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[Vidéos] Les médias effacent le rôle de l'OTAN dans la création de marchés d'esclaves en Libye (Fair)

par Ben Norton 1 Décembre 2017, 19:01 Esclavage Libye Françafrique OTAN Américafrique Traite Racisme Impérialisme Rebelles Misrata Tawergha Crimes contre l'humanité France USA Articles de Sam La Touch

Les médias effacent le rôle de l'OTAN dans la création de marchés d'esclaves en Libye
Article originel : Media Erase NATO Role in Bringing Slave Markets to Libya
Par Ben Norton*
Fair


Traduction SLT

[Vidéos] Les médias effacent le rôle de l'OTAN dans la création de marchés d'esclaves en Libye (Fair)

Les marchés d'esclaves du XXIe siècle. Des êtres humains vendus pour quelques centaines de dollars. Manifestations massives dans le monde entier.

Les médias étatsuniens et britanniques ont pris conscience de la triste réalité en Libye, où les réfugiés africains sont vendus sur les marchés d'esclaves en plein air. Pourtant, un détail crucial de ce scandale a été minimisé ou même ignoré dans de nombreux reportages des médias main stream : le rôle de l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord dans l'introduction de l'esclavage dans la nation nord-africaine.

En mars 2011, l'OTAN a lancé une guerre en Libye visant expressément à renverser le gouvernement du dirigeant de longue date Mouammar Kadhafi. Les États-Unis et leurs alliés ont effectué quelque 26 000 sorties au-dessus de la Libye et lancé des centaines de missiles de croisière, détruisant ainsi la capacité du gouvernement à résister aux forces rebelles.

Le président étatsunien Barack Obama et la secrétaire d'État Hillary Clinton, ainsi que leurs homologues européens, ont insisté sur le fait que l'intervention militaire était menée pour des raisons humanitaires. Mais le politologue Micah Zenko (Foreign Policy, 22/3/16) a utilisé les propres documents de l'OTAN pour montrer comment "l'intervention libyenne concernait le changement de régime dès le début".

L'OTAN a soutenu toute une série de groupes rebelles qui combattaient sur le terrain en Libye, dont un grand nombre étaient dominés par des extrémistes islamistes et défendaient des points de vue violemment racistes. Les militants de la forteresse rebelle de Misrata, soutenue par l'OTAN, se sont même qualifiés en 2011 de "brigade pour purger les esclaves, peau noire" - un étrange présage des horreurs à venir.


La guerre a pris fin en octobre 2011. Des avions étatsuniens et européens ont attaqué le convoi de Kadhafi et celui-ci a été brutalement assassiné par des rebelles extrémistes - sodomisé à la baïonnette. La secrétaire d'Etat Clinton, qui a joué un rôle décisif dans la guerre, a déclaré en direct sur CBS News (20/10/11),"Nous sommes venus, nous l'avons vu, il est mort!". Le gouvernement libyen s'est dissous peu après.

Au cours des six années qui ont suivi, la Libye a été frappée par le chaos et les effusions de sang. De nombreux gouvernements potentiels se disputent le contrôle du pays riche en pétrole et, dans certaines régions, il n' y a toujours pas d'autorité centrale opérationnelle. Des milliers de personnes sont mortes, bien que les chiffres réels soient impossibles à vérifier. Des millions de Libyens ont été déplacés - un nombre stupéfiant, près d'un tiers de la population, avait fui vers la Tunisie voisine en 2014.

Les médias de masse ont cependant largement oublié le rôle clé que l'OTAN a joué dans la destruction du gouvernement libyen, la déstabilisation du pays et l'autonomisation des trafiquants d'êtres humains.

De plus, même les quelques informations qui reconnaissent la complicité de l'OTAN dans le chaos en Libye ne vont pas plus loin et ne détaillent pas en détail le racisme violent et bien documenté des rebelles libyens soutenus par l'OTAN qui ont inauguré l'esclavage après avoir purifié et commis des crimes brutaux contre les Libyens noirs.

OTAN

 

CNN (14/11/17) a publié à la mi-novembre un article explosif sur la traite des esclaves en Libye. Le réseau des médias a obtenu une vidéo terrifiante qui montre de jeunes réfugiés africains mis aux enchères, des " grands garçons forts pour le travail agricole ", vendus pour aussi peu que 400 $.

Le reportage multimédia de CNN incluait des bonus à profusion : deux vidéos, deux gifs animés, deux photos et un graphique. Mais il manquait quelque chose : l'article de 1 000 mots ne mentionnait pas l'OTAN, ni la guerre de 2011 qui a détruit le gouvernement libyen, ou Muammar Kadhafi, ni aucun contexte historique et politique.

