« Atomic Anne », Olivier Fric. La seconde, pour« présentation ou publication de comptes inexacts » et « abus de pouvoir », concerne la manière dont Lauvergeon aurait trompé l’État actionnaire sur la valeur d’Uramin, puis aurait dissimulé l’ampleur du fiasco jusqu’à son éviction en 2011.

Les soupçons de « corruption d’agent public étranger » portent principalement sur l’Afrique du Sud. Selon une enquête du journal Mail & Guardian, démentie par Areva, le groupe aurait sciemment surpayé Uramin pour financer des proches du pouvoir sud-africain, dans l’espoir de construire des centrales EPR. Selon nos informations, des manœuvres troubles ont également eu lieu en Namibie, voisin et ex-colonie de l’Afrique du Sud, dirigé depuis l’indépendance et la fin de l’apartheid par le parti Swapo, très proche de l’ANC sud-africain.

Sur les trois gisements issus d’Uramin (Centrafrique, Afrique du Sud et Namibie), c’est la mine namibienne de Trekkopje qui a été la plus ruineuse. Areva y a englouti 1,8 milliard d'euros, soit 70 % de l’ensemble des pertes liées à Uramin. Car le site a fait l’objet d’un véritable acharnement thérapeutique, avec 835 millions d’investissements pour une production quasi nulle.

Pour débloquer le permis de Trekkopje, Areva a fait appel à un intermédiaire local grassement rémunéré, qui devait en prime obtenir à prix d’ami 50 % de l’usine de dessalement d’Areva. L’intéressé s’est en retour montré très généreux. Daniel Wouters, dirigeant de la division mines d’Areva, a obtenu un chèque de 500 000 dollars pour sa société et un généreux contrat de consultant. Olivier Fric a été rémunéré 30 000 euros par le même intermédiaire pour négocier avec… Areva, c’est-à-dire le groupe dirigé par sa femme. Sans oublier une étrange transaction sur l’achat d’un yacht, menée par le directeur des mines du groupe, Sébastien de Montessus (lire notre enquête ici).

Pour comprendre les mœurs africaines d’Areva, un retour en arrière s’impose. À la fin de l’année 2006, l’entreprise publique veut développer ses mines d’uranium pour répondre à la croissance du nucléaire, en particulier sur le continent noir. Areva a deux fers au feu : étudier le rachat de start-up minières (on les appelle les « juniors »), et créer sa propre « junior », baptisée Songaï, chargée de décrocher de nouveaux permis d’exploration.

Cette filiale à 100 % d’Areva basée en Afrique du Sud, dont Mediapart avait révélé l’existence, a été créée à l’initiative de Zéphirin Diabré, homme politique et businessman burkinabè, qui fut le conseiller Afrique d’Anne Lauvergeon. Songaï est dirigée par Serge Lafont, par ailleurs patron d’Areva en Afrique du Sud et très proche d’Atomic Anne – ils ont travaillé ensemble à l’Élysée sous Mitterrand. Sur le papier, l’intention est louable : il s’agit de créer une petite structure aussi agile que les « juniors », et de l’africaniser en ouvrant son capital à des intérêts locaux, afin de maximiser son influence politique.

Sauf que Songaï se retrouvait en concurrence avec la division mines d’Areva, qui lui fournissait pourtant ses moyens financiers ! Surtout, la société, récemment liquidée, n’a jamais décroché le moindre permis. Et ses« méthodes africaines » ont vite fait tousser en interne.« C’était une société de lobbying », a confié à Mediapart un ex-cadre d’Areva. « Dans nos équipes, il y avait des gens qui pensaient qu’en Afrique, on ne peut faire affaire qu’en faisant plaisir, parce que c’est la culture locale », soupire un autre ancien du groupe.

Les soupçons culminent fin 2007, lorsqu’une réunion est organisée au siège de Songaï avec Niko Sheffer, un homme d’affaires israélien plus que sulfureux, condamné pour fraude et spécialisé dans le business avec les dictatures africaines les plus violentes. L’intéressé a vanté l’efficacité de ses méthodes dans un article du Center for Public Integrity : « Je me déplace avec du liquide. Je peux acheter une Mercedes 600 au président. Comment une entreprise normale peut justifier ça ? […] Moi, je n’ai pas besoin de l’expliquer en conseil d’administration, je suis le conseil. »

On ignore si Songaï a finalement fait appel à Sheffer. Ce qui est sûr, c’est que la filiale d’Areva a topé au même moment avec un autre intermédiaire : le Namibien Haddis Tilahun. Patron et fondateur du conglomérat United Africa Group (UAG), essentiellement présent dans l’hôtellerie, il ne connaît rien aux mines. Qu’importe, c’est son entregent qui intéresse Areva. Marié à une femme d'affaires elle aussi très influente, Haddis Tilahun est un gros donateur du Swapo, le parti au pouvoir en Namibie.

