Crash d’un avion à Malte: Que cachait vraiment la mission de reconnaissance de l’armée française ?
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Jean-Yves Le Drian a finalement annoncé, lundi, que les victimes étaient bien des « personnels relevant » du ministère de la Défense...
Ils n'étaient ni des agents européens de Frontex, la mission de surveillance des frontières. Ni des douaniers, comme l'avaient indiqué les autorités maltaises. Trois des cinq victimes françaises du crash d'un petit avion, lundi, à Malte étaient des « personnels relevant » de la Défense française, a fini par indiquer le ministère de la Défense dans un communiqué.
Des agents secrets ? Des forces spéciales ? Ces questions se posent alors que la France est discrètement engagée en Libye, pays tout proche de Malte. 20 Minutes tente d'y voir clair...
Que sait-on des circonstances du crash ?
Vingt-quatre heures après les faits, plusieurs enquêtes ont été ouvertes pour tenter de déterminer les circonstances du crash. L'avion, un Fairchild Metroliner Mark IIIenregistré aux Etats-Unis, a décollé à 7h20 (heure locale) mais a piqué vers le sol quelques secondes plus tard, s'écrasant dans une boule de feu sur la route faisant le tour du périmètre de l'aéroport de Luqa, à quelques kilomètres de La Valette, la capitale maltaise, comme le montre la vidéo amateur ci-dessous.
Qui était à son bord ?
Le ministère de la Défense a donc fini par reconnaître que trois des cinq victimes du crash étaient des « personnels relevant du ministère ». Mais « pas tous » des militaires selon l'entourage du ministre Jean-Yves Le Drian qui s'est confié à l'Agence France Presse sans en dévoiler beaucoup plus.
Les deux autres victimes, françaises également, étaient des salariés d'un contractant privé. Selon les premières informations, elles travaillaient pour CAE Aviation, une société luxembourgeoise. D'après Philippe Chapleau, journaliste àOuest-France spécialisé dans les questions de Défense, cette société a l'habitude de travailler avec le ministère de la Défense dans ce secteur.
Quelle était exactement leur mission ?
Dans son communiqué, le ministère de la Défense s'est contenté d'expliquer que ces agents français effectuaient une « mission de reconnaissance ». Un peu flou au vu de la proximité de l'île de Malte avec la Libye. D'autant qu'en juillet, la France a dû reconnaître que des membres des forces spéciales étaient engagés dans l'ancien pays de Mouammar Kadhafi après un crash d'hélicoptère ayant fait trois morts.
L'avion qui s'est abîmé à Malte devait-il intervenir en Libye ? C'est une quasi-certitude pour Philippe Chapleau. « L'appareil se dirigeait apparemment vers Misrata [une ville au nord de la Libye], indique-t-il sur son blog. Selon des sources françaises, [il devait effectuer] des missions de surveillance au-dessus de la Libye. »
L'avion était-il équipé pour une mission spéciale ?
Toujours selon Philippe Chapleau, l'avion de l'entreprise CAE est spécialisé dans les missions de type ISR (Intelligence Surveillance Reconnaissance) pour le compte du ministère de la Défense. Capteur, laser, caméra, radar : sur son site internet, l'entreprise CAE confirme qu'elle dispose du matériel pour effectuer « des activités de surveillance terrestre pour différentes organisations gouvernementales ».
Quelle est la situation en Libye à l'heure actuelle ?
A la pointe de l'intervention, en 2011, qui a conduit à la chute de Mouammar Kadhafi, la France est, selon plusieurs sources, toujours engagée en Libye. Les militaires morts en juillet effectuaient ainsi une « mission de reconnaissance » auprès des forces du général Haftar qui conteste l'autorité du gouvernement libyen internationalement reconnu à Tripoli.
Selon la presse, des troupes américaines et britanniques aident, pour leur part, le gouvernement à reprendre la ville de Syrte aux combattants de Daesh, très présents dans cette zone.