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La crise des réfugiés, la guerre et le socialisme (WSWS)

par Peter Schwarz 23 Octobre 2015, 09:09 Migrants Refugies UE Guerre Syrie Socialisme

Depuis 14 ans, les Etats-Unis et leurs alliés européens mènent une guerre ininterrompue au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Les Etats-Unis et leurs Etats clients dans la région ont en grande partie détruit l’Afghanistan, l’Irak, la Libye, la Syrie et le Yémen. Des millions de personnes sont mortes; des dizaines de millions sont en fuite.

Ces guerres ont été justifiées par des mensonges et applaudies comme une « guerre contre le terrorisme », une lutte contre « des armes de destruction massive », une réaction au « génocide », même une croisade pour « les droits de l’homme » et « la démocratie ». D'anciens pacifistes ont rivalisé de cynisme pour inventer chaque fois de nouvelles façons de présenter des guerres impérialistes comme des actions humanitaires. L'ONU a inventé une nouvelle doctrine – la « responsabilité de protéger » – pour justifier le largage de bombes sur des villes et des villages sans défense.

L’afflux de réfugiés qui cherchent à fuir l’enfer sur terre créé par l’impérialisme au Moyen-Orient, fait parvenir la réalité de la guerre jusqu’au cœur de l’Europe. La cruauté et la brutalité avec lesquelles ces personnes désespérées sont traitées par l’Etat dans un pays après l’autre en Europe a une fois pour toutes fait tomber le masque de l’humanitarisme. Des millions en Europe et dans le monde sont indignés et horrifiés par le traitement officiel infligé à des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants.

Ceux qui survivent à la dangereuse traversée en haute mer doivent subir des semaines de calvaire. Ils sont détenus dans des camps de concentration où il manque un minimum d’hygiène, doivent parcourir des jours durant des centaines de kilomètres à pied, supporter l’arbitraire violent de bureaucraties kafkaesques et se heurtent sans arrêt à des frontières fermées, des barbelés et des forces de sécurité qui les maltraitent.

Les scènes d’indifférence officielle et de souffrances insupportables se répètent de jour en jour : des milliers marchent dans le froid et sous la pluie, des familles avec de jeunes enfants sont bloquées aux frontières, doivent attendre dans la boue, sans nourriture ou exposées sans protection aux intempéries.

Le calvaire se poursuit, même dans les pays les plus riches d’Europe. Le Royaume-Uni boucle ses frontières et ne compte accueillir que 20.000 réfugiés sur cinq ans – un maximum de 4.000 personnes par an.

Entre 1945 et 1950, l’Allemagne ravagée par la guerre a accueilli entre 12 et 14 millions de réfugiés, près de la moitié dans l’ancienne Allemagne de l’Est. A présent, un pays beaucoup plus riche se refuse à accueillir les 600.000 à 800.000 réfugiés arrivés depuis le début de l’année.

En Allemagne, des conditions catastrophiques existent dans les camps de réfugiés. A Hambourg et ailleurs, des milliers de personnes logent sous des tentes non chauffées et humides. A Berlin, elles doivent patienter des semaines pour être enregistrées. Ceux qui veulent aider les réfugiés, soit par compassion soit par solidarité sociale pour des gens qui fuient la guerre et le chaos, sont découragés et leurs efforts anéantis par les autorités.

Une méthode sous-tend les mauvais traitements infligés aux réfugiés, qui révèle le vrai visage du capitalisme. Une société qui dépense des centaines de milliards d'euros pour sauver du jour au lendemain des banques défaillantes, où le nombre de milliardaires ne cesse de croître, serait apparemment incapable d'accueillir décemment des réfugiés. A l’époque de l’Internet, des transports aériens mondiaux et de l’économie mondiale, le droit au logement, à la nourriture, au travail ou à la vie même n'existe pas pour des millions de réfugiés.

En Europe, d’influents politiciens et des personnalités publiques tentent de mobiliser la lie réactionnaire de la société afin d’établir un mouvement d’extrême-droite visant non seulement les réfugiés mais la classe ouvrière et tous les éléments progressistes de la société.

Ils propagent des slogans haineux contre les réfugiés (le premier ministre hongrois, Viktor Orbán) ou des menaces de « mesures d’urgence » extra-légales (le ministre-président de Bavière, Horst Seehofer), ils accusent les réfugiés d’être « arrogants » (le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière) et mettent en garde contre la destruction des fondements de la société par des cultures étrangères (le professeur de l’université Humboldt, Jörg Baberowski).

Leurs discours rappellent la Conférence d’Evian de 1938, où des représentants de 32 pays se sont rencontrés pour discuter de la situation des Juifs fuyant l’Allemagne nazie. Ils fermèrent en grande partie leurs frontières et justifièrent leur geste en prétextant le surpeuplement, le chômage élevé et le besoin de sauvegarder la stabilité culturelle et raciale de leurs pays. Des millions de Juifs allaient mourir à cause de cette décision.

Le sort des réfugiés anticipe l’avenir que le système capitaliste offre aux travailleurs et aux jeunes: l’oppression, la pauvreté et la guerre. C’est ce qu’a déjà montré le programme d’austérité qui a d’ores et déjà détruit le niveau de vie de la classe ouvrière grecque.

En juillet 2014, le Comité International de la Quatrième Internationale a publié la déclaration « Le socialisme et la lutte contre la guerre impérialiste », qui soulignait que les puissances impérialistes avaient réagi à l’effondrement financier mondial de 2008 en accélérant leur campagne prédatrice pour une nouvelle division du monde.

Le CIQI écrivait: « Ils ont encore et encore démontré leur indifférence aux souffrances humaines. Une étape qualitativement nouvelle de la crise de l'impérialisme est à présent atteinte où les grandes puissances risquent une conflagration nucléaire… »

« La collision des intérêts impérialistes et nationaux exprime l'impossibilité, sous le capitalisme, d'organiser une économie mondialement intégrée sur des fondements rationaux et ainsi d'assurer le développement harmonieux des forces productives. Cependant, les mêmes contradictions qui poussent l'impérialisme au bord du précipice fournissent l'impulsion objective pour une révolution sociale. La mondialisation de la production a entraîné une croissance massive de la classe ouvrière. Seule cette force sociale, qui ne doit d’allégeance à aucune nation, est capable de mettre fin au système d'exploitation qui est la cause première de la guerre ».

Le sort des réfugiés confirme cette évaluation. Les conséquences des guerres impérialistes au Moyen-Orient sont arrivées en Europe. Les élites dirigeantes ont réagi en virant brutalement à droite et en intensifiant leurs attaques contre les droits démocratiques et sociaux.

La défense des réfugiés est indissociablement liée à la lutte contre la guerre et le capitalisme. Comme le précise la déclaration du CIQI : « Toutes les grandes questions qui se posent à la classe ouvrière: la croissance de l'inégalité sociale, le recours aux formes autoritaires de gouvernement, sont des composantes inséparables de cette lutte. Il ne peut y avoir aucune lutte contre la guerre sans une lutte pour le socialisme. »

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