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Tandis qu’il verse des larmes de crocodile pour Gaza, Bernie Sanders appuie les attaques étatsuniennes sur le Yémen (WSWS)

par SLT 20 Janvier 2024, 15:05 Yemen Sanders USA Collaboration Houthis Israël Impérialisme Palestine Gaza Colonialisme Articles de Sam La Touch

Dimanche, au centième jour de la guerre israélo-américaine contre Gaza, Bernie Sanders a participé à l'émission «State of the Union» de CNN et a déclaré qu'il soutenait les attaques menées par les États-Unis et la Grande-Bretagne contre les Houthis soutenus par l'Iran au Yémen. Les attaques en cours, qui ont débuté le 11 janvier, marquent une escalade majeure de la guerre menée par les États-Unis au Moyen-Orient et préfigurent une attaque directe de Washington contre l'Iran.

Depuis le début de l'assaut israélien contre Gaza, Sanders a promu la ligne de propagande de Tel-Aviv et de Washington selon laquelle la campagne israélienne de meurtres et de destructions massives visant des civils sans défense, principalement des femmes et des enfants, est une réponse défensive à l'incursion armée du Hamas le 7 octobre dernier. Tout en critiquant les tactiques «disproportionnées» d'Israël, il a soutenu l'objectif d'extirper les «terroristes» du Hamas.

Il fournit aujourd'hui le même service aux criminels de guerre de Washington en ce qui concerne le Yémen. Tout comme il ignore l'histoire antérieure du déplacement sioniste, de la violence terroriste et de l'occupation contre les Palestiniens – y compris le blocus et le siège de Gaza pendant 17 ans, entrecoupés d'attaques meurtrières par les Forces de défense israéliennes – en présentant le Hamas comme l'agresseur, il ignore la guerre génocidaire menée contre les Houthis par l'Arabie saoudite avec le soutien des États-Unis. Selon les Nations Unies, 377.000 personnes ont été tuées dans la guerre contre les Houthis, qui impose des blocus pour infliger des famines et des maladies de masse.

Dimanche, le modérateur de CNN, Jake Tapper, a commencé son entretien avec le sénateur «progressiste» du Vermont en évoquant «l'escalade spectaculaire au Moyen-Orient» du président Biden et en notant :

L'une des principales progressistes de la Chambre des représentants, [Pramila] Jayapal, a déclaré que le président aurait dû obtenir, et en fait avait besoin, de l'autorisation du Congrès, qualifiant les frappes de violation inacceptable de la Constitution. Êtes-vous d'accord avec elle ? Ces frappes étaient-elles illégales ?

Sanders a balayé le caractère unilatéral et illégal de l'action de Biden en déclarant

Ce que je pense, c'est que le président a le droit de répondre en urgence à la perturbation de la navigation internationale provoquée par les Houthis. D'un autre côté, il doit s'adresser immédiatement au Congrès. C'est le Congrès qui a le droit de déclarer la guerre, pas le président des États-Unis. J'espère donc que le Congrès sera immédiatement saisi de cette question.

Bien entendu, comme le sait très bien Sanders, Biden n'a pas l'intention de demander l'autorisation du Congrès pour la guerre au Yémen, qui s'intensifie déjà, et le sénateur du Vermont n'a pas non plus abordé publiquement la question depuis l'interview accordée à CNN.

En réalité, Sanders a été invité à l'émission de dimanche pour remplir une fonction politique pour l'administration Biden et la machine de guerre américaine. Son rôle est de donner sa bénédiction de «gauche» à la dernière escalade, dans un contexte d'opposition populaire massive au génocide israélien et au rôle central de Washington dans l'armement et la supervision de ce génocide, ainsi qu'à l'expansion de la guerre dans tout le Moyen-Orient. Le programme de dimanche faisait suite aux manifestations de masse contre le génocide qui ont eu lieu la veille dans le monde entier, dont des marches de 300.000 personnes à Londres et de 100.000 personnes à Washington DC.

Ces apparitions du «progressiste» pro-sioniste sont prévisibles. Sanders a été interviewé par l'autre présentateur de «State of the Union», Dana Bash, le 5 novembre de l'année dernière. C'était à un moment où les protestations internationales contre la guerre à Gaza s'intensifiaient rapidement, dans un contexte de bombardements quotidiens d'immeubles d'habitation, de camps de réfugiés, d'hôpitaux, de mosquées, d'églises et d'installations de l'ONU, ainsi que d'un blocus du carburant, de la nourriture et des fournitures médicales. Ce samedi-là, de grandes manifestations ont eu lieu dans les villes du monde entier, notamment des marches réunissant 300.000 personnes à Londres et à Washington DC. La principale revendication était un cessez-le-feu pour mettre fin aux massacres.
 

Lorsqu'on lui a demandé s'il était favorable à un cessez-le-feu, Sanders a répondu :

Je ne vois pas comment on peut avoir un cessez-le-feu, un cessez-le-feu permanent, avec une organisation comme le Hamas, qui se consacre à l'agitation et au chaos et à la destruction de l'État d'Israël. Je pense que les pays arabes de la région comprennent que le Hamas doit disparaître.

Malgré toutes ses déclarations «humanitaires» depuis lors, Sanders continue de s'opposer à un cessez-le-feu, conformément à la politique du fasciste Netanyahou et de «Joe le génocidaire» Biden.

Lors de l'interview de dimanche dernier, Tapper a évoqué une résolution présentée par Sanders au Sénat, qui exigerait du département d'État qu'il présente un rapport sur la question de savoir si Israël a violé les lois et les conventions internationales en matière de droits de l'homme dans sa guerre contre Gaza, en vertu d'une disposition de la loi sur l'aide à l'étranger (Foreign Assistance Act) qui interdit l'aide militaire des États-Unis à de tels gouvernements. Tapper a cité une déclaration du porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche qui s'oppose à cette mesure.