Le couple s’est spécialisé dans le lobbying en faveur des grands groupes étrangers. En octobre 2007, Songaï signe un contrat avec Tilahun. « Le gouvernement namibien avait gelé l’attribution de nouveaux permis miniers. Il devait contourner ce moratoire », confie un ancien géologue d’Areva au fait du dossier. La rémunération prévue est gigantesque : 150 000 dollars par permis, plus un bonus en actions, alors que ce genre de services est d’ordinaire rémunéré 20 000 dollars. Une partie de cet argent devait-il être redistribué à des politiques namibiens ? Contacté par Mediapart, Tilahun n’a pas donné suite.

Début 2008, un salarié d’Areva alerte le DRH de la division mines, au sujet de la réunion avec l’Israélien Niko Sheffer et du contrat hors normes passé avec Haddis Tilahun. « Certaines positions/actions prises par Songaï ne me semblent pas conformes avec la charte des valeurs Areva (notamment aux principes d'intégrité) et pourraient nuire à l’image du groupe », écrit-il dans son mail, apparemment resté sans suite.

Tilahun a beau avoir échoué à décrocher des permis pour Songaï, Areva a encore besoin de lui. Car le groupe a finalisé, début août 2007, le rachat d’Uramin pour 1,6 milliard d’euros. La négociation a été menée par Daniel Wouters, un banquier belge spécialiste de l’Afrique, fraîchement recruté comme directeur du développement de la division mines – c’est le mari d’Anne Lauvergeon, Olivier Fric, qui a fait passer son CV. Son chef, Sébastien de Montessus, est à l’époque un protégé d’« Atomic Anne » – ils se sont fâchés par la suite. Au moment du bouclage de l’opération Uramin, elle l’a bombardé, à 35 ans, patron de la mine.

Pour justifier le rachat d'Uramin, il faut des résultats rapides. Areva choisit de lancer d’urgence l’exploitation du gisement namibien de Trekkopje, jugé le plus prometteur. Dès le 26 septembre 2007, le comité exécutif lance une première tranche de 150 millions d'euros d’investissements (portés par la suite à 835 millions) pour construire les équipements miniers et une usine de dessalement d’eau de mer, indispensable pour alimenter cette mine située en plein désert.

Cette décision est doublement hallucinante. Areva, qui n’a effectué aucun sondage géologique, n’a en effet aucune certitude quant au fait que le gisement soit exploitable – les seules données disponibles viennent d’une étude payée par le vendeur, qui se révélera très optimiste. Ensuite, le groupe n’a même pas la licence d’exploitation de Trekkopje ! Malgré le prix astronomique payé pour acheter Uramin, ce document, indispensable pour démarrer la mine, n’était pas inclus dans la corbeille de mariage…

Il faut absolument débloquer la situation. En février 2008, Anne Lauvergeon et son directeur des mines, Sébastien de Montessus, s’envolent pour la Namibie, afin d’établir un premier contact avec les autorités. Leurs conjoints respectifs les rejoignent pour quelques jours de vacances. C’est à l’occasion de ce voyage qu’un accord est passé avec Haddis Tilahun. L’intermédiaire d’Areva est chargé d’obtenir la licence d’exploitation. En échange, il doit obtenir 50 % de la future usine de dessalement, à des conditions très avantageuses. Histoire de sceller les bonnes relations, sa femme est nommée présidente d’Uramin Namibie.

C’est alors qu’intervient Olivier Fric, qui exerce la profession de consultant. Il participe, comme on l’a vu, au voyage en Namibie avec son épouse Anne Lauvergeon. Il en profite pour proposer ses services à Tilahun. Lequel accepte de le faire travailler sur l’opération de l’usine de dessalement, notamment pour lever les fonds. Sans doute pour brouiller les pistes, le contrat, signé à l’automne 2008, est en fait passé avec Patrick Gidon, un négociant ami et associé de Fric. Lequel embauche dans la foulée monsieur Lauvergeon comme consultant. Selon nos informations, la mission est rémunérée 80 000 dollars (60 000 euros à l'époque), à partager entre les deux hommes.

La situation est surréaliste. Pendant deux ans, entre 2008 et 2010, Olivier Fric a donc défendu, par courriels et lors de réunions, les intérêts d’un lobbyiste face aux équipes d’Areva, le groupe dirigé par sa femme. Autre détail piquant : sur ce projet d’usine de dessalement, Fric négocie avec le numéro 2 de la division mines d’Areva, Daniel Wouters, dont il a contribué à l’embauche en faisant passer son CV ! « Certains se posent des interrogations, mais pénalement, il n’y a rien : M. Fric a été rémunéré pour une prestation qu’il a réellement effectuée », plaide son avocat, Mario-Pierre Stasi.