Malgré ces énormes défauts, le rapport de CNN a été largement salué et a eu un impact dans un appareil médiatique de mass média qui, autrement, ne se soucie guère de l'Afrique du Nord. Une vague de reportages médiatiques a suivi. Ces histoires parlent en très grande majorité de l'esclavage en Libye comme d'une question apolitique et intemporelle des droits de l'homme, et non comme d'un problème politique enraciné dans l'histoire très récente.

Dans des articles ultérieurs, lorsque les responsables libyens et des Nations Unies ont annoncé qu'ils allaient lancer une enquête sur les ventes aux enchères d'esclaves, CNN (17/11/17,20/11/17) a encore une fois omis de mentionner la guerre de 2011, sans parler du rôle de l'OTAN à cet égard.

Dans un rapport de CNN (21/11/17) sur une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, les ambassadeurs du Sénégal en Suède ont également mis en cause les causes profondes de la traite : instabilité des pays, pauvreté, profits de la traite des esclaves et manque d'application de la loi, mais n'ont pas expliqué pourquoi la Libye est instable.

Un autre article de suivi de CNN de 1 200 mots (23/11/17) occultait tout autant le contexte de cette situation. Ce n'est que dans le 35e paragraphe de cette histoire qu'un chercheur de Human Rights Watch a noté que "les autorités libyennes ont traîné les pieds sur pratiquement toutes les enquêtes qu'elles ont soi-disant entamées, mais qui n'ont jamais abouti depuis le soulèvement de 2011", mais le leadership de l'OTAN dans ce soulèvement de 2011 a été ignoré.

Un article de presse de l'Agence France-Presse publié par Voice of America (17/11/17) et d'autres sites Internet n'a pas non plus fourni de contexte historique sur la situation politique en Libye. Les témoignages recueillis par l'AFP ces dernières années ont révélé une litanie d'atteintes aux droits humains perpétrées par des chefs de gangs, des trafiquants d'êtres humains et les forces de sécurité libyennes, a déclaré l'article, mais il ne raconte rien de ce qui s'est passé avant 2017.

Les rapports de la BBC (18/11/17), du New York Times (20/11/17), de la Deutsche Welle (réimprimé par USA Today, 23/11/17) et de l'Associated Press (réimprimé par le Washington Post, 23/11/17) ne mentionnaient pas non plus la guerre de 2011, et encore moins le rôle de l'OTAN dans cette guerre.

 Un autre article du New York Times (19/11/17) a fourni un peu de contexte :

    Depuis que le soulèvement du printemps arabe de 2011 a mis fin au règne brutal du colonel Mouammar el-Kadhafi, la côte libyenne est devenue un carrefour pour la traite des êtres humains et la contrebande. Cela a alimenté la crise de l'immigration clandestine que l'Europe s'efforce de contenir depuis 2014. La Libye, qui a sombré dans le chaos et la guerre civile après la révolte, est maintenant divisée en trois grandes factions.

Pourtant, le Times a encore effacé la place centrale de l'OTAN dans ce soulèvement de 2011.

Dans un compte rendu des grandes manifestations qui ont éclaté à l'extérieur des ambassades libyennes en Europe et en Afrique en réponse à des rapports de ventes aux enchères d'esclaves, Reuters (20/11/17) a indiqué : "Six ans après la chute de Mouammar Kadhafi, six ans après la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye est toujours un État sans loi où les groupes armés rivalisent pour obtenir des terres et des ressources et où les réseaux de passeurs opèrent en toute impunité.Mais il n'a pas fourni plus d'informations sur la façon dont Kadhafi a été renversé".

Dans un rapport paru dans le Huffington Post (22/11/17), réédité par la suite par AOL (27/11/17), il est admis que la Libye est "l'une des régions les plus instables du monde [sic], engluée dans un conflit depuis que le dictateur Mouammar Kadhafi a été chassé et tué en 2011".

Le problème tient en partie au fait que les organisations internationales n'ont pas voulu mettre en évidence la responsabilité des gouvernements occidentaux puissants. Dans sa déclaration sur les rapports concernant l'esclavage en Libye, le Secrétaire général des Nations Unies António Guterres (20/11/17) n'a rien mentionné sur ce qui s'est passé politiquement au sein de la nation nord-africaine au cours des six dernières années. Le rapport du Centre de nouvelles de l'ONU (20/11/17) sur les commentaires de António Guterres était tout aussi peu contextuel et non informatif, tout comme le communiqué de presse (21/11/2011) sur la question de l'Organisation Internationale pour la Migration (OIM).

