Le FBI et le Président - Manipulation mutuelle (ICH)

Le FBI et le Président - Manipulation mutuelle
Article originel : The FBI and the President – Mutual Manipulation
Par James Petras*
Information Clearing House

Traduction SLT

Peu d'organisations gouvernementales ont violé les droits constitutionnels des citoyens étatsuniens depuis aussi longtemps et contre autant d'individus que le Federal Bureau of Investigation (FBI).  Il y a rarement eu une plus grande collusion dans la perpétration de crimes contre les libertés civiles, la liberté électorale et la liberté d'expression libre et licite que ce qui s'est produit entre le FBI et le ministère de la Justice étatsunien.

Dans le passé, le FBI et le ministère de la Justice ont obtenu le soutien enthousiaste et l'approbation publique des membres conservateurs du Congrès étatsunien, des membres de l'appareil judiciaire à tous les niveaux et des médias.  Les principales voix libérales, personnalités publiques, éducateurs, intellectuels et dissidents progressistes qui s'opposaient au FBI et à leurs tactiques de chasse aux sorcières venaient tous de la gauche.  Aujourd'hui, la droite et la gauche ont interverti leur place : les voix les plus puissantes en faveur des falsifictaions du FBI et du ministère de la Justice, et les abus des droits constitutionnels sont à gauche, du côté de l'aile libérale du Parti démocrate et de célèbres médias libéraux et les faiseurs d'opinion publique.

La note de service récemment publiée par le Congrès, rédigée par le député Devin Nunes, prouve amplement que le FBI a espionné les travailleurs de la campagne Trump dans l'intention de saper le candidat républicain et de saboter sa candidature à la présidence.  Des enquêteurs du secteur privé, recrutés par Hillary Clinton, la rivale de Trump, et le Comité national démocrate, ont travaillé avec des agents pro-Clinton au sein du FBI et du ministère de la Justice pour violer le processus électoral national tout en violant les règles régissant les écoutes téléphoniques sur les citoyens étatsuniens.  Cela a été fait avec l'approbation du président démocrate en exercice Barack Obama.

Les libéraux et démocrates et leurs alliés du FBI, la police politique et d'autres éléments de l'appareil de sécurité étatique ont été profondément impliqués dans une tentative d'impliquer les responsables du gouvernement russe dans un complot visant à manipuler l'opinion publique étatsunienne au nom de Trump et à corrompre le résultat des élections.  Cependant, le FBI, le ministère de la Justice et le procureur spécial Robert Mueller n'ont produit aucune preuve de collusion liant le gouvernement russe à une campagne visant à saper la candidature de Hillary Clinton en faveur de Trump.  Malgré des milliers d'entretiens et de menaces de longues peines de prison contre d'anciens conseillers de la campagne Trump.  Au lieu de cela, ils concentrent leur attaque sur la promesse électorale de Trump de trouver un terrain d'entente pour améliorer les liens économiques et diplomatiques entre les États-Unis et la Russie, en particulier en affrontant les terroristes jihadistes.

La cohorte progressiste-libérale du FBI s'est transformée en un Russia bashing rageur exigeant que Trump prendre une position très agressive contre Moscou, tout en éliminant systématiquement ses conseillers militaires et de sécurité qui ont exprimé des sentiments anti-confrontation.  Dans l'esprit d'un Joe McCarthy, la gauche libérale a lancé des attaques hystériques contre tous les conseillers de la campagne Trump qui avaient parlé, dîné ou échangé avec tout Russe !

La conversion du libéralisme à la poursuite des purges politiques est sans précédent.  Leur amnésie collective à propos de l'implication à long terme et à grande échelle du FBI dans les pires violations criminelles des valeurs démocratiques est répréhensible.  La croisade anticommuniste du FBI a conduit à la purge de milliers de syndicalistes à partir du milieu des années 1940, décimant l'AFL-CIO.  Ils ont dressé une liste noire des acteurs, scénaristes, artistes, enseignants, universitaires, chercheurs, scientifiques, journalistes et défenseurs des droits civiques dans le cadre de leur purge générale de la société civile.

