Les élites européennes n’apprécient pas la victoire de Donald Trump. Les « gauchistes » universitaires pleins de suffisance en sont tout aussi malheureux. Le faux journal de gauche français Libération a dénommé American Psycho le Président élu Trump. Ils sont terriblement déçus que le politiquement correct puisse devenir passé de mode. Leurs sophistes professionnels ont été rameutés pour clarifier les choses. La liberté d’expression, écrivent-ils, n’est pas la liberté d’exprimer votre pensée mais le devoir de respecter les pensées des autres ce qui reviens à ce que l’on ne puisse dire que ce qui plaira aux autres, que ce qui n’offensera ou ne blessera personne.

Nous sommes tout au fond de la poubelle intellectuelle libérale. Les lecteurs de Bret Easton Ellis seront surpris du choix de l’appellation« American Psycho » pour décrire Trump. Dans le roman d’Ellis, Patrick Bateman est un banquier psychopathe de Wall Street dont le passe-temps est le meurtre – ça ressemble davantage à Hillary Clinton qu’à Donald Trump! En ces temps de ténèbres, se diffuse la sensation étrange du pressentiment de Macbeth: « Rien n’est, que ce qu’il n’est pas. »

Le site web faussement de gauche financé par la haute finance Democracy Now déplore et se lamente également de la victoire de Trump. Ils ont publié la Une suivante: « Du premier président afro-américain à un président soutenu par le Klu Klux Klan: Trump l’emporte par surprise ».

Democracy Now! fait référence à David Duke, un « nationaliste blanc » qui fut naguère Grand Sorcier [Grand Wizard, NdT] du Klu Klux Klan. Il existe une différence fondamentale entre David Duke et Amy Goodman, l’animatrice de Democracy Now. Duke a quitté le KKK il y a de nombreuses années et affirme ne plus les soutenir. Amy Goodman affirme s’opposer au KKK. Toutefois, quand des terroristes appuyés par la CIA ont pris le contrôle de la Libye en 2011, lynchant et décapitant publiquement des Libyens noirs, Amy Goodman soutenait la « révolution » raciste tandis que Duke s’y opposait. Il y a eu depuis lors des milliers de lynchages en Libye et en Syrie, et Goodman n’a pas une seule fois parlé des réelles causes de la guerre; Goodman n’a pas interviewé une seule fois le moindre journaliste exposant les mensonges et la désinformation des médias corporatistes à l’endroit de deux dirigeants mondiaux de l’anti-racisme, Mouammar Qaddafi et Bachar al-Assad.

Duke et Goodman ont beaucoup plus de choses en commun qu’il y paraît à la plupart des gens. Duke fonde toute sa carrière sur le rabâchage de mensonges et de fables à propos de l’Union Soviétique et de l’idéologie communiste. Le même anti-communisme enragé forme le socle de l’idéologie anarcho-libérale de Democracy Now. Mais j’ai davantage de respect pour Duke. Bien que tout ce qu’il avance sur le communisme repose sur la propagande et les mensonges impérialistes de la Guerre Froide diffusés par des agents du renseignement tel que Robert Conquest et des historiens malhonnêtes comme Timothy Snyder, Duke est honnête vis-à-vis de ses principes: il désire le retour de l’élite chrétienne blanche au pouvoir et la fin de la domination juive en Amérique. Il veut remplacer une caste dirigeante par une autre. Il ne fait pas semblant d’être de gauche.

Goodman sera heureuse de voir les États-Unis sombrer dans la guerre civile. Elle n’a pas besoin de s’en faire, étant massivement riche et protégée par la CIA. En fait, la guerre civile profitera à Demcracy Now. Ils auront peut-être l’opportunité de faire semblant d’être des « révolutionnaires », dans le style « Printemps Arabe ». Quand vous avez d’anciens collabos des Nazis comme George Soros qui vous soutiennent, vous avez déjà de bonnes chances de succès dans la poche. Peut-être Goodman s’en fait-elle pour sa tribu juive, ce qui expliquerait pourquoi le Sionisme la finance. Le Sionisme n’a pas fait grand-chose pour les foules de Juifs des classes laborieuses qui se battent pour survivre dans les déserts du Moyen-Orient sous la férule réactionnaire du Likoud – encerclés par des terroristes wahhabites créés par ce même régime du Likoud – mais vous n’en entendrez pas parler sur le plateau de Democracy Now. Donc avec Duke et Goodman, il y a le suprématisme blanc et le suprématisme juif. Peut-être ont-ils besoin l’un de l’autre!