Al Jazeera (26/11/17) a cité un fonctionnaire de l'OIM qui a suggéré, selon les termes d'Al Jazeera, que "la communauté internationale devrait accorder plus d'attention à la Libye post-Kadhafi", mais la presse n'a fourni aucun contexte quant à la façon dont la Libye est devenue post-Kadhafi. En fait, la source d'Al Jazeera a fait tout son possible pour rendre la question apolitique : "L'esclavage moderne est répandu dans le monde entier et la Libye n'est en aucun cas unique".

 S'il est vrai que l'esclavage et la traite des êtres humains se produisent dans d'autres pays, ce discours médiatique largement diffusé dépolitise le problème en Libye, qui trouve ses racines dans les décisions politiques explicites prises par les gouvernements et leurs dirigeants : à savoir le choix de renverser le gouvernement stable de la Libye, transformant la nation nord-africaine riche en pétrole en un État failli gouverné par des chefs de guerre et des milices concurrentes, dont certains sont impliqués dans l'esclavage et la traite des êtres humains et en tirent profit.

 

Une attention sélective aux conséquences de l'OTAN en Libye

Les reportages des mass médias sur la Libye reflètent largement les reportages sur le Yémen (FAIR. org, 20/11/17, 31/8/1727/2/17), la Syrie (FAIR. org, 7/4/17, 5/9/15) et au-delà : Le rôle du gouvernement étatsunien et de ses alliés dans la création du chaos à l'étranger est minimisé, voire  totalement ignoré.

 Il est frappant de constater que l'une des seules exceptions à cette tendance médiatique écrasante est revenue en avril du comité de rédaction du New York Times. L'éditorial du Times (14/4/17) n'a pas mâché ses mots, liant directement l'opération militaire soutenue par les Etats-Unis à la catastrophe en cours :

    Rien de tout cela ne serait possible si ce n'était du chaos politique en Libye depuis la guerre civile de 2011, lorsque le colonel Mouammar el-Kadhafi a été renversé, avec la participation d'une coalition de l'OTAN qui incluait les Etats-Unis. Les migrants sont devenus l'or qui finance les factions en guerre de la Libye.

C'est un revirement important. Immédiatement après que l'OTAN ait lancé sa guerre en Libye en mars 2011, le comité éditorial du Times (21/3/11) a applaudi le bombardement, l'effusion de sang, "Col. Muammar el-Kadhafi est depuis longtemps un voyou et un meurtrier qui n' a jamais payé pour ses nombreux crimes",  le Times est devenu lyrique sur l'intervention militaire "extraordinaire", "étonnante" et espérait la chute imminente de Kadhafi.

L'éditorial du Times d'avril 2017 est bien loin d'être un mea culpa, mais il n'en demeure pas moins vrai qu'il s'agissait d'une rare admission de la vérité.

Au moment de la rédaction de cet éditorial étonnamment honnête, la Libye avait fait l'objet d'une brève attention médiatique. L'Organisation internationale pour les migrations venait de mener une enquête sur l'esclavage en Libye après le changement de régime, qui a donné lieu à une série de reportages dans le Guardian (10/4/17) et ailleurs. Pratiquement dès que cette histoire épouvantable a suscité l'intérêt des médias corporatifs, elle a rapidement disparu. L'attention se tourne de nouveau vers la Russie, la Corée du Nord et les bogeymen du jour.

 Lorsque les gouvernements occidentaux espéraient intervenir militairement dans le pays jusqu'au 19 mars 2011, il y avait un flot constant de reportages médiatiques sur les maux de Kadhafi et de son gouvernement, y compris une bonne dose de fausses nouvelles (Salon, 16/9/16). Les grands journaux soutenaient fermement l'intervention de l'OTAN et ne cachaient pas leur ligne éditoriale pro-guerre.

Lorsque le gouvernement étatsunien et ses alliés se préparaient à la guerre, l'appareil médiatique des entreprises a fait ce qu'il faisait le mieux et a aidé à vendre une autre intervention militaire au public.

Au cours des années qui se sont écoulées depuis, en revanche, l'intérêt pour les conséquences désastreuses de cette guerre de l'OTAN a été exponentiellement moindre. Il y aura de brèves pointes d'intérêt, comme c'était le cas au début de 2017. La dernière vague de couverture médiatique a été inspirée par la publication des images vidéo choquantes de CNN. Mais la couverture atteint invariablement des sommets et disparaît rapidement.

