Le long combat des militants africains pour décoloniser les rues de Berlin
Par Aimie Eliot
Le Monde
Depuis quarante ans, des associations effectuent un travail de sensibilisation pour faire redécouvrir le passé colonial allemand, peu connu.
La place Nachtigal et l’avenue Peters, à Berlin, portent le nom de figures controversées de l’histoire coloniale allemande. Crédits : MICHELE TANTUSSI/AFP
Rue du Togo, du Cameroun ou encore du Ghana : au détour d’une dizaine d’artères, l’Afrique surgit dans le quartier résidentiel sans charme de Wedding, dans le nord-ouest de Berlin. Cet Africanisches Viertel (« le quartier africain »), comme le surnomment les riverains, fait bondir Mnyaka Sururu Mboro, fondateur de l’association Berlin Postkolonial : « Il ne mérite qu’un seul nom, le quartier colonial ! », tonitrue l’enseignant à la retraite d’origine tanzanienne dans un café des alentours où le même Formica semble sommeiller depuis 1978, année où il a posé ses valises dans la capitale allemande.
Alors qu’on lui vantait un Berlin-Ouest ouvert sur le monde, idéal pour y poursuivre ses études, il découvre qu’on y glorifie le passé colonial allemand. « Cela n’avait rien d’un hommage à l’Afrique, comme je l’ai d’abord naïvement cru, se souvient-il. La rue Transvaal évoque la colonie sud-africaine où vivaient les Boers, colons d’origine allemande, entre autres, et la rue Tanga un poste militaire d’Afrique orientale allemande. Ce sont tous des endroits qui évoquent implicitement la domination allemande sur le continent. »...
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