Et désormais, les « anti-racistes » urbains blancs défilent dans les rues et deviennent de plus en plus violents. Quand Trump visitera l’Europe, nous verrons des manifestations gigantesques et des débordements de violence. Les « révolutionnaires à capuche » seront dans les rues. Les gens affirment que Trump est le nouvel Hitler, ce qui est à peu près aussi stupide que d’affirmer que Sanders est socialiste.

La géopolitique et l’extrême-droite

Le fascisme a été un mouvement social et politique réactionnaire créé par la bourgeoisie européenne afin d’empêcher une révolution prolétarienne à une époque où le premier état socialiste du monde était en train de prouver, par le biais d’une planification centralisée par l’Etat, qu’il était capable de générer un modèle supérieur de production. Les mouvements fascistes étaient une réaction à la menace d’une révolution sociale accomplie par les exploités contre leurs exploiteurs. Les gauchistes petits-bourgeois libéraux aiment pontifier sur la nécessité de l’établissement d’une « république sociale ». En France, l’un des chefs de file du mouvement Nuit Debout, Frédéric Lordon, a plusieurs fois fait référence à cette notion d’une république sociale. Mais une république sociale n’est possible que sur la base d’une alliance des classes sous la direction d’une bourgeoisie nationaliste volontariste et forte.

Il est par conséquent ironique de trouver des soi-disant « anti-fascistes » et des « fascistes » comme Marine Le Pen appeler de leurs vœux une « république sociale ». La différence entre les années 1930 et maintenant, cependant, est qu’à l’époque tout le monde parlait de socialisme. Les Soviétiques construisaient le socialisme selon les préceptes du marxisme scientifique, alors que l’Italie et l’Allemagne construisaient des états capitalistes dotés d’une orientation sociale. Mais si les petits-bourgeois gauchistes voulaient vraiment une « république sociale » de nos jours, ils devraient voter pour le Front National, qui appelle à la fondation d’une « république sociale »! Les petits-bourgeois d’extrême-gauche et les petits-bourgeois d’extrême-droite veulent tous une république sociale. Les premiers sont des idéalistes et n’y parviendront jamais tandis que les seconds sont dans une certaine mesure des réalistes, mais profondément cyniques et désespérément obtus.

Dans les années 1930, la Grande-Bretagne et les États-Unis avaient besoin d’une Allemagne forte pour contrer l’URSS, ce qui explique leur soutien initial en faveur d’Hitler. Ils avaient également besoin de créer un contre-mouvement pouvant être présenté aux travailleurs comme du « socialisme ». Le national-socialisme en a été le résultat. Le régime national-socialiste fut utilisé par l’Occident pour détruire l’URSS – un fait reconnu par les Soviétiques après la guerre. L’Occident ne pouvait pas soutenir ouvertement le régime allemand car il aurait essuyé des révoltes de leurs travailleurs. Les partis communistes en Grande-Bretagne, en France et aux États-Unis étaient bien organisés et des grèves auraient pu bloquer toute l’activité économique dans ces pays. Puisque l’URSS n’existe plus, l’échiquier géopolitique est considérablement différent de nos jours, en comparaison des années 1930.

Aujourd’hui, des forces « progressistes » sont à nouveau alliées à la Russie mais il existe une différence fondamentale: en Europe, l’extrême-droite est pro-russe. Cela n’exempte pas l’extrême-droite de tout reproche. L’extrême-droite et les partis populistes en général représentent une idéologie nationaliste bourgeoise et ont émergé suite à des décennies d’opposition à l’URSS révisionniste et à la RPC (République Populaire de Chine) d’une part, et au gauchisme trotskiste d’autre part. Lorsque ces deux idéologies anti-communistes sont devenues « La Gauche », il est malaisé de reprocher aux gens d’être de droite! Un énorme segment du soutien à Donald Trump provient de l’ « Alt-Right » [droite « alternative », NdT], qui consiste en un galimatias d’idées contradictoires et de positions paradoxales. Le populisme d’aujourd’hui est favorable à l’intégration européenne et se présente comme formellement démocratique tandis que les mouvements fascistes des années 1930 étaient dictatoriaux, et ont servi aux puissances atlantiques pour séparer la péninsule européenne de la masse continentale eurasienne.

