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Le renvoi des kadhafistes en Libye marque le rapprochement entre Washington et le Niger (Mondafrique)

par Louise Dimitrakis 11 Mars 2014, 12:23 Niger USA Kadhafi Frace

Le renvoi des kadhafistes en Libye marque le rapprochement entre Washington et le Niger (Mondafrique)
Le renvoi des kadhafistes en Libye marque le rapprochement entre Washington et le Niger

Par Louise Dimitrakis

Changement de cap au Niger. Terre de refuge des anciens dignitaires de Kadfhafi depuis la chute du régime, le pays a finalement livré hier, le fils de l’ancien « Guide », Saadi Kadhafi, aux autorités de Tripoli, vraisemblablement sous la pression des américains. Il n’y a pas si longtemps pourtant, c’est la France qui avait l’avantage à Niamey. Un épisode le rappelle à merveille : celui du passeport diplomatique nigérien délivré à Béchir Saleh, l’ancien chef de cabinet de Mouammar Kadhafi sous la pression de Paris.

Il fut un temps où le Niger rendait de délicats services à la France. Lorsque l’argentier de Mouammar Kadhafi, Béchir Saleh, tombe entre les mains du CNT lors de la révolution qui secoue le pays, les autorités françaises, notamment à travers Claude Guéant et Bernard Squarcini parviennent à l’exfiltrer vers Paris où sa protection est garantie. Pour faciliter ses déplacements, c’est l’Etat nigérien, par l’intermédiaire du ministre des affaires étrangères Mohamed Bazoum, qui lui délivre un passeport diplomatique estampillé, « conseiller à la présidence ». Une faveur accordée à la France qui évite ainsi de se mettre dans une position embarrassante en produisant elle-même un tel document pour cet ami de l'époque Kadhafi.

A l'époque, en mars 2012, Mohamed Bazoum a bel et bien reconnu l'existence d'un tel document. Sur le passeport, il est écrit que Béchir Saleh est né en 1946 à Agadez, dans le nord du Niger à la frontière avec la Libye. Le ministe a en revanche démenti toute injonction venant des autorités françaises et invoqué la souveraineté de l'Etat nigérien. Pourtant quelques jours plus tôt, un haut responsable militaire nigérien, le colonel Djibou Tahirou, avait indiqué à Tripoli que le Niger avait délivré un passeport à M. Saleh, «sur le conseil et la pression d’un pays européen». Or, c'est bien en France que Béchir Saleh a trouvé refuge jusqu'en mai 2012 alors même qu'il fait l'objet d'un mandat d’arrêt signé par Interpol à la demande de Tripoli. Une présence qui créer rapidement la gêne des autorités françaises. Alors que le premier ministre François Fillon affirme dans un premier temps que Béchir Saleh est en France au titre de l'immunité diplomatique que lui offre le passeport nigérien. Le ministre M. Bazoum affirme finalement que le précieux sésame a été rendu. L'affaire ayant fait grand bruit au Niger notamment dans la presse, Saleh se serait finalement résolu à le restituer. Malaise dans les rangs en France, où l'invité libyen devient de plus en plus encombrant. Cerise sur le gâteau, à quelques jours des présidentielles de mai 2012 Mediapart accuse Béchir Saleh d’avoir été le destinataire d’une note portant sur un soutien financier libyen à la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007.

Reste qu’aujourd’hui, le Niger rechigne à rendre de tels services à la france. En acceptant finalement d’extrader le général Abdallah Mansour et le fils de l’ancien « Guide » Saadi Kadhafi vers Tripoli, le pays se range du côté de Washington bien plus que de Paris qui aurait préféré un renvoi vers la Cour pénale Iinternationale. Les temps changent...

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