Public Eye a enquêté sur des contrats très lucratifs obtenus par Gunvor en République du Congo. Les ingrédients de cette affaire sont explosifs: or noir, politique et soupçons de corruption. Cette histoire est emblématique des problèmes qui gangrènent le secteur du négoce. Elle montre la responsabilité de la Suisse dans la malédiction des ressources dont sont victimes les populations des pays riches en matières premières, qui restent prisonnières de la pauvreté.
Le 3 juillet 2012, Gunvor est à l’honneur dans tous les foyers de Suisse romande. La RTS révèle au 19h30 que la justice fédérale enquête sur les affaires congolaises du négociant. Le Ministère public de la Confédération s’intéresse à des versements suspects liés à des contrats pétroliers conclus par Gunvor avec l’opaque Société nationale des pétroles congolais (SNPC), qui commercialise l’or noir pour le compte de l’Etat. Elle soupçonne qu’une partie de ces commissions versées à deux intermédiaires aient servi in fine à rémunérer des officiels congolais. Gunvor se serait bien passé d’une telle publicité.
Gunvor a-t-elle versé des pots-de-vin pour accéder au marché très convoité du pétrole congolais? Ou cette affaire relève-t-elle, comme le prétend la société, du cas d’un «employé félon» qui aurait agi à l’insu et au détriment de sa hiérarchie? L’enquête du Ministère public de la Confédération est toujours en cours.
Début 2016, Public Eye décide de s’intéresser aux «aventures» de Gunvor au Congo. Une tâche ardue menée au sein d’un secteur où l’omerta est de rigueur. Nous avons parlé à des dizaines de sources, dont la plupart ont exigé l’anonymat. Nous avons aussi analysé des données de trading, retracé le parcours de tankers, calculé des profits...