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Peste brune et continent noir (1). Les pérégrinations africaines de la dynastie Le Pen (OrientXXI)

par Orient XXI 11 Avril 2022, 19:50 Le Pen Françafrique Collaboration France Dictature Articles de Sam La Touch

Série · Le Rassemblement national (ex-Front national) a une longue histoire avec l’Afrique. Son fondateur, Jean-Marie Le Pen, puis sa fille, Marine, ont tenté à plusieurs reprises de rendre visite à des chefs d’Etat africains — en vain, la plupart du temps. Rien de très surprenant : l’extrême droite française de l’après-guerre est intimement liée au continent et certaines de ses thèses y trouvent un écho favorable.

 

Longue de trois kilomètres et large de 65 mètres, la piste d’atterrissage est impeccable. Vue du ciel, elle semble avoir été tracée à la règle, d’un seul coup de crayon dans le sable. L’aérodrome d’Amdjarass, inauguré en 2013 mais toujours dans l’attente d’une homologation au niveau international, pourrait être considéré comme un mystère dans cette partie du Tchad, s’il n’avait pas été construit dans le fief d’Idriss Déby Itno, président de 1990 jusqu’à sa mort sur le champ de bataille, le 19 avril 2021. Féru d’aviation et lui-même pilote, l’autocrate, nommé maréchal huit mois avant son décès, effectuait de longs et fréquents séjours dans sa luxueuse résidence. Si bien que nombre de visiteurs officiels devaient s’y rendre pour un entretien. Même bref.

Par la route, relier Amdjarass depuis N’Djamena, la capitale, est interminable. Il ne faut qu’1 h 30 en jet privé. Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, s’y est plusieurs fois rendu. En mai 2019, son Falcon 7X avait d’ailleurs directement rejoint l’aérodrome d’Amdjarass depuis Paris. Le premier ministre Jean Castex en a lui aussi fait l’expérience, le 31 décembre 2020, dans le cadre d’un aller-retour express depuis la capitale tchadienne, où il était venu passer le réveillon avec les troupes de la force Barkhane.

Trois ans plus tôt, en mars 2017, c’est une autre figure politique française qui avait surpris tout le monde en se rendant dans le fief de Déby. Marine Le Pen, présidente du Front national (FN, renommé Rassemblement national, RN, en 2018), alors candidate pour la deuxième fois à l’élection présidentielle française, avait fait le crochet lors de son voyage de 48 heures dans le pays. À quelques jours du premier tour, elle était arrivée à N’Djamena dans un Falcon 900 loué à une compagnie privée. D’abord prévue au Palais présidentiel, l’entrevue avait été déplacée à Amdjarass. Elle avait alors fait appel à une autre société locale, RJM Aviation, pour rejoindre Déby à bord d’un Gulftream 3. Un petit détail qui a fait tiquer la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, chargée d’éplucher les dépenses des candidats, dans son avis rendu en décembre 2017. De fait, une partie du coût de ce premier et unique voyage officiel de Marine Le Pen en Afrique a été invalidée (un peu plus de 18 000 euros pour la location du Gulfstream). Louer un avion pour faire campagne auprès des troupes françaises, c’est une chose. Faire trois heures de jet privé pour serrer la main d’un président africain en est une autre....

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