Anne Lauvergeon pouvait-elle ignorer ce conflit d’intérêts ? Contactée via son avocat, elle n’a pas donné suite. « Atomic Anne » se montre en tout cas ravie des services de l’intermédiaire qui emploie son mari. Dans un courrier confidentiel de décembre 2009, que Mediapart s’est procuré, la PDG « remercie sincèrement » Tilahun pour « ses efforts pour aider Areva », et espère que leur « collaboration fructueuse va continuer et s’étendre ». Lauvergeon est d’ailleurs « heureuse de confirmer » à l’homme d’affaires qu’il a été choisi pour rentrer au capital de l’usine de dessalement.

Il faut dire que Haddis Tilahun se montre redoutablement efficace. En janvier 2009, Sébastien de Montessus est revenu de Namibie avec la licence d’exploitation de Trekkopje en poche. Dans un mail à ses équipes, il explique que le précieux document a été obtenu grâce à l’aide de Martha Tilahun, l’épouse de Haddis. « Sans compromis », précise-t-il.

Les services de Tilahun sont en tout cas loin d’être gratuits. Comme l’a révélé le quotidien The Namibian, Areva lui a versé 3,4 millions de dollars d’« honoraires » en janvier 2010. L’ordre de virement, que Mediapart s’est procuré, est signé Sébastien de Montessus et Daniel Wouters. Selon nos informations, ce paiement fait suite à un contrat avec Areva, dans lequel Tilahun s’engage à obtenir d’énormes exemptions fiscales pour le groupe français en Namibie. Ce qui est parfaitement légal, à condition que l’argent ne serve pas à corrompre des politiques ou des fonctionnaires. Contacté, Areva se borne à répondre que « tout paiement effectué l’a été sur la base d’un contrat valablement conclu entre Areva et cette société ».

Le problème, c’est qu’un parfum de favoritisme flotte autour de ce contrat. Début 2010, quelques semaines après le versement de 3,4 millions, Tilahun obtient que le gisement d’Areva soit classé en zone franche. Selon une source proche du dossier, cela représente 500 à 600 millions de dollars d’économie d’impôts sur la durée d’exploitation du gisement de Trekkopje.

Comme l’a révélé le magazine Insight Namibia, les autres opérateurs miniers sont furieux, car Areva est le seul à avoir obtenu ce statut. Surtout, un haut responsable du ministère des mines affirme publiquement que cette faveur a été accordée à la suite des pressions exercées par Hage Geingob, l’actuel président de la République, qui était ministre du commerce et de l’industrie à l’époque.

Geingob a démenti par voie de presse. Mais il se trouve qu’il a par ailleurs touché 300 000 dollars d’Uramin sur des comptes à l’étranger. Le président de la République a assuré que ce paiement est intervenu lorsqu’il était député, juste avant le rachat d’Uramin par Areva, en échange d’une mission de conseil effectuée en 2006 et 2007 pour l’obtention d’un « permis minier ». Il dément aussi les accusations contenues dans un rapport du cabinet d'intelligence économique Alp Services, selon lequel il aurait joué un rôle dans la vente d’Uramin. Il n'en demeure pas moins que Geingob a reversé les deux tiers de ses 300 000 dollars à deux individus sud-africains, dont il ne souhaite pas donner l'identité…

Quoi qu’il en soit, après le succès de l’opération « défiscalisation », Tilahun a bien mérité son ultime récompense. En février 2010, son groupe, UAG, annonce qu’il a acheté 50 % de l’usine de dessalement d’Areva, qui est inaugurée deux mois plus tard en présence de Haddis Tilahun et de Hage Geingob. Ce que confirme Areva dans ses rapports annuels, y compris le plus récent portant sur l'année 2014. Et pourtant, l’information est fausse ! Comme nous l’a confirmé Areva, Tilahun n’a, en réalité, jamais été actionnaire de l’usine.

Pourquoi Areva a-t-il menti à ses actionnaires, au premier rang desquels figure l'État français ? Le groupe n’a pas souhaité répondre sur ce point. En tout cas, l’opération est éminemment trouble. Selon nos informations, le montage retenu était ultra favorable à Tilahun. EDC, une coentreprise détenue à 50-50 avec Areva, devait racheter l’usine, qui a coûté 240 millions de dollars, grâce à un emprunt. Tilahun, lui, ne devait injecter que 20 millions. Résultat : au bout d'une dizaine d'années, une fois la dette remboursée grâce aux profits de l’usine, l’intermédiaire d’Areva se serait retrouvé propriétaire d’un actif valant 120 millions de dollars, pour une mise de départ six fois inférieure !

