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Retranscription intégrale de l'échange entre Pujadas et Sarkozy sur la Libye dans 'Emission Politique' sur France 2 (vidéo)

par SLT 17 Septembre 2016, 19:31 Sarkozy Libye Pujadas France Françafrique néocolonialisme Impérialisme Emission Politique Articles de Sam La Touch

Pour le débat sur la Libye, visualiser la vidéo en fin d'émission, à partir de 01h55 jusqu'à 02h00.

Retranscription intégrale de l'échange entre Pujadas et Sarkozy sur la Libye dans 'Emission Politique' sur France 2 (vidéo)

David Pujadas : Cela m'amène à ma dernière question et cela sera la conclusion de l'émission. La Libye. Regrettez-vous d'être intervenu, non pas pour sauver Benghazi d'un massacre annoncé comme vous avez pu le faire avec le soutien, rappelons le, avec un mandat de l'ONU, avec le soutien de l'OTAN, avec le soutien du monde entier en fait, y compris l'opposition en France - mais d'avoir outre passé en quelque sorte ce mandat et d'être aller jusqu'à tuer, ou de fait faire tuer, livrer le colonel Kadhafi à la rébellion. Des années après ...

Nicolas Sarkozy : Vous perdez votre raison M. Pujadas...

D.P : ... (Des années après), un Etat disloqué, un Etat disloqué, des djihadistes qui trouvent des refuges et qui ont bénéficié des armes et une vague migratoire.

N.S: Monsieur Pujadas, vous m'accusez d'avoir fait tuer Monsieur Kadhafi, ai-je compris cela ?

D.P. : Ce n'est pas une accusation si la France n'avait pas aidé la rébellion, elle n'aurait pas pu tuer le colonel Kadhafi.

N.S: Attendez, excusez-moi, enfin êtes-vous...

D.P. : Son convoi a été bombardé au moment précis où il a été tué...

N.S. : Monsieur Pujadas, j'ai été très marqué, jeune responsable politique dans les années 1990, quand 8000 musulmans ont été assassinés à Sebrenica devant une communauté internationale qui n'a pas levé le petit doigt.
D.P. : Benghazi c'était une noble cause.
N.S: Et quand ce dictateur sanguinaire, ce fou de Kadhafi a dit je vais faire couler des rivières de sang à Benghazi, un million d'habitants.

D.P. : Ca c'est un point réglé (?).

N.S: Les Nations-Unies ont donc donné un mandat à une vingtaine de pays plus la Ligue arabe qui nous avait demandé d'intervenir pour que nous protégions Benghazi. Et je vais vous faire une coïncidence. Peut-être que le jour le plus émouvant de ma vie internationale, c'est quand je suis arrivé avec David Cameron à Benghazi et pour une fois j'ai vu la rue arabe, les jeunes Arabes, ils ne criaient pas mort aux Juifs, ils criaient pas mort aux Américains, ils disaient merci la France, on veut la démocratie. Et quand il y avait les avions avec la cocarde tricolore dans le ciel de Benghazi, je me suis dit depuis Lawrence d'Arabie on a évité un drame entre l'Orient et l'Ocident.

D.P. : On a évité un drame mais on a pas joué aux apprentis sorciers de la démocratie ensuite.

N.S.: Enfin, vous plaisantez. C'est la Méditerranée, c'est notre mer. La Méditerranée est large, au plus large de plus de 1600 kms. On peut s'interroger sur la légitimité d'aller intervenir en Afghanistan, en Irak ou au Koweit comme M. Mitterrand pas d'intervenir sur les bords de la Méditerranée. Tunis est à 720 kms de Nice, si on les aide pas vous croyez que cela ne viendra pas chez nous ?

D.P. : Oui mais on a de fait renverser un régime et ça a tourné au chaos.

N.S. : Ce n'est pas vrai, c'est un mensonge. En 2012, il y a eu des élections législatives en Libye. Juillet 2012. Pouvez-vous me dire quelle était la participation ?

D.P. : La participation était importante mais la Cyrénaïque avait déjà fait sécession, le pays était déjà en train de se disloquer.
N.S. : Pardon Monsieur, soyez précis, plus de 60% de participation. Qui a gagné les élections de législative de juillet 2012, les modérés. Et pour la première fois ces malheureux libyens avaient le droit de voter sur la Méditerranée et les modérés avaient g
agné.

D.P. : Mais le pays était déjà disloqué.
N.S. : Qu'est-ce qui s'est passé M. Pujadas ? Pour des raisons politiciennes, on a laissé tombé la Libye pour s'occuper d'autres ch
oses.

D.P. : Qu'aurait-il fallu faire, envoyer des troupes au sol ?

N.S. : La Libye c'est 6 millions d'habitants. Il fallait aider cette jeune démocratie libyenne.

D.P. : Mais comment ?
N.S. : Il fallait les enca
drer.

D.P. : On a jamais réussi à aider l'Irak !

N.S. : Enfin, vous n'allez pas comparer l'Irak et la Libye qui ne sont absolument pas de la même dimension.
D.P. : Mais (inaudible) a é
choué

N.S.: La Libye est devenue un chaos. On a envoyé les soldats français au Mali. Peut-être était-ce nécessaire mais sur un espace grand comme trois fois la France, envoyer 3000 soldats français pour établir l'ordre, je me demande encore quelle est encore leur mission.
D.P.: Ils ont évité que le Mali tombe aux mains des djihadistes.
N.S. : On a dit aux Français que cela ne durerait que quelques semaines, j'ai toujours pas compris quelle était la mission et combien de temps nous allions y rester. Donc l'intervention en Libye était justifiée, nous avions un mandat des Nations Unies, nous avons réussi, les élections avaient eu lieu et ce fut une grande erreur diplomatique que de laisser tomber la Libye.

Léa Salamé : Merci David, c'est le moment de retrouver Karim pour un moment important...

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