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Les médias et les groupes de défense des droits de l'homme gardent le silence sur l'assassinat politique d'un journaliste en Bolivie (MintPress News)

par Alan Macleod 2 Janvier 2020, 09:21 Sebastian Moro Homicide Journaliste Médias Blackout HRW Collaboration Coup d'Etat Bolivie USA Impérialisme Articles de Sam La Touch

Les médias et les groupes de défense des droits de l'homme gardent le silence sur l'assassinat politique d'un journaliste en Bolivie
Article originel : Media, Human Rights Groups Silent Over Politically-Motivated Murder of Journalist in Bolivia
Par Alan Macleod*
MintPress News

Sebastian Moro pose avec un exemplaire de Prensa Rural, l'un des journaux pour lequel il a travaillé en Bolivie, devant un portrait du président bolivien évincé Evo Morales. Photo | Facebook/Sebastian Moro

Sebastian Moro pose avec un exemplaire de Prensa Rural, l'un des journaux pour lequel il a travaillé en Bolivie, devant un portrait du président bolivien évincé Evo Morales. Photo | Facebook/Sebastian Moro

Le 10 novembre, le journaliste argentin Sebastian Moro a été retrouvé inconscient, laissé pour mort, couvert d'ecchymoses, d'égratignures et d'autres signes de violence. Il portait un gilet qui l'identifiait comme un journaliste couvrant le coup d'État spectaculaire soutenu par les États-Unis contre le président démocratiquement élu Evo Morales en Bolivie.

Cet homme de 40 ans travaillait pour l'influent journal argentin Pagina/12. Quelques heures auparavant, il avait dénoncé ce qu'il considérait comme une prise de pouvoir par l'extrême droite. Ses derniers mots connus, publiés dans son journal quelques heures avant qu'il ne soit retrouvé, dénonçaient les enlèvements de fonctionnaires du gouvernement et les attaques de la foule contre les journalistes et les médias. Il avait été l'une des seules voix à exposer au monde la campagne de terreur de l'opposition locale. Il a passé six jours dans un hôpital de La Paz avant de succomber à ses blessures.

Une photo de Sebastian Moro dans un café en Bolivie peu de temps avant sa mort. Photo | Facebook

Une photo de Sebastian Moro dans un café en Bolivie peu de temps avant sa mort. Photo | Facebook

Bien que l'attention du monde entier soit concentrée sur ce pays andin, les médias ont constamment ignoré le risque de voir un journaliste étranger battu à mort pour des raisons politiques. Aucune mention de Moro n'a été faite dans le New York Times, CNN, MSNBC, Fox News ou tout autre grand média occidental, bien que son histoire soit bien connue dans son pays natal, l'Argentine. Son cas n'a pas non plus été mentionné par les grands réseaux de défense des droits de l'homme tels qu'Amnesty International ou Human Rights Watch. Même le Comité pour la protection des journalistes n'a pas reconnu son assassinat. Sa liste des journalistes décédés en 2019 n'en indique aucun dans toute l'Amérique du Sud.


En fait, tant les médias que l'industrie des droits humains ont mené une campagne pour légitimer la nouvelle administration putschiste de Jeanine Añez et blanchir sa répression des médias indépendants. Reprenant la ligne de l'administration Trump, les médias d'entreprise ont refusé de qualifier les événements de Bolivie de coup d'État, préférant les présenter comme la " démission " de Morales. Le New York Times a salué la fin de Morales " de plus en plus autocratique " et s'est dit soulagé que le pays soit entre les mains de dirigeants plus " responsables ". Pendant ce temps, le Wall Street Journal titrait : "une percée démocratique en Bolivie".

Human Rights Watch a également joué un rôle clé dans le renversement, soutenu par les États-Unis, d'un chef d'État démocratiquement élu et dans la dissimulation de la violence qui continue d'envahir la Bolivie. Son directeur, Ken Roth, a affirmé que le coup d'État était un " soulèvement " visant à " défendre la démocratie " contre un " homme fort ", tandis que l'organisation a décrit la loi d'Añez, qui accorde à la célèbre police et aux forces armées boliviennes une immunité complète contre tous les crimes pendant qu'elles massacrent les manifestants, comme un simple " décret problématique ".

En fait, la seule source de langue anglaise qui a rapporté la mort de Moro est l'Orinoco Tribune, un petit journal vénézuélien avec un staff de deux personnes, selon son site Web. La Tribune a traduit un article argentin et l'a publié sur son site Internet. MintPress News a demandé à la Tribune de commenter l'histoire. Le rédacteur en chef a répondu que le cas de Moro, ainsi que le silence total des médias à son sujet, mettaient en évidence la nécessité de créer et d'encourager de nouveaux médias de base. Il a également noté qu'après le coup d'État contre le président hondurien Manuel Zelaya en 2009 :

     L'un des tout premiers gestes posés par le coup d'État étatsunien contre Zelaya au Honduras a été de fermer les radios communautaires et d'enlever les journalistes. Les reporters torturés ont ensuite été jetés sur la route en guise d'avertissement pour les autres. Les chanceux ont survécu. Le coup d'État en Bolivie semble suivre le même chemin."


Comme l'a signalé MintPress, il y a eu une attaque coordonnée contre les médias indépendants en Bolivie. La nouvelle ministre des Communications, Roxana Lizarraga, a annoncé que cela faisait partie du "démantèlement de l'appareil de propagande du régime dictatorial d'Evo Morales", affirmant que les "militants qui ont abusé du système médiatique d'Etat" de Morales sont "retirés". Des médias comme TeleSUR et RT en Español ont été fermés et des reporters ont été abattus. Lizarraga a également déclaré qu'elle persécuterait tout journaliste impliqué dans ce qu'elle a appelé une "sédition", en précisant qu'elle disposait déjà d'une liste d'individus et de médias "gênants".

Les groupes de défense des droits de l'homme ont également été victimes d'oppression. Le nouveau ministre de l'Intérieur, Arturo Murillo, a directement menacé une délégation de défense des droits humains nouvellement arrivée d'Argentine. " Nous recommandons à ces étrangers qui arrivent... d'être prudents, a-t-il dit, nous vous regardons. Nous vous suivons", les avertissant qu'il y aura une "tolérance zéro". Il a ajouté que "Au premier faux pas qu'ils feront, en essayant de commettre des actes de terrorisme et de sédition, ils devront faire face à la police." Quatorze membres du groupe ont ensuite été arrêtés, pour faire taire la presse.


Les plus grandes ONG existent principalement pour protéger et faire avancer le pouvoir sous le couvert de la défense des droits de l'homme. Human Rights Watch a commencé comme une machine de propagande anti-soviétique de la guerre froide, le co-fondateur d'Amnesty International était un agent du FBI impliqué dans le meurtre de dirigeants des Black Panthers comme Fred Hampton. Cela explique leur désintérêt pour le meurtre de Moro dans le contexte plus large de la violence en Bolivie. Les médias d'entreprise se souviennent rarement avec émotion de ceux qui s'opposent au pouvoir.


 


* Alan MacLeod est un rédacteur de l'équipe de MintPress ainsi qu'un universitaire et un rédacteur pour Fairness and Accuracy in Reporting. Son livre, Bad News From Venezuela : Twenty Years of Fake News and Misreporting a été publié en avril.

Traduction SLT

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