Reste à trouver l’argent nécessaire, à la fois pour racheter l’usine et financer le ticket d’entrée de Tilahun. Mais obtenir les emprunts se révèle plus difficile que prévu. Qu’à cela ne tienne, Areva envisage, en juillet 2010, de prêter 245 millions de dollars à EDC, la société détenue à 50-50 avec Tilahun. Un projet de contrat est même rédigé. Bref, Areva est prêt, à ce moment-là, à assumer l’intégralité du risque financier.

On ignore pourquoi le groupe nucléaire a envisagé de faire un tel cadeau à Tilahun. En tout cas, le patron d’UAG est, sans surprise, très motivé. Et il s’emploie à mettre de l’huile dans les rouages. Il a, on l’a vu, embauché le mari d’Anne Lauvergeon pour l’assister sur ce projet. « Il a débarqué dans une réunion entre UAG et mes équipes. […] Puis il a commencé à négocier avec mes équipes des accords d’actionnaires sur l’usine de dessalement. Mes collaborateurs sont venus me voir pour me dire qu’il y avait un problème car ils étaient en train de négocier avec le mari de la présidente », a raconté Sébastien de Montessus, à l’époque patron des mines d’Areva, dans le livre du journaliste Jean-Louis Perez (Anne Lauvergeon, le pouvoir à tout prix, éditions du Seuil).

Tilahun est également aux petits soins avec Daniel Wouters, directeur du développement des mines et collaborateur de Montessus, qui conduit les négociations au sujet de l’usine de dessalement. En octobre 2009, l’homme d’affaires namibien investit 500 000 dollars dans Swala Resources, une société minière dont Wouters est l’un des associés. En juillet 2012, peu après son départ d’Areva, Wouters obtiendra aussi un job de consultant auprès de Tilahun, rémunéré 16 000 euros par mois, plus primes de succès.

Il y a enfin une coïncidence : pile pendant les négociations, Sébastien de Montessus a négocié l’achat d’un yacht à 7,5 millions d’euros pour le compte de Haddis Tilahun (lire notre enquête ici). Dans son entourage, on indique que l’acquisition du navire n’a pas abouti, et que ce projet était sans rapport avec celui de l’usine de dessalement.« Sébastien de Montessus ignorait les détails du montage financier, qui était négocié par Daniel Wouters », assure un de ses proches. Selon nos informations, le directeur des mines d'Areva a pourtant été destinataire de plusieurs mails relatifs à l’opération.

Quoi qu’il en soit, le projet de partenariat avec Tilahun a finalement été abandonné par Areva en 2011 – sans qu’on sache si cela s’est produit avant ou après l’éviction d’Anne Lauvergeon en juin. « La société ad hoc, dénommée EDC, a bien été créée mais le projet de refinancement n’a pas pu être mis en place dans les délais que les parties s’étaient fixé dans leur contrat. L’accord passé avec UAG est alors devenu caduc. L’usine de dessalement est un actif qui est la propriété à 100 % du groupe Areva », précise le groupe nucléaire à Mediapart.

Résultat : Haddis Tilahun est furieux. Le patron d’UAG continue à affirmer qu’il possède une participation dans l’usine. Et a indiqué dans la presse avoir lancé une procédure judiciaire contre Areva afin de faire valoir ses droits. De son côté, Areva indique qu’il« étudie aujourd’hui un recours contentieux contre UAG ». Le groupe tricolore affirme en effet avoir versé « une avance pour le projet de refinancement » de l’usine de dessalement, que Tilahun n’aurait jamais remboursée.

Quant au gisement namibien de Trekkopje, son exploitation a été suspendue fin 2012, peu après le départ d’Anne Lauvergeon. Areva y a englouti 1,8 milliard d’euros. En janvier 2014, le groupe a mis en vente son usine de dessalement d’eau de mer, désormais inutile. Le gouvernement namibien s’est montré intéressé, mais le deal n’a toujours pas abouti. Il faut dire que selon un rapport de la société publique Namwater, dévoilé parThe Namibian, construire une nouvelle usine coûterait deux fois moins cher que de racheter celle d’Areva. Le groupe français a-t-il surpayé cette infrastructure ? Si oui, pourquoi ? Voilà une nouvelle zone d'ombre dans un dossier qui n’en manque pas.

Contacté via son avocat, Jean Reinhart, Areva dit en tout cas n'avoir commis aucune irrégularité. « Suite à la liste des questions que vous nous avez transmises, nous craignons de leur formulation qu’elles ne traduisent un article à charge contre Areva, nous a répondu le groupe par courriel. Nous le regrettons d’autant plus que vos informations contiennent des erreurs manifestes. Nous ne pourrons vous apporter de commentaires sur les sujets qui sont en lien avec la procédure judiciaire en cours concernant Uramin. Notre groupe continuera dans cette affaire d’apporter tout son concours à la justice. »

TEXTE : YANN PHILIPPIN

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