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France-Rwanda : la vraie-fausse déclassification des archives de l’Elysée (MdP)

par Thomas Cantaloube 9 Avril 2015, 16:33 France Rwanda Françafrique François Mitterrand Archives Védrine Dominique Bertinotti

En laissant entendre qu'il rendait publics les documents de la présidence Mitterrand sur le génocide rwandais, l'exécutif a prétendu jouer la transparence. En fait, il n'en est rien : ces archives sont sans doute déjà connues et les plus pertinentes sont dans les ministères de la défense et des affaires étrangères, qui manient la langue de bois.

LÉlysée a surpris son monde en annonçant, mardi 7 avril, « la déclassification des archives des documents de l'Élysée relatifs au Rwanda entre 1990 et 1995 ». Cette décision avait beau avoir été initiée par François Hollande un an auparavant, elle a été révélée de manière assez lapidaire le jour même du 21e anniversaire du déclenchement du génocide des Tutsis, sans même un communiqué officiel, par une déclaration aux agences de presse de la part de « l’entourage du président ».

En proclamant une « déclassification » de ses archives, la présidence de la République française laisse entendre qu’elle souhaite faire la lumière sur une histoire conflictuelle, celle de la période 1990-1994 durant laquelle la France fut un des plus vaillants soutiens au régime du président Juvénal Habyarimana, dont la mort dans un attentat contre son avion signifiera le déclenchement du génocide, qui aboutira à la mort de 800 000 à 1 million de personnes en trois mois. Le rôle de la France est également sujet à polémique durant les massacres mêmes : soupçons de livraisons d’armes au régime génocidaire, protection de soldats responsables de crimes, double jeu de l’opération Turquoise. Si les archives déclassifiées par l’Élysée permettent d’en apprendre davantage sur ces questions, cela représentera un gros progrès historiographique.

Sauf que ce n’est probablement pas le cas…

Les dossiers en question sont ceux de la présidence de François Mitterrand, versés aux Archives nationales. Or, comme tous les documents présidentiels, ceux-ci sont soumis à un « délai de communicabilité » de soixante ans, durant lesquels quiconque souhaite y accéder doit demander l’autorisation à la mandataire de l’ancien président, Dominique Bertinotti, maître de conférences en histoire et hiérarque socialiste. La « déclassification » de l’Élysée ne change rien à cette procédure : toute personne qui désire examiner les archives élyséennes de 1981 à 1995 doit toujours en faire la demande à Dominique Bertinotti, membre du conseil d’administration de l’institut François-Mitterrand dont le président est Hubert Védrine, lequel était, en 1994, secrétaire général de l’Élysée, et donc un des principaux acteurs de la politique française à l’égard du Rwanda....

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