Aujourd’hui, le régime nazi en Ukraine est l’allié de l’élite impériale occidentale. Le fascisme des années 1930 était un instrument géopolitique de l’impérialisme anglo-saxon sur le continent européen. Le populisme de nos jours devient de plus en plus un allié de la diplomatie russe contre l’impérialisme occidental. Les médias russes en France, par exemple, offrent une couverture médiatique beaucoup plus favorable de l’actualité de Marine Le Pen que les médias grand public français. Le Pen a été contrainte de souscrire un emprunt dans une banque russe pour financer sa campagne électorale puisqu’elle affirme que toutes les banques françaises ont refusé de la financer. Les Russes n’ont pas de temps à perdre avec le gauchisme petit-bourgeois: ils ont abattu les Trotskistes dans les années 1930 et même pendant les heures les plus sombres du révisionnisme soviétique, les Russes et leurs frères d’Asie centrale n’ont jamais oublié l’homme que Lénine appelait « Judas Trotsky ». C’est l’une des principales raisons pour lesquelles il faut toujours respecter la Russie!

Par de nombreux aspects, la réémergence d’une Russie nationaliste hors des ruines de l’espace post-soviétique a généré une configuration des forces géopolitiques et idéologiques qui est totalement nouvelle. Ce qui était naguère considéré d’extrême-droite et réactionnaire est plus ou moins devenu progressiste et même révolutionnaire de nos jours. En Espagne dans les années 1930, les rebelles fascistes et les ultra-gauchistes trotskistes ont écrasé le front populaire des communistes et des libéraux, conservant l’oligarchie au pouvoir. Dorénavant, la bourgeoisie internationaliste « compradore », « l’élite au pouvoir », les « mondialistes » semblent être menacés par l’essor du populisme de la même manière que les oligarques étaient menacés par les démocrates sociaux dans les années 1930, et une fois de plus les agents de l’oligarchie sont les gauchistes trotskistes, qui appellent à une « république sociale » mais ne voient aucun inconvénient quand les élites occidentales qu’ils affirment combattre bombardent des républiques sociales telles que la Libye et la Syrie; des gauchistes qui hurlent « fasciste » et « raciste » au service de la forme la plus brutale de néocolonialisme occidental.

D’un point de vue communiste, les populistes ne sont pas moins des ennemis de classe que les libéraux progressistes l’ont été durant les années 1930. Mais, contrairement à la situation des démocrates sociaux du siècle dernier, il n’y a aujourd’hui presque plus de communistes pour constituer une menace réelle au capitalisme monopolistique. De nos jours, les marxistes-léninistes manquent de l’unité et de la vision nécessaires pour devenir une force démocratique révolutionnaire. Beaucoup d’entre eux se préoccupent davantage de légitimer la confusion des genres sexuels sur les réseaux sociaux que de stimuler la révolution prolétarienne. Les contradictions du système impérialiste mondial mènent à la montée du populisme. Et il semble de plus en plus probable que le populisme soit en train de devenir la nouvelle phase de transition du capitalisme. Mais cette nouvelle période de transition sera-t-elle porteuse, ou néfaste? C’est extrêmement difficile à dire. Beaucoup de valeurs sociales promues par le populisme, c’est-à-dire la famille, la tradition, l’authenticité culturelle etc. sont plus proches des valeurs prolétariennes que les valeurs promues par le libéralisme. Par conséquent, les communistes devront jouer un rôle-clé dans la gestion de la transition du populisme au socialisme. Mais il faudra au moins une décennie pour effectuer une révision historique et idéologique, ainsi qu’un activisme infatigable pour que s’opère une telle synthèse. Donc, tandis que le populisme de droite ne reste qu’une nouvelle formulation de la dictature de la bourgeoisie, il exprime néanmoins une capitulation devant des valeurs plus proches de celles du prolétariat. En termes léninistes, il représente une « Nouvelle Politique Économique » de l’impérialisme dans le projet capitaliste mondial: ils veulent faire un pas en arrière pour faire deux pas en avant. Notre objectif doit être de rendre ce pas en arrière celui d’une irrévocable déroute!