Dans l'échange soigneusement mis en scène entre Tapper et Sanders, ce dernier a versé des larmes de crocodile sur la souffrance des Palestiniens à Gaza et a entretenu l'illusion que la pression morale peut convaincre le Congrès et Biden de freiner la machine à tuer israélienne, même si elle continue à mener sa guerre «défensive».

Sanders a relevé les bilans de décès massifs, de déplacements, de famine et de maladies, qui frappent surtout les enfants, depuis qu'Israël a lancé son assaut – avec des armes fournies par les États-Unis – sur la petite enclave densément peuplée qu'est la bande de Gaza.

À un moment donné, Tapper a posé la question :

Comment les Israéliens peuvent-ils s'en prendre au Hamas s'il se cache parmi les civils palestiniens ?

Sanders a répondu :

Jake, c'est une question très juste. Comme je l'ai dit un million de fois, le Hamas est une organisation terroriste répugnante [...] Ce n'est pas une tâche facile que de s'en prendre au Hamas [...] Mais on ne détruit pas un peuple entier en cours de route.

Interrogé sur ce que les Israéliens devraient faire, Sanders a réitéré son appel en faveur d'une «pause humanitaire» (et non d'un cessez-le-feu) pour permettre l'acheminement de nourriture et d'eau et éviter la famine. Au-delà, Israël doit «cibler ses attaques».

Dans cette interview, comme dans de nombreuses déclarations antérieures, Sanders a qualifié la situation à Gaza de «catastrophe humanitaire». Ce terme, à dessein, contourne la question de l'intentionnalité. Il a évité des désignations beaucoup plus précises telles que «génocide», «crime de guerre» et «nettoyage ethnique». Il n'a fait aucune mention de l'acte d'accusation de génocide méticuleusement documenté et irréfutable de l'Afrique du Sud contre Israël, qui avait été présenté lors d'une audience de la Cour internationale de justice des Nations unies quelques jours auparavant, ni du rejet cynique et absurde de cet acte par l'administration Biden, qui l'a qualifié de «sans fondement».

Quant à sa résolution tant vantée sur l'aide américaine à Israël – introduite dans des conditions où Biden a invoqué des pouvoirs d'urgence pour accélérer unilatéralement les livraisons d'armes à Israël – Sanders a reconnu qu'elle n'avait aucune chance d'être adoptée par le Sénat dirigé par les démocrates. Interrogé par Tapper pour savoir s'il pensait que le projet de loi pourrait obtenir les 51 voix nécessaires à son adoption lors de son examen mardi, Sanders a répondu : «Je ne pense pas [...] Le processus sera long et difficile».

Ce partisan des «droits de l'homme» de l'impérialisme américain n'a pas dit en quoi son projet de loi pouvait être autre chose qu'une diversion cynique. En tout état de cause, le projet de loi n'a recueilli que 11 voix mardi et a été sommairement rejeté.

Le sophisme qui sous-tend toutes les prétentions de Sanders en matière de droits de l'homme a peut-être été démontré de la manière la plus flagrante lorsqu'il a répété la ligne officielle selon laquelle l'administration Biden s'efforce de freiner l'assaut du régime de Netanyahou contre les civils sans défense à Gaza. Il s'agit là d'un corollaire du mensonge selon lequel les États-Unis ne sont pas directement impliqués et responsables de la guerre d'anéantissement qui entrera bientôt dans son quatrième mois.

Comme l'a expliqué le World Socialist Web Site, c'est tout le contraire. Le gouvernement fasciste de Netanyahou ne pourrait pas poursuivre la guerre un seul jour sans le soutien militaire, économique et politique total de Washington. Ce soutien va jusqu'à fournir une assistance directe en matière de logistique et de ciblage pour les crimes de guerre quotidiens des forces de défense israéliennes dans l'enclave. Le génocide à Gaza – soutenu par toutes les puissances impérialistes – fait partie intégrante de la stratégie de guerre globale de l'impérialisme américain en vue de l'hégémonie mondiale. Il constitue l'un des fronts d'une guerre mondiale émergente, au même titre que la guerre par procuration menée par Washington contre la Russie en Ukraine, l'escalade de la guerre au Moyen-Orient, dont la cible principale est l'Iran, et les préparatifs de guerre contre la Chine.

Il n'y a rien de subtil dans les efforts de Sanders pour limiter les dégâts pour Biden et le Parti démocrate. L'objectif fondamental de l'interview a été révélé vers la fin, lorsque Tapper a demandé si «les jeunes progressistes des États-Unis finiront par se rallier à Joe Biden en novembre, ou s'il a sérieusement endommagé sa position».
 

Sanders a répondu :

Le choix est assez clair, dans une course contre Donald Trump [...] Je pense que les gens finiront par se rallier à Biden.

Cette déclaration a été suivie d'une exonération absurde et manifestement fausse de Biden en ce qui concerne le génocide à Gaza :

Il a été très clair. Il a exprimé son inquiétude face aux «bombardements aveugles». Il a demandé à Netanyahou, à maintes reprises, de changer de cap. Vous ne pouvez pas donner des milliards et des milliards de dollars à un pays qui ignore vos souhaits et viole le droit international.
 

Le WSWS a surnommé Sanders – et ses promoteurs passés et présents de la pseudo-gauche, tels que les Socialistes démocrates d'Amérique – «la face gauche du génocide». Ses commentaires de dimanche ne font qu'apporter une preuve supplémentaire de la véracité de cette désignation.

(Article paru en anglais le 18 janvier 2024)

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