Une déclaration de Global Witness sur le jugement rendu à l'encontre des lanceurs d'alerte congolais, Gradi Koko Lobanga et Navy Malela Mawani, en rapport avec leur implication dans la fourniture d'informations utilisées dans les enquêtes menées par PPLAAF et Global Witness.
Article originel : A statement from Global Witness on the judgement handed down to Congolese whistleblowers, Gradi Koko Lobanga and Navy Malela Mawani, in relation to their involvement in providing information used in investigations carried out by PPLAAF and Global Witness
Global Witness, 4.03.21
Nous sommes totalement consternés par la condamnation à mort des lanceurs d'alerte Gradi Koko Lobanga et Navy Malela Mawani, anciens employés d'Afriland Bank qui ont révélé l'implication potentielle de l'institution dans un réseau mondial présumé de blanchiment d'argent.
Le jugement a eu lieu à leur insu ou sans leur représentation, et semble avoir été fondé sur des informations trompeuses ou fausses. Global Witness condamne entièrement la tentative de criminaliser ces personnes courageuses, qui ont initialement soulevé des préoccupations internes concernant l'activité d'Afriland Bank, avant de quitter la République démocratique du Congo (RDC) et finalement de rendre l'affaire publique.
Nous nous associons à nos partenaires, la Plateforme pour la protection des lanceurs d'alerte en Afrique (PPLAAF), et à la société civile congolaise pour demander au gouvernement de la RDC d'intervenir pour annuler cette procédure judiciaire imparfaite et partielle.
La protection des sources et des partenaires sera toujours une préoccupation primordiale pour Global Witness. M. Koko et M. Malela ont courageusement renoncé à leur anonymat, pour s'élever contre des intérêts puissants et faire entendre leur voix. Nous sommes solidaires avec eux alors qu'ils continuent à faire face à des allégations fallacieuses et trompeuses, qui les mettent en danger, eux et leurs familles.
Ce n'est pas la première fois que la désinformation et les mensonges sont utilisés pour dénigrer ceux qui s'élèvent contre les organisations et les réseaux puissants liés à notre rapport de juillet 2020, intitulé "Undermining Sanctions", rédigé en partenariat avec le PPLAAF. Le rapport a été accueilli par un raz-de-marée d'informations trompeuses. Les preuves que nous présentions montraient que Dan Gertler semblait utiliser un réseau international présumé de blanchiment d'argent dans le but d'échapper aux conséquences des sanctions étatsuniennes.
Aujourd'hui, Gertler reste sur la liste des sanctions étatsuniennes malgré une licence qui lui a été accordée dans les derniers jours de l'administration Trump. Cette licence très inhabituelle, qui lui permet de poursuivre ses activités et de dégeler ses biens pendant un an, peut être annulée à tout moment. Comme l'a révélé une récente enquête du New York Times, l'octroi de cette licence était irrégulier et l'administration Biden examine s'il convient de revenir sur cette décision.
Avant même la publication du rapport, une plainte pénale vexatoire a été déposée contre Global Witness et PPLAAF par Afriland First Bank, qui était citée dans le rapport, et qui semblait avoir pour but de détourner l'attention de nos conclusions ou de les discréditer. Dans les jours qui ont suivi la publication de nos preuves, nous avons commencé à remarquer un flot de messages sur les médias sociaux contenant de fausses allégations contre nous et notre personnel.
Des vidéos bien conçues ont été partagées, certaines affirmant que nous avions obtenu nos informations par des méthodes sournoises, d'autres nous associant à des théories de conspiration mondiale bien connues et profondément déplaisantes. Certains des profils partageant ce contenu semblaient avoir été créés très récemment, ce qui soulève des questions sur le degré de coordination et de financement de cette campagne de dénigrement.
Il n'est peut-être pas surprenant que, quelques jours avant le lancement des dernières révélations du PPLAAF (le vendredi 26 février), deux articles anonymes et promus soient apparus sur le site d'information israélien YNet News, utilisant des informations publiquement disponibles pour tenter de dépeindre Global Witness comme ayant des arrangements financiers ou de gouvernance irréguliers. La même tentative a été faite par le biais d'une vidéo, qui a fait l'objet d'une publicité payante sur YouTube. Les PPLAAF ont fait l'objet de leurs propres allégations sérieuses, qu'ils réfutent à juste titre dans une déclaration détaillée.
Cette désinformation vise, bien entendu, à faire taire, à intimider et à supprimer les voix de ceux qui s'élèvent contre la corruption, la criminalité et l'exploitation. Mais elle vise également à empêcher le peuple congolais d'entendre les faits, et de rechercher la justice et un réel changement dans son pays.
Il est difficile de savoir si la couverture médiatique qui partage sans réserve les allégations contre les lanceurs d'alerte, le PPLAAF et Global Witness équivaut à une complicité visant à détourner délibérément l'attention du public des preuves des méfaits de Gertler et d'Afriland Bank, ou s'il s'agit simplement de journalisme irresponsable. Il est certain qu'elle ne fait aucun effort pour corroborer les faits ou offrir une opportunité de commentaire ou de clarification. Cela a des conséquences réelles, bien sûr principalement pour les lanceurs d'alerte et leurs familles, mais aussi pour les personnes et les organisations qui poursuivent ce travail...
(Traduction SLT)
Ancien cadre de l’audit de l’Afriland First Bank CD à Kinshasa, Navy Malela a été condamné à mort par contumace par un tribunal congolais pour avoir dénoncé des opérations de blanchiment d’un magnat du secteur minier, Dan Gertler, mis en cause pour corruption. Le lanceur d’alerte raconte ce combat inégal...
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