J’ai déjà évoqué ce schisme au cœur de l’impérialisme comme une guerre civile entre la bourgeoisie nationale et la bourgeoisie « compradore », ou entre le capitalisme financier et le capitalisme industriel. L’étendue du paradoxe mis en exergue par tout cela dans la définition de « la droite » et de « la gauche » trouve un exemple dans la visite de Poutine en Hongrie l’année dernière, où le dirigeant russe a rendu hommage aux soldats de l’Armée Rouge morts pendant la répression de la contre-révolution de la Hongrie populaire et démocratique, en 1956. [Viktor] Orban et ses disciples ont procédé à la réécriture de l’histoire hongroise de façon à les présenter comme des héros nationalistes, pendant que Poutine a apaisé les communistes et les nationalistes en Russie en présentant ses respects à l’Armée Rouge. Orban et Poutine sont idéologiquement similaires, pourtant les deux dirigeants se tiennent à l’intersection de courants historiques, idéologiques et géopolitiques contradictoires.

L’émergence d’un nouveau discours

L’ordre mondial impérialiste contemporain est en train de s’effondrer. Nous parvenons au dénouement d’une crise planétaire du capitalisme. Les États-Unis sont confrontés à la réalité qu’ils ne peuvent plus extérioriser toute leur industrie en Asie. Bien qu’il soit vrai que Donald Trump dispose d’une pléthore de néoconservateurs bellicistes en charge de son appareil de politique étrangère, il se profile la possibilité qu’une reconfiguration des alignements géopolitiques issue de l’échec de l’OTAN en Syrie et d’une nouvelle définition de ce qui peut être considéré comme progressiste dans les réseaux sociaux, offre l’éventualité d’un changement dans le sens des forces anti-capitalistes. Que le discours soit droitiste ou gauchiste, le consensus croissant s’accorde que le capitalisme est le problème et que comme le disait [William Butler] Yeats, « le centre ne tient plus ».

Certaines éventualités sont à considérer vis-à-vis du régime Trump. Il ne fera pas la promotion de la pseudo-science LGBT avec autant de zèle pour orienter l’esprit de nos jeunes enfants. L’Association Nationale pour la Recherche et la Thérapie de l’Homosexualité [NARTH, National Association for Research and Therapy of Homosexuality, NdT] ne sera peut-être plus poursuivie juridiquement ni mise au ban social par une interdiction judiciaire. Le Vice-Président Pence, bien que belliciste néoconservateur, possède néanmoins une opinion progressiste au regard de la sexualité et approuve le travail de NARTH. Cela ne fait pas de Pence un « progressiste » per se. Mais cela peut permettre aux leaders du mouvement de libération des Afro-Américains de se faire entendre. Ils ont dénoncé le rôle du mouvement LGBT dans son implication dans une guerre dirigée contre le mâle noir pour le compte d’une suprématie blanche – et juive en particulier.

Les milliers de scientifiques distingués qui ont exposé les problèmes de la théorie de Roger Revelle sur le réchauffement climatique anthropique sont maintenant peut-être mieux placés pour remettre en cause l’opinion de l’establishment sur la météorologie, qui a des effets dévastateurs sur les vies des gens qui travaillent; cela serait un coup sérieux porté à la mondialisation, et orienterait également l’attention du public vers le projet mortifère et insensé de la géo-ingénierie – l’un des périls les plus extrêmes qui menacent l’Humanité.

Donald Trump s’est tant fait détester de l’establishment au pouvoir, qu’il a dû se tourner vers des sources médiatiques alternatives pour se faire entendre. Ceci démontre que l’oligarchie régnante, qui dépend tellement du contrôle de l’opinion publique, cherche désormais à coopter les voix alternatives pour les réorienter vers les intérêts de la faction trumpienne [sic] de la classe dirigeante. Alors que des agences d’information comme InfoWars d’Alex Jones diffusent régulièrement des nouvelles importantes et des analyses incisives, leur anti-communisme fanatique et l’influence sioniste y siégeant en fait un atout-clé de l’establishment trumpien en gestation.

