La guerre oubliée. Le retrait des troupes des Émirats arabes unis au Yémen fait suite aux nouvelles armes des Houthis et aux menaces d'attaque contre Dubaï (MintPress News)

La guerre oubliée. Le retrait des troupes des Émirats arabes unis au Yémen fait suite aux nouvelles armes des Houthis et aux menaces d'attaque contre Dubaï
Article originel : The Forgotten War. UAE’s Yemen Troop Withdrawal Follows New Houthi Weapons and Threats of Attack on Dubai
MintPress News

La stratégie des Houthis, qui consiste à frapper la coalition dirigée par les Saoudiens sur son propre territoire, semble fonctionner, puisque les Émirats arabes unis, principal partenaire de l'Arabie saoudite dans sa guerre contre le Yémen, ont récemment annoncé qu'ils allaient commencer à retirer leurs troupes de ce pays.

SANA'A, YEMEN - Les forces armées alliées aux Houthis ont dévoilé un ensemble de nouveaux équipements militaires fabriqués au Yémen, notamment des missiles balistiques et ailés et des drones. Les armes ont été dévoilées dans la capitale yéménite, Sana'a, dimanche après-midi, lors d'une exposition du nom de Saleh al-Samad, président du Conseil politique suprême du Yémen, qui a été tué dans une attaque aérienne ciblée à Hodeida en avril 2018. Le dévoilement de ces armes intervient au moment où les Émirats arabes unis (EAU) annoncent qu'ils commenceront à retirer leurs troupes du Yémen, confirmant que la stratégie des Houthis consistant à frapper les cibles de la coalition dirigée par les Saoudiens sur leur propre territoire a réussi à avoir un effet dissuasif.

Mardi, le bureau des médias du Centre de commandement des opérations du Yémen a exposé le drone de reconnaissance Samad 3 et le drone Qasef 2K, qui n'avaient jamais été exposés publiquement auparavant. Le Samad 3 et le Qasef 2k ont été utilisés pour atteindre des cibles vitales en Arabie Saoudite et aux EAU. Les drones ont été utilisés pour frapper les aéroports d'Abu Dhabi et de Dubaï, ainsi que dans plusieurs autres attaques récentes de drones et de missiles visant les régions méridionales de Khamis Mushait et Jizan en Arabie saoudite.

Selon une déclaration de l'armée yéménite publiée mardi, le Samad 1 est capable de voler sur plus de 500 km et a la capacité de surveiller directement les cibles et de relayer ces données à une salle des opérations. La déclaration de l'armée plaçait la portée du Samad 3 entre 1 500 et 1 700 km et déclarait qu'il était équipé d'une technologie avancée qui le rendrait difficile à détecter par les systèmes de défense aérienne.

Le Samad 3 est chargé d'explosifs qui lui permettent de faire exploser une charge creuse qui explose vers le bas vers sa cible. Les images fournies à MintPress par le Centre de commandement des opérations du Yémen montrent le Samad atterrissant sur une piste asphaltée, confirmant que le drone est maintenant capable de mener des opérations, puis de retourner à la base.

L'exposition de dimanche, inaugurée par Mahdi al-Mashat, chef du Comité suprême révolutionnaire de Houthis, comprenait également le missile ailé Quds 1, utilisé lors d'une attaque contre la centrale nucléaire de Barakah à Abu Dhabi, la capitale des EAU, en décembre 2017. Les Émirats arabes unis ont nié qu'une attaque contre la centrale électrique ait jamais eu lieu.

Le général de brigade Yahya Saree, porte-parole des forces armées yéménites basées à Sanaa, a déclaré lors d'une conférence de presse dans la capitale mardi que plusieurs générations de missiles ailés Quds 1 sont encore en développement. "Le système Quds a prouvé sa grande capacité à atteindre ses cibles et à contourner les systèmes d'interception ennemis." Saree a dit. Le 12 juin, la Coalition dirigée par les Saoudiens a confirmé que les forces saoudiennes avaient tiré un "projectile" sur l'aéroport d'Abha, dans le sud-ouest de l'Arabie saoudite, à environ 160 km de la frontière yéménite, affirmant avoir tué une personne et en avoir blessé presque 30.

