Biens mal acquis, au tour du Congo
Violette Lazard.
Après la Guinée-Equatoriale, la justice française se concentre désormais
sur le clan Sassou-Nguesso, au pouvoir à Brazzaville et qui mène grand
train à Paris.
Les délires financiers du fils du président Obiang (Guinée- Equatoriale)
en France sont désormais connus, et la plupart de ses biens confisqués.
Ce chapitre-là est quasiment clos. Les policiers chargés de l'enquête
sur les biens mal acquis (BMA) de certains chefs d'Etats africains dans
l'Hexagone s'apprêtent maintenant à ouvrir de nouveaux fronts. Celui du
Gabon - les enquêteurs ont déjà gelé de nombreux avoirs appartenant à la
famille Bongo et perquisitionné leurs logements (lire page 4) -, mais
surtout celui du Congo-Brazzaville. Après avoir passé au crible pendant
plus de deux ans les dépenses du clan du Président, Denis
Sassou-Nguesso, les enquêteurs commencent à en dresser le bilan. D'après
une synthèse rédigée cet été, ce serait 60 millions d'euros au bas mot,
provenant d'argent public congolais, qui auraient été dépensés en France
depuis 2005 par les proches du dirigeant pour acheter bijoux, vêtements,
montres ou encore logements de luxe. Le nom du président lui-même
apparaît peu sur ces factures démentielles. Mais ce dernier reste
«suspecté» d'après les policiers «d'utiliser des personnes de son
entourage pour placer les fonds potentiellement issus de détournements
ou de corruption dans le but d'opacifier son patrimoine».
Monopoly. «Après la Guinée, l'année prochaine devrait être celle des
clans Sassou et Bongo», commente William Bourdon, avocat de l'ONG
Transparency International, partie civile dans le dossier des BMA,
déclenché par une plainte de Sherpa, autre ONG, en 2007.
D'après des sources judiciaires, les premières convocations des membres
de la famille Sassou-Nguesso vivant en France par intermittence (fille,
gendre, neveu…), pourraient intervenir dans les prochains mois. «Les
candidats pour les prochaines auditions ne sont pas n'importe lesquels,
les juges prennent leur temps, poursuit Me Bourdon. Mais il n'y aura pas
d'immunité pour ceux qui pillent les ressources de leur pays». 60
millions pour des voitures, bijoux, boutons de manchettes… C'est un
inventaire, déjà évoqué par Mediapart et que Libération a pu consulter,
qui donne, au choix, le tournis ou la nausée...
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