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Après l'interpellation de deux célèbres journalistes français suspectés d'avoir fait chanter le roi du Maroc, peut-on dire qu'il s'agit d'une pratique courante dans les réseaux médiatiques françafricains ?

par Sam La Touch 30 Août 2015, 13:17 Articles de Sam La Touch Françafrique France Maroc Afrique Eric Laurent Mohamed VI Graciet Chantage

Après l'interpellation de deux célèbres journalistes français suspectés d'avoir fait chanter le roi du Maroc, peut-on dire qu'il s'agit d'une pratique courante dans les réseaux médiatiques françafricains ?

Selon Le Monde, "deux journalistes français, Eric Laurent et Catherine Graciet, ont été arrêtés jeudi 27 août à Paris. Ils sont soupçonnés d’avoir voulu extorquer de l’argent au roi du Maroc, Mohammed VI, en échange de la non-publication d’un livre contenant des informations compromettantes. Les deux journalistes étaient jeudi soir toujours en garde à vue dans les locaux de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP)".


C'est en fait RTL, qui a délivré la première l'information. Eric Laurent aurait été enregistré par la police en train de faire du chantage aux autorités marocaines :

"Deuxième acte, le 21 août. Une nouvelle rencontre se tient entre l'avocat marocain et l'écrivain. Mais cette fois, la réunion est sous discrète surveillance policière. Éric Laurent aurait alors réitéré son offre : 3 millions d'euros contre son silence. Cinq jours plus tard, devant la gravité des faits, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire pour chantage et tentative d'extorsion de fonds. Trois juges sont désignés.

Le dernier acte a donc eu lieu ce jeudi 27 août. Un ultime rendez-vous est à nouveau surveillé et écouté par la police. L'écrivain se serait accordé sur une transaction à deux millions d'euros, accepté une avance de 80.000 euros et renoncé par écrit à la publication. Il a finalement été interpellé à la sortie de ce restaurant parisien, en compagnie, semble-t-il, de sa co-auteure, Catherine Graciet, qui travaillait sur c
et ouvrage." (RTL Deux journalistes français interpellés pour avoir fait du chantage le roi du Maroc)

Or si il est évident que le roi Mohammed VI par nombre de ses actions est aisément critiquable sur bien des points (voir l'excellent livre de Laurent et Graciet sur les dérives du royaume chérifien intitulé "Le roi prédateur. Main basse sur le Maroc" et paru en 2012) on ne peut qu'être surpris de la méthode employée par ces deux journalistes. Celle-ci étant condamnable si les faits étaient avérés.


Cette affaire n'est pas sans rappeler l'affaire Péan/Bongo révélée par Mediapart. Selon MdP :
" L’homme d’affaires Ziad Takieddine a offert, fin 2013, aux autorités gabonaises de surseoir à la parution d’un livre de Pierre Péan moyennant un versement sur le compte d’une société suisse, et l’emploi d’un ami du journaliste. Le porte-parole du président gabonais Ali Bongo accuse Pierre Péan d’avoir été partie prenante de ce « protocole » secret. Le journaliste dénonce une machination.

«Si j’ai un papier là-dessus, je suis cuit », annonce, énigmatique, Pierre Péan à Mediapart. L’écrivain-enquêteur, qui a fait paraître début novembre Nouvelles Affaires africaines (Fayard), assure que le pouvoir gabonais cherche à « le salir » pour « le punir d’avoir dénoncé le système Bongo ». Et il est vrai que le porte-parole du président gabonais, Alain Claude Bilie By Nze, est en ce moment à Paris pour accabler l’écrivain. Selon des mails communiqués par l’officiel gabonais, Pierre Péan a été depuis un an au cœur d’obscures tractations avec lui : une demande d’argent formulée par des intermédiaires, puis une demande d’emploi pour un ami. Des « mensonges », selon l’écrivain." (Affaires africaines: 10 millions d’euros pour faire taire Pierre Péan

Encore une fois, si ces affirmations de Médiapart étaient fondées, elle poserait la question d'une pratique de certains journalistes français visant au racket de monarques ou dictateurs françafricains qui ne sont pas sans rappeler les méthodes d'extorsions de fonds de certains escrocs franco-israéliens branchés sur les réseaux de la Françafrique et révélés récemment par le journal Jeune Afrique (Arnaque à l’israélienne (suite) : « Allô, président ? Ici Jean-Yves »).

Selon JAI, "Des escrocs franco-israéliens qui, se faisant passer pour le ministre, ont tenté d’arnaquer plusieurs chefs d’État africains en leur réclamant entre 5 et 9 millions de dollars".

Jean-Luc Mano qui officiait avant comme directeur de l'information sur France 2 avant de devenir conseiller du dictateur Togolais et du ministre français de la Défense en 2005 déclarait que l'Afrique est le dernier endroit "où l'on peut se faire de la fraîche".
En son heure, François-Xavier Verschave grand pourfendeur de la Françafrique avait évoqué les complicités entre des journalistes et les réseaux de la Françafrique et leur liens très ambigus.

La question plus générale, est de savoir si ces méthodes d'extorsion de fonds sous couvert de scoop - si elles étaient avérées - constituent un sport national pour certains journalistes branchés sur les réseaux françafricains.

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