Le racisme extrême des rebelles libyens

La catastrophe que la Libye pourrait endurer après l'effondrement de son État était prévisible à l'époque. Kadhafi lui-même avait averti les Etats membres de l'OTAN, alors qu'ils faisaient la guerre contre lui, qu'ils allaient déclencher le chaos dans toute la région. Pourtant, les dirigeants occidentaux - Barack Obama et Hillary Clinton aux États-Unis, David Cameron au Royaume-Uni, Nicolas Sarkozy en France, Stephen Harper au Canada - ignoraient l'avertissement de Kadhafi et renversaient violemment son gouvernement.

Le racisme extrême des rebelles libyens

La catastrophe que la Libye pourrait endurer après l'effondrement de son État était prévisible à l'époque. Kadhafi lui-même avait averti les Etats membres de l'OTAN, alors qu'ils faisaient la guerre contre lui, qu'ils allaient déclencher le chaos dans toute la région. Pourtant, les dirigeants occidentaux - Barack Obama et Hillary Clinton aux États-Unis, David Cameron au Royaume-Uni, Nicolas Sarkozy en France, Stephen Harper au Canada - ignoraient l'avertissement de Kadhafi et renversaient violemment son gouvernement.

Même parmi le petit nombre de reportages médiatiques sur l'esclavage en Libye qui parviennent à reconnaître la responsabilité de l'OTAN dans la déstabilisation du pays, il manque encore quelque chose.

Si l'on se penche sur les rebelles anti-Kadhafi de la Libye, tant pendant qu'après la guerre de 2011, il est très clair que le racisme anti-Noir extrême était largement répandu dans l'opposition soutenue par l'OTAN. Une enquête menée en 2016 par la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes britannique (Salon, 16/9/16) a reconnu que "les milices islamistes militantes ont joué un rôle critique dans la rébellion à partir de février 2011", mais de nombreux rebelles n'étaient pas seulement fondamentalistes, ils étaient aussi violemment racistes.

Il n'est malheureusement pas surprenant que ces militants extrémistes libyens aient par la suite asservi les réfugiés et les migrants africains.

La plus grande partie de la couverture médiatique étatsunienne et européenne au moment de l'intervention militaire de l'OTAN était résolument pro-rebelles. Cependant, lorsque les journalistes sont arrivés sur le terrain, ils ont commencé à publier quelques articles plus nuancés qui laissaient entrevoir la réalité de l'opposition. Leur nombre était insignifiant, mais ils sont éclairants et méritent d'être réexaminés.

Trois mois après le début de la guerre de l'OTAN, en juin 2011, Sam Dagher (21/6/11), du Wall Street Journal, a rapporté que Misrata, la troisième ville de Libye et l'un des principaux pôles de l'opposition, était la troisième plus grande ville de Libye et qu'il y voyait des slogans rebelles comme "la brigade de purge des esclaves, peau noire".

Dahger a indiqué que la forteresse rebelle de Misrata était dominée par des "familles marchandes blanches étroitement unies", tandis que "le sud du pays, qui est à prédominance noire, soutient principalement le colonel Kadhafi".

 D'autres graffitis dans Misrata disaient "les traîtres allez vous en". Par "traîtres", les rebelles faisaient allusion aux Libyens de la ville de Tawergha, que le Journal a expliqué comme étant "habité principalement par des Libyens noirs, héritage de ses origines du XIXe siècle en tant que ville de transit dans la traite négrière".

Dagher a indiqué que certains chefs rebelles libyens "appelaient à l'expulsion des Tawerghans de la région" et "interdisaient aux Tawerghans de travailler, de vivre ou d'envoyer leurs enfants à l'école à Misrata", ajoutant que la plupart des quartiers de Tawergha à Misrata avaient déjà été vidés. Les Libyens noirs étaient "partis ou cachés, craignant les attaques de vengeance des Misratans, au milieu des rapports de primes pour leur capture."

Le commandant rebelle Ibrahim al-Halbous a dit au Journal : "Tawergha n'existe plus, seulement Misrata."

Al-Halbous réapparaîtra plus tard dans un rapport du Sunday Telegraph (11/9/11), réitérant au journal britannique,"Tawarga n'existe plus" (lorsque Halbous a été blessé en septembre, le New York Times- 20/9/11 le décrit avec sympathie comme un martyr dans la lutte héroïque contre Kadhafi. La brigade Halbous est depuis lors devenue une milice influente en Libye)

Comme Dagher, Andrew Gilligan du Telegraph a attiré l'attention sur le slogan peint sur la route entre Misrata et Tawergha : "la brigade pour purger les esclaves[et] les peaux noires".