Un collage montre des images de certaines des armes exposées à l'exposition des Houthis dimanche dernier. Twitter | @MaherFarrukh

L'exposition de l'armée yéménite comprenait également le Borkan (volcan) H-1 et H-2. Le Borkan est un Scud modifié et a été utilisé lors d'une frappe à l'aéroport international King Khalid près de Riyad, à plus de 800 km de la frontière nord du Yémen. Le missile a réussi à échapper aux systèmes de défense aérienne des missiles Patriot étatsuniens. Un haut responsable yéménite, qui a parlé sous couvert de l'anonymat, a déclaré à MintPress News que les forces yéménites avaient fabriqué une nouvelle version du Borkan qui sera révélée dans les prochains jours. L'itération à venir permettra d'atteindre des objectifs encore plus lointains que les versions précédentes utilisées lors des frappes contre l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.

Les Houthis du Yémen et les forces armées alliées yéménites ont augmenté la production et l'utilisation de drones et de missiles balistiques au cours des derniers mois, alors que les pourparlers de paix soutenus par l'ONU avec la coalition saoudienne ont échoué et que les frappes aériennes continuent de frapper les écoles, hôpitaux et fêtes de mariage, faisant des milliers de victimes civiles yéménites.

Les Houthis espèrent qu'en frappant la Coalition dirigée par les Saoudiens sur son propre territoire, ils pourront dissuader les attaques meurtrières contre le Yémen qui se poursuivent depuis 2015, date à laquelle la Coalition a commencé sa campagne aérienne. La stratégie semble fonctionner, puisque les Émirats arabes unis, principal partenaire de l'Arabie saoudite dans sa guerre contre le Yémen, ont récemment annoncé qu'ils commenceraient à retirer leurs troupes de ce pays.

Le retrait des Émirats arabes unis fait suite à une menace crédible d'attaque contre Dubaï

L'annonce des Émirats arabes unis est intervenue après que le dirigeant des Houthis, Abdulmalik al-Houthi, eut menacé de cibler des objectifs vitaux à Dubaï si les Émirats arabes unis continuaient leur participation à la guerre contre le Yémen, selon une déclaration d'une source de haut rang alliée à la Coalition dirigée par les Saoudiens, qui a demandé de rester anonyme.

Lundi, un représentant anonyme des Émirats arabes unis a déclaré à l'Agence de presse des Émirats arabes unis que l'État du Golfe avait déjà retiré certaines de ses forces du port sud d'Aden et de la côte ouest, notamment. Une source locale a également déclaré à MintPress que les Émirats arabes unis avaient totalement évacué leurs bases militaires de Khokha, à environ 130 km au sud de Hodeida, et de Sarwah près de la province de Marib. Un responsable militaire yéménite a déclaré à MintPress que tout retrait n'entraverait pas les ambitions à long terme des EAU de contrôler les ports et les ressources du Yémen.

Pour leur part, les Houthis ont appelé au retrait total de toutes les troupes saoudiennes de la Coalition du Yémen.  Mohammed Ali al-Houthi, un haut responsable du mouvement Houthi, a twitté lundi :  "Se retirer du Yémen est la décision idéale qui doit être prise en ce moment."  

Al-Houthi a suivi le tweet de lundi avec un autre mardi qui est allé encore plus loin :  

    Nous appelons les pays d'agression à annoncer leur retrait du Yémen, la République du Yémen rejetant l'agression, le siège et l'embargo....

    Il y en assez que les pays d'agression utilisent le Yémen comme terrain d'essai pour les armes européennes et étatsuniennes au cours des cinq dernières années et aient prouvé au monde la laideur de leur criminalité."

En réalité, l'engagement des EAU au Yémen est loin d'être terminé. Si un retrait militaire complet n'a pas lieu, les Émirats arabes unis reprendront leur objectif de contrôler les ports stratégiques, les îles et d'autres endroits du Yémen, mais au lieu de compter sur leurs forces armées, ils emploieront probablement des mercenaires rémunérés pour garantir leurs intérêts. "Nous ne nous inquiétons pas d'un vide au Yémen, car nous avons formé un total de 90 000 forces yéménites ", a déclaré lundi un responsable des Émirats arabes unis anonyme, en référence à la myriade de groupes tribaux armés yéménites qui sont armés et financés par les EAU.

* Ahmed AbdulKareem est un journaliste yéménite. Il couvre la guerre au Yémen pour MintPress News ainsi que les médias yéménites locaux.

Traduction SLT avec DeepL.com

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