La part d’Alex Jones dans l’élection de Trump traduit un développement positif dans la mesure où elle démontre le fait que l’appareil médiatique corporatiste traditionnel ne possède désormais plus la moindre crédibilité, néanmoins Jones est fait du même tissu que les ennemis de la classe laborieuse comme Trump. Une grande partie de l’agenda d’InfoWars consiste à déblatérer des mensonges à propos de tout système offrant une alternative au capitalisme. Le fait qu’ils ne proposent même pas de débat ou de discussion sur ce thème témoigne d’un manque de sincérité dans leur activisme en faveur de la « vérité ». Le comportement erratique, agressif et psychotique d’Alex Jones discrédite l’activisme authentique. Dans une nation où des centaines de milliers d’individus travaillent dans la « communauté du renseignement », il importe de conserver une attitude de vigilance scrupuleuse et constante.

Une grande attention mérite d’être portée à la façon dont InfoWars couvrira le prochain attentat terroriste en Amérique, car cela pourra révéler de nombreuses choses à propos de l’establishment trumpien qui émerge. L’ « État Islamique » est d’ores et déjà actif et l’attention sera portée sur l’ « Islam radical ». Le fait qu’Abdul al-Wahhab, le taré qui a fondé la secte anti-islamique violente qui porte son nom – wahhabisme – au dix-huitième siècle était un Juif faussement converti à l’Islam sera gardé sous silence. Mais c’est le Sionisme qui est l’ennemi des États-Unis, pas l’Islam.

Un fait notable à propos de Trump et des populistes de droite en général, est la fonction caricaturale et vulgaire incluse dans l’articulation de leur discours, estimée être « taboue » ou « politiquement incorrecte » par l’establishment. Faire des appels du pied aux instincts les plus bas des masses lobotomisées est une stratégie classique de la classe dirigeante – surtout pendant une époque où la confiance en l’idéologie de la classe dirigeante est quasi-inexistante parmi la population. Vladimir Poutine a également eu recours à la vulgarité dans un effort destiné à plaire à « l’homme ordinaire » en Russie.

Mais la dissonance cognitive trumpienne qui repose sur l’évocation de sujets tabous et la prise de positions controversées comme sur l’agenda du mouvement LGBT et du réchauffement climatique figure des thèmes où l’analyse scientifique marxiste pourrait infiltrer et déconstruire ces débats spécieux, en démontrant comment la prolifération de la pseudo-science et de la perversion sexuelle sont les symptômes d’une économie politique capitaliste en déclin terminal.

C’est pourquoi un contre-mouvement issu de la gauche voulant lutter contre Trump ne peut pas « se rallier à » des vendus trotskistes comme Bernie Sanders, comme le plaident les philosophes Alain Badiou et Slavoj Zizek. Les gauchistes ont besoin de comprendre que le trumpisme est plus roche des valeurs prolétariennes telles qu’elles existent dans le régime capitaliste étasunien; beaucoup de ces valeurs reflètent des attitudes agraires pré-capitalistes et Trump a gagné précisément parce que les travailleurs pouvaient davantage s’identifier à sa démagogie provinciale et raciste qu’avec les postures pseudo-internationalistes des petits-bourgeois. Ils devraient également relever, comme James Petras l’a souligné, que beaucoup d’électeurs ayant voté pour Trump venaient de la classe moyenne éduquée mais déshéritée.

Les attitudes agraires pré-capitalistes envers la famille et la sexualité sont plus propices aux relations altruistes d’amour et de parenté nécessaires à la formation d’une société socialiste. Le scepticisme à l’égard de la « science » officiellement admise qui se conforme avec un agenda libéral de capitalisme financier d’imposition de gouvernance mondiale par le biais d’une taxation draconienne ou d’une économie de service parasitaire est un aspect ignoré par de nombreux suiveurs de Trump, et par une faction considérable de la classe dirigeante industrielle.

Une faction de l’oligarchie fait la promotion de la pseudo-science pour justifier un agenda de gouvernance mondiale par la taxation, tandis que l’autre faction fait la promotion de l’économie réelle. En ce sens, les climatosceptiques chez les Républicains sont plus « à gauche » que les défenseurs de la taxe carbone à Wall Street. Cela ne signifie pas qu’ils ne s’embrassent pas tous avec effusion quand ils se rencontrent aux sessions du Council on Foreign Relations et de la Commission Trilatérale. Ils servent tous les mêmes intérêts de classe fondamentaux, mais il y a des divergences en termes de politique.

