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Olivier Marleix, ancien conseiller à l’Elysée : "Tout n’a pas été fait depuis Charlie pour protéger les Français" (Paris Match)

par Paris Match 22 Novembre 2015, 07:42 Bernard squarcini Olivier Marleix Assad Liste djihadistes Terrorisme Commission d'enquête France

Le député Républicains de Dreux, ancien conseiller à l’Elysée, pense que le gouvernement au pouvoir devra rendre des comptes sur ce qui a été fait depuis les attentats contre Charlie Hebdo.

Paris Match. Le spectacle de contestation donné par l’opposition mardi dernier à l’Assemblée n’a pas reçu un accueil favorable dans l’opinion, regrettez-vous ce qu’il s’est passé ?
Olivier Marleix. Au Congrès le 16 novembre, comme à l’Assemblée le 13 janvier, l’ensemble de l’opposition a applaudi les discours du chef de l’Etat et de son Premier ministre. Là, il ne s’agissait pas de taper sur la majorité, mais l’Assemblée nationale n’est pas seulement un théâtre où l’on applaudit des discours, nous sommes responsables politiques et il y a un moment où on a le droit d’exprimer une certaine colère partagée par des concitoyens. Car nous avons l’impression que tout n’a pas été fait depuis Charlie pour protéger les Français.

Expliquez-nous.
Après le 11 janvier, Manuel Valls a prononcé un très beau discours où il a exprimé tout ce qu’il fallait faire, rien n’était oublié. Nous l’avons longuement applaudi. Le gouvernement vient devant vous, nous disait-il, avec la volonté d’écouter et d’examiner toutes les réponses possibles techniques, règlementaires, et législatives d’où qu’elles viennent. Nos propositions n’ont pas du tout reçu un tel accueil. Au contraire, c’est la majorité qui n’a pas respecté l’unité. A part la loi sur le renseignement qui était déjà dans les cartons, nous n’avons rien vu. Nos demandes, notamment sur la déchéance de nationalité pour les djihadistes binationaux, sur la mise en rétention administrative pour tout individu radicalisé revenant de Syrie ont été repoussées avec dédain. J’ai interrogé Taubira le 24 mars dernier, elle m’a répondu que notre arsenal juridique était parfait ! Il n’y a eu aucune inflexion de notre politique pénale après le drame de Charlie. Pourtant, si nous étions déjà en guerre, il fallait durcir les motifs d’incrimination contre les djihadistes rentrant de Syrie. Combien ont été mis en liberté ? La ministre de la Justice continue de faire appliquer un principe de présomption d’innocence en leur faveur. On a du mal à réprimer un sourire face à l’angélisme dont ce gouvernement n’arrive pas à se défaire en proposant des bracelets électroniques pour les assignés à résidence… mais sur la base du volontariat ! Et cela continue aujourd’hui puisque je viens d’apprendre qu’au cours des perquisitions menées depuis mardi, quand il y a saisies d’armes, les personnes concernées ne sont même pas assignées à résidence. On prend les armes, mais on laisse leurs propriétaires en liberté !

"Le Premier ministre aurait refusé une liste de djihadistes français en Syrie proposée par les services de Bachar el-Assad"

Vous pourrez y voir clair puisque Manuel Valls semble accepter le principe d’une commission d’enquête…
Aujourd’hui on est dans le temps de la douleur et de l’action, mais le temps viendra où le gouvernement devra rendre des comptes sur ce qui a été fait depuis les attentats contre Charlie Hebdo. Le décalage est trop important entre ce qui est dit et ce qui est fait, et qui doit être assumé au plus haut niveau de l’Etat. Lorsque le président de la République annonce qu’il y aura 5.000 postes en plus dans la police et la gendarmerie en plus des 5.000 emplois supplémentaires budgétés, c’est faux. Dans les faits, la police et la gendarmerie ont perdu 2.000 emplois depuis 2012. Autre point d’interrogation, selon Bernard Squarcini (ndlr : ancien patron du renseignement intérieur), le Premier ministre aurait refusé une liste de djihadistes français en Syrie proposée par les services de Bachar el-Assad. Ce refus est d’une extrême gravité. Quoi qu’on pense de Bachar el-Assad, puisque nous sommes en guerre, on ne refuse pas des informations aussi vitales ! Nos services se sont privés de contact indirect avec les services syriens. Ajoutons à cela que la Turquie et les Etats-Unis disent nous avoir avertis. Tout cela justifie une commission d’enquête.

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