Gilligan rapporta de Tawergha, ou plutôt des vestiges de la ville majoritairement noire, dont il nota qu'elle avait été "vidée de son peuple, vandalisée et partiellement brûlée par les forces rebelles" Un chef rebelle a déclaré des habitants à la peau sombre : "Nous avons dit que s'ils ne partaient pas, ils seraient conquis et emprisonnés. Ils sont tous partis, et nous ne les laisserons jamais revenir."

Gilligan a noté "un courant raciste sous-jacent. Beaucoup de Tawargas, bien que ni immigrés, ni mercenaires africains bien connus de Kadhafi, descendent d'esclaves, et sont plus sombres que la plupart des Libyens."

L'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord a aidé ces rebelles virulents et racistes à Misrata. Les forces de l'OTAN lancent fréquemment des attaques aériennes contre la ville. Des avions de chasse français ont abattu des avions libyens au-dessus de Misrata. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont tiré des missiles de croisière sur les cibles du gouvernement libyen, et les Etats-Unis ont lancé des frappes de drone Predator. L'aviation canadienne a également attaqué les forces libyennes, les expulsant de Misrata.

 Dans une vidéo de relations publiques de l'OTAN publiée en mai 2011, au début de la guerre en Libye, l'Alliance militaire occidentale a ouvertement admis qu'elle avait intentionnellement autorisé "les rebelles libyens à transporter des armes de Benghazi à Misrata". Le politologue Micah Zenko (Foreign Policy, 22/3/16) a souligné les implications de cette vidéo : "Un navire de surface de l'OTAN stationné en Méditerranée pour faire respecter un embargo sur les armes a fait exactement le contraire, et l'OTAN était à l'aise de poster une vidéo démontrant son hypocrisie".

Tout au long de la guerre et après, les rebelles libyens ont continué de mener des attaques racistes sectaires contre leurs compatriotes noirs. Ces attaques ont été bien documentées par les principales organisations de défense des droits humains.

Le directeur exécutif de longue date de Human Rights Watch, Kenneth Roth, a applaudi à l'intervention de l'OTAN en Libye en 2011, qualifiant l'approbation unanime par le Conseil de sécurité des Nations Unies d'une zone d'exclusion aérienne de confirmation " remarquable " de la doctrine de la soi-disant " responsabilité de protéger ".

L'organisation de Roth, cependant, ne pouvait pas ignorer les crimes contre les militants anti-Kadhafi commis contre les Libyens et les migrants à la peau noire.

En septembre 2011, alors que la guerre était toujours en cours, Human Rights Watch a rapporté que les rebelles libyens " ont arbitrairement arrêté et abusé des travailleurs migrants africains et des Libyens noirs présumés être des mercenaires [pro-Kadhafi]".

 Puis, en octobre, la principale organisation étatsunienne de défense des droits de l'homme a noté que les milices libyennes "terrorisaient les habitants déplacés de la ville voisine de Tawergha", la communauté noire majoritaire qui avait été un bastion du soutien à Kadhafi. Toute la ville de 30 000 habitants est abandonnée - Unue partie a été saccagée et incendiée - et les commandants de la brigade Misrata disent que les habitants de Tawergha ne devraient jamais revenir", a ajouté HRW. Les témoins ont "relaté de façon crédible des récits crédibles de milices Misrata tirant sur des Tawerghans désarmés, ainsi que d'arrestations et des passages à tabac arbitraires de détenus de Tawerghan, dans quelques cas entraînant la mort".

En 2013, HRW a fait un rapport sur le nettoyage ethnique de la communauté noire de Tawergha. L'organisation de défense des droits de l'homme, dont le chef avait si largement soutenu l'intervention militaire, a écrit : "Les déplacements forcés d'environ 40 000 personnes, les détentions arbitraires, la torture et les assassinats sont répandus, systématiques et suffisamment organisés pour constituer des crimes contre l'humanité".

Ces atrocités sont indéniables et elles conduisent directement à l'esclavage des réfugiés et des migrants africains. Mais pour reconnaître la complicité de l'OTAN dans l'habilitation de ces militants extrémistes racistes, les médias de masse devraient d'abord reconnaître le rôle de l'OTAN dans la guerre pour le changement de régime de 2011 en Libye.

*Ben Norton est journaliste et écrivain. Il est reporter pour le projet Grayzone d'AlterNet et collaborateur de FAIR. Son site Web est BenNorton. com, et son tweet @BenjaminNorton

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