Il n’y aura pas de « révolution » en Amérique si les hommes sont tous des hipsters efféminés, sans armes et fumeurs de joints qui réclament de leur gouvernement la fabrication de nuages au-dessus de leurs têtes par la vaporisation de produits chimiques toxiques afin de « sauver la planète ». L’arrogance et l’orgueil sont les traits les plus dominants de nombreux Sanderistes et Sorosistes (sic) de gauche; il n’y a pas d’autre façon de le dire – ils sont incorrigiblement stupides, alors que les supporters de Trump ne sont pas tous stupides et beaucoup d’entre eux pourraient devenir une force progressiste si seulement ils voient Trump pour ce qu’il est: un escroc et un gangster (peut-être encore pire mais j’espère me tromper!) qui a été sélectionné par une section de l’oligarchie pour gérer plus efficacement un empire en effondrement.

À beaucoup d’égards, Trump pourrait être décrit comme un autre Obama. Obama jouait le bon flic, noir, libéral et cultivé mais responsable de la tuerie de masse vendue sous le label « interventions humanitaires ». Trump est le méchant flic, blanc, conservateur et brutal qui ne veut pas tuer seulement les terroristes mais leurs femmes et leurs enfants avec. Obama proposait d’être plus conciliant avec Cuba et avec l’Iran et l’a été dans une certaine mesure, mais il a laissé partout ailleurs la destruction dans son sillage. Trump prend la pose d’un russophile qui soutiendra le Président Assad de Syrie, mais il entend renforcer le Sionisme en ouvrant une Ambassade US à Jérusalem. Il y a même des enragés dans son administration de politique étrangère qui voudraient bombarder l’Iran.

Ceci dit, nous devons maintenant réfléchir et tenter de découvrir les perspectives pour la construction d’un front populaire contre l’oligarchie qui prenne en compte les nouvelles luttes géopolitiques et de classes de notre époque. J’ai récemment été interrogé lors d’une émission de PressTV sur la philosophie du libéralisme. Il m’a été demandé d’expliquer ce qu’est le libéralisme et pourquoi son ère semble achevée. J’ai commencé en évoquant le célèbre essai de Marx « Zur Judenfrage« , « sur la question juive », où le philosophe allemand critique le concept des droits de l’homme comme étant l’expression philosophique des droits de propriété bourgeois – un concept singulièrement juif. Nous avons ensuite écouté un enregistrement du philosophe français de la « droite alternative » Alain de Benoist qui a entrepris, avec beaucoup plus d’éloquence que moi, d’expliquer le même texte. Les communistes et les populistes partagent les mêmes plateformes, que cela nous plaise ou non, et nous sommes en accord sur de nombreux sujets fondamentaux.

La nécessité d’un front populaire

Il est temps de mûrir et de confronter la réalité que les forces matérielles de ce monde ont rassemblé, des gens issus de traditions philosophiques et politiques opposées représentant ou pensant représenter des classes antagonistes. Les acquis sociaux du siècle dernier ont été gagnés grâce à la vision stratégique de dirigeants qui ont été capables de plaider la cause de leur classe sur des plateformes où se trouvaient aussi leurs ennemis de classe. S’il y a quoi que ce soit de bon à dire de la victoire de Trump, c’est que le trotskisme, l’anarchisme, la démocratie sociale et leurs trésoriers libéraux démocrates sont en crise et vont perdre l’hégémonie dont ils avaient joui jusqu’ici.

Nous communistes sommes face à un choix clair: ni le populisme ni la démocratie libérale (« ni la paix ni la guerre ») mais un front stratégique ou – au moins – l’engagement d’un dialogue avec le populisme contre la réaction petit-bourgeoise au service de l’impérialisme libéral et du Sionisme. Si nous défendons le slogan ultra-gauchiste antérieur nous deviendrons sans aucun doute des agents de chaos et de destruction. Si nous défendons le second, nous avons au moins la possibilité de mener un mouvement contre la mondialisation, le terrorisme des droits de l’homme, les guerres perpétuelles et la réification de la vie humaine. Les gens vont devoir comprendre qu’il existe de nombreux fronts dans cette guerre – le climat, le genre, les libertés civiques, la santé, et beaucoup d’autres. La guerre est menée par les capitalistes internationalistes qui sont pleinement conscients de leurs intérêts de classe et sont unis sur ces bases. Nous avons besoin de faire la même chose.

Gearóid Ó Colmáin | 28 janvier 2017

Article original: http://www.gearoidocolmain.org/trump-question-fascism/

Traduit par Lawrence Desforges