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Total : accord prochain avec l’Iran sur l’immense champ gazier partagé avec le Qatar ? (Blog finance)

par Blog Finance 22 Juin 2017, 08:00 Total Qatar Iran Collaboration France

 

Simple hasard de calendrier ? Si la mise au ban du Qatar intervient alors qu’en avril dernier, l’émirat a annoncé qu’il souhaitait développer la production du plus grand champ gazier de la planète - qu’il partage avec l’Iran –  Téhéran inaugurant de son côté cinq phases du gigantesque gisement, le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh a déclaré samedi que les autorités iraniennes espèrent signer dans les toutes prochaines semaines un accord avec le géant pétrolier Total sur une nouvelle phase d’exploitation du champ. Lequel est dénommé North Field ou North Dome au Qatar car  situé au large de la côte nord de l’État du Golfe, et Pars South (ou Pars Sud) en Iran, question de géographie, tout étant relatif dans ce bas monde.

« L’Iran et Total sont en train de conclure les discussions sur la signature du contrat pour le développement de la phase 11 de South Pars, et nous en sommes pratiquement aux ultimes étapes« , a ainsi indiqué le ministre. Ajoutant que le contrat était en cours d’examen par la NIOC, la compagnie nationale iranienne pétrolière, et qu’il pourrait être signé avant la fin de l’actuelle administration présidée par Hassan Rohani. Réélu en mai dernier, le président iranien doit former son nouveau gouvernement au mois d’août prochain.

En novembre 2016, le géant énergétique français Total a signé un accord de principe de 4,8 milliards de dollars en vue de développer la phase 11 de Pars South. Le temps des négociations douloureuses sur les dossiers Eurodif/Sofidif et l’enrichissement de l’uranium semblent n’être que d’un lointain passé. Il est vrai que l’Iran dispose des deuxièmes réserves mondiales de gaz après la Russie, et que le pays pourrait représenter une alternative de tout premier ordre  en cas de points de discordes accrus avec  Moscou.

Il s’agissait alors du premier consensus de ce type signé entre l’Iran et une majore pétrolière occidentale depuis l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire conclu en juillet 2015 et la levée d’une partie des sanctions internationales en janvier 2016. Le protocole prévoit que Total sera l’opérateur du projet Pars South 11, et son actionnaire à hauteur de 50,1%, aux côtés de Petropars, filiale à 100% de la NIOC (19,9%) et de la compagnie nationale chinoise CNPC (30%).

Reste néanmoins, dans un tel contexte où géopolitique et pétrole sont intimement liés, que le groupe pétrolier attend encore la « décision finale » des Etats-Unis concernant l’Iran pour concrétiser ses projets dans le pays. Or, l’arrivée au pouvoir de Donald Trump fait redouter à certains que Washington durcisse sont attitude vis à vis de Téhéran. Ainsi, les Etats-Unis ont d’ores et déjà imposé de nouvelles sanctions contre l’Iran en raison de son programme balistique et de la situation des droits de l’Homme dans le pays.

L’Iran cherche également à attirer les grandes compagnies internationales en vue de développer son secteur énergétique. Début janvier 2017, Téhéran a ainsi qualifié 29 grandes compagnies européennes et asiatiques à répondre aux appels d’offres pour le développement des champs pétroliers et gaziers iranien.Parmi ces sociétés figurent notamment Total, Shell (Royaume-Uni / Pays- Bas), Shlumberger (pays-Bas), Eni (Italie), Gazprom et Lukoil (Russie), CNPC et Sinopec international (Chine).

En avril dernier, les responsables iraniens estimaient  que l’inauguration des phases 17, 18, 19, 20 et 21 de South Pars permettra à l’Iran d’augmenter la production de gaz du gisement  de telle sorte qu’elle pourra désormais rivaliser avec celle du Qatar. Information d’une importance majeure en terme de géopolitique et de diplomatie pétrolière avais-je alors indiqué,  précisant que ces  champs étaient convoités depuis des mois par les majors occidentales.

Le 26 mai dernier, en marge de l’assemblée générale des actionnaires de Total, Patrick Pouyanné, le PDG du groupe a déclaré que le groupe pétrolier avait toujours l’objectif de conclure l’accord avec l’Iran avant l’été. La semaine dernière, Bijan Zanganeh avait tenu quant à lui à souligner que la crise diplomatique actuelle entre le Qatar et les Etats arabes du Golfe, développée à l’initiative de l’Arabie saoudite, et de l’Egypte n’aurait pas d’impact sur les plans de développement du gisement que se partagent l’Iran et le Qatar.  »Nous continuerons notre travail comme prévu. Il n’y a aucun problème », a ainsi déclaré le 7 juin dernier le ministre iranien, deux jours après l’annonce faite par l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et l’Egypte de la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar, accusé de financer le terrorisme.

Les experts estiment pour leur part  que  les exportations qataries de gaz naturel liquéfié (GNL) et de pétrole ne devraient être que très peu touchées par la crise avec le Qatar.  Si les échanges commerciaux du Qatar avec ses voisins du Golfe sont certes limités, ses exportations vers l’Arabie saoudite, estimées à 896 millions de dollars par l’ONU, seront néanmoins réduites à zéro. Les livraisons énergétiques du Qatar à destination du Japon et de l’Asie du Sud-Est  transiteront quant à elles par le détroit d’Ormuz, limitant l’impact des mesures. Premier exportateur mondial de GNL, le Qatar en livre annuellement 80 millions de tonnes via navires méthaniers. Seules 10% des volumes exportés sont destinés à des pays du Moyen-Orient, tels que les Emirats arabes unis et l’Egypte. Le Qatar exporte via gazoduc près de 3,1 milliards de pieds cubes de GNL par jour aux Emirats arabes unis et à Oman. En 2016, l’Egypte a pour sa part importé 60% de ses besoins en GNL du Qatar.

La major pétrolière Qatar Petroleum a indiqué la semaine dernière dans un communiqué que la situation commerciale demeurait inchangée  : “business as usual”, et ce, malgré la crise diplomatique impliquant Doha et ses voisins du Golfe. Qatar Petroleum avait tenu  par ailleurs à préciser que toutes ses activités ainsi que celles de ses filiales n’ont pas subi de perturbation tant en amont qu’en aval. Il en va de même pour toutes ses installations au niveau mondial.

Sources : Reuters, AFP

Elisabeth Studer – 18 juin 2017 – www.leblogfinance.com

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