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Afrique du Sud : quand les USA sèment la panique ... le nucléaire en ligne de mire ? (Le Blog finance)

par Elisabeth Studer 19 Juin 2016, 06:05 Nucleaire USA Afrique du sud Menace Terrorisme Instrumentalisation

Encore une fois les Etats-Unis sont soupçonnés de se mêler de ce qui ne les regarde pas, voire de semer en quelque sorte eux-mêmes la terreur en alertant sur l’imminence de dangers terroristes.
Le gouvernement sud-africain vient ainsi mercredi d’accuser les Etats-Unis et le Royaume-Uni d’avoir récemment publié un avertissement sur le risque d’attentats dans le pays, et ce, sur la base unique et commune d’une seule source douteuse.

« Les informations qui ont servi à la diffusion de la dernière alerte sur l’Afrique du Sud sont très partielles », affirment le ministère sud-africain des Affaires étrangères et les services de renseignements sud-africains dans un communiqué commun. Ajoutant que ces dernières « sont douteuses, sans fondement et fournies par une source contestable et basées sur des conclusions discutables ». Tout de même …

« L’Afrique du Sud dénonce les tentatives destinées à faire croire à l’inaptitude du gouvernement » et « à provoquer (…) une hystérie publique sur la base d’une seule source douteuse », insiste par ailleurs le communiqué. Mettant ainsi directement en cause les gouvernements anglo-saxons pour avoir diffusé des informations non vérifiées mais susceptibles de provoquer la panique dans le pays.

L’objet au final recherché, alors que le pays est d’ores et déjà mis sur la sellette par les agences de notation ?

Le fort recul du PIB sud-africain au premier trimestre (-1,2%) – annoncé mercredi – fait en effet de nouveau planer le spectre d’une récession sur l’économie du pays. Lequel tourne au ralenti depuis près de deux ans, minée par la chute des cours des matières premières et une sécheresse exceptionnelle. L’Afrique du Sud pourrait au final connaître sa première récession depuis 2009.

L’ambassade américaine à Pretoria a pour sa part réagi aux accusations du gouvernement sud-africian en affirmant que son avertissement était basé sur des informations spécifiques et crédibles.

Ce différend intervient alors qu’en fin de semaine dernière, les Etats-Unis avaient mis en garde leurs ressortissants vivant en Afrique du Sud contre le risque imminent d’attentats fomentés par des islamistes, notamment dans les centres commerciaux de luxe de Johannesburg et du Cap, endroits visités par des étrangers . Le Royaume-Uni avait publié dans la foulée une alerte similaire.

Lundi, Brian Fikani Dube, porte-parole du ministère de la Sécurité, avait assuré que l’Afrique du Sud était un État « démocratique, fort et stable et [qu’]il n’y a pas de danger immédiat ». « Les autorités n’ont pas renforcé la sécurité car les cibles potentielles évoquées par les États-Unis et le Royaume-Uni sont déjà dans notre radar », avait ajouté le porte-parole.

Mercredi, Pretoria a également invité les ambassades étrangères « à suivre les bons canaux quand il s’agit de communiquer sur le terrorisme », faisant part aux ambassades concernées de son mécontentement sur la manière dont le sujet a été traité.

L’Afrique du Sud, qui compte 1,5% de musulmans parmi ses 53 millions d’habitants, n’a pour l’heure pas été frappé par des attaques terroristes perpétrées par des islamistes, contrairement à d’autres aux pays de l’Afrique subsaharienne tels que Kenya, Burkina Faso et Côte d’Ivoire.

A noter par ailleurs que le pays compte lancer un important programme nucléaire dans les prochaines années via la construction de sept à huit centrales. L’objectif est de palier ses problèmes d’énergie, dont son industrie minière est très consommatrice. Un projet ambitieux de plusieurs dizaines de millions d’euros pour lequel plusieurs pays sont en lices, dont la Russie, la Chine, la France, la Corée du Sud, mais également les Etats-Unis via l’américain Westinghouse, lequel s’est récemment heurté à son concurrent Areva en Afrique du Sud. Alors que les géants mondiaux du nucléaire attendent l’appel d’offre du gouvernement sud-africain depuis de nombreux mois, ce dernier ayant été maintes fois reporté, une délégation française s’est ainsi rendue au début de juin en Afrique du Sud pour y rencontrer les différents acteurs.

Le pays projette d’acquérir jusqu’à huit réacteurs nucléaires d’ici 2023 en vue de produire globalement 9 600 mégawatts d’électricité. L’opération est néanmoins en attente depuis le début des années 2000. Le projet est controversé en raison notamment de son coût élevé, évalué à environ 40 milliards d’euros.

A l’heure actuelle, l’Afrique du Sud possède une centrale nucléaire près du Cap, la seule du continent, fournie par des industriels français et en service depuis plus de 25 ans. Le réseau électrique de l’économie la plus industrialisée d’Afrique, basé essentiellement sur le charbon, frôle en permanence la saturation.

Précisons en fin que mercredi dernier, l’Afrique du Sud a évité mercredi une dégradation de sa note souveraine par l’agence Fitch, laquelle l’a maintenue à BBB- et annoncé des perspectives « stables ».

Quelques jours auparavant , l’agence de notation Standard and Poor’s Global Ratings avait également maintenu à BBB- la note de l’Afrique du Sud, mais avec des perspectives « négatives ». Pour ces deux agences anglo-saxonnes, le pays reste juste un cran au-dessus des catégories spéculatives, statut qui dissuade de nombreux investisseurs internationaux d’acheter des obligations souveraines.

Affaire à suivre …

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