Ce dimanche 11 février 2024, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin annonce sa volonté de mettre en place une réforme constitutionnelle pour obtenir « la fin du droit du sol à Mayotte ». Il s’agit d’une aggravation d’une législation déjà exceptionnelle à Mayotte sensée régler une situation considérée par l’État comme délétère mais qui est née du fait colonial imposé par la France aux Comores.
Cette initiative du ministre de l’intérieur est aussi un danger majeur et plus général pour le droit du sol, cette initiative est perçue comme une opportunité pour des commentateurs et partis d’extrême droite, rêvant déjà d’étendre cette mesure à la France métropolitaine [1].
Mayotte fait historiquement partie de l’archipel comorien. En 1975, la France a manœuvré pour maintenir sa souveraineté sur Mayotte au moment où le reste des Comores devenaient indépendantes. La communauté internationale n’a jamais reconnu officiellement le rattachement de Mayotte à la France et l’a condamné par une vingtaine de résolutions de l’ONU.
Depuis, un fossé croissant s’est créé au sein de l’archipel : le développement de l’Union des Comores s’est trouvé enrayé par une politique néocoloniale violente et caricaturale, personnalisée par la mainmise du mercenaire Bob Denard de 1977 à 1995. Dans le même temps Mayotte a été de plus en plus rattachée à la métropole, au point de devenir un département français en 2011.
Même si les tensions sont extrêmes sur le territoire mahorais et que le bouc émissaire désigné depuis plusieurs décennies est « l’immigré comorien », en droit international Mayotte fait partie des Comores. C’est donc la politique coloniale française qui est la première responsable de la situation actuelle, car « A Mayotte, les Comoriens ne sont pas des étrangers » [2] !