Le FBI a enquêté sur la vie privée de Martin Luther King et Malcolm X, menaçant même les membres de leur famille.  Ils espionnaient et infiltraient illégalement les organisations de libertés civiles, et utilisaient des provocateurs et des espions dans les groupes anti-guerre.  Des vies humaines ont été détruites, certaines ont été poussées au suicide; d'importantes organisations populaires étatsuniennes ont été minées au détriment de millions d'autres.  C'est ce qui a été son centre d'intérêt depuis ses débuts et se poursuit avec la fabrication actuelle de propagande et d'enquêtes anti-russes.

Le président Trump: Victime et exécuteur testamentaire
Le président Trump a poursuivi un programme reflétant les opérations de police d'État du FBI - seulement à l'échelle mondiale.  La violation du droit international par Trump comprend la collaboration et le soutien à l'invasion tyrannique de l'Arabie saoudite et à la destruction de la nation souveraine du Yémen; l'intensification de l'aide et du soutien à la guerre ethnique d'Israël contre le peuple palestinien; des sanctions sévères et la menace d'une première frappe nucléaire contre la Corée du Nord (DPRK); l'intensification du déploiement de forces spéciales étatsuniennes en collaboration avec la guerre terroriste du djihad pour renverser le gouvernement légitime de la Syrie; le coup d'État, le sabotage, les sanctions et le blocus économique du Venezuela; l'encerclement nucléaire et les missiles de la Russie par l'OTAN; et les menaces navales croissantes contre la Chine.

Sur le plan national, la réponse de Trump au chantage du FBI a consisté à remplacer les premiers dirigeants politiques par sa propre version; à élargir et à accroître les pouvoirs de l'État policier contre les immigrants; à  étendre le pouvoir des agents de l'État pour torturer les suspects et saturer tous les événements, célébrations et activités publics avec des manifestations ouvertes de jingoïsme et de militarisme dans le but de créer une opinion publique favorable à la guerre.

En un mot : de droite à gauche, il n'y a pas d'options politiques parmi les deux partis politiques au pouvoir.  Les mouvements politiques populaires et les manifestations de masse se sont levés contre Trump avec une justification claire, mais ont depuis lors été dissous et absorbés. Ils sont venus de divers secteurs: les femmes contre les abus sexuels et l'humiliation sur le lieu de travail; les Afro-étatsuniens contre l'impunité et la violence policières; et les immigrants contre l'expulsion massive et le harcèlement.  Ils ont organisé des manifestations de masse, puis ont décliné car leur animus "anti-Trump" était frustré par les libéraux-démocrates décidés à poursuivre la connexion russe.

Face à la débâcle nationale-politique, les mouvements locaux et régionaux sont devenus le véhicule de soutien des luttes. Les femmes se sont organisées sur certains lieux de travail et ont bénéficié d'une meilleure protection de leurs droits; les Afro-Etatsuniens ont clairement documenté et publié des preuves vidéo de la violation systématique et brutale de leurs droits par l'État policier et ont efficacement agi pour contenir la violence policière locale dans quelques localités; Les travailleurs immigrés et surtout leurs enfants ont acquis une large sympathie publique et des alliés au sein d'organisations religieuses et politiques; les mouvements anti-Trump combinés aux critiques de l'appareil libéral/démocrate pour construire des mouvements plus larges et surtout s'opposer à la montée de la guerre.

À l'étranger, les guerres bipartites n'ont pas réussi à vaincre les luttes d'État indépendant et de résistance populaire de masse pour la souveraineté nationale partout dans le monde - de la Corée du Nord, de l'Iran, du Yémen, de la Syrie, du Venezuela et d'ailleurs.

Même la lutte au sein du parti réactionnaire bicéphale de l'oligarchie étatsunienne a eu un effet positif.  Chaque camp est déterminé à révéler les crimes de l'autre.  Dans un sens historique sans précédent, les États-Unis et le public mondial sont témoins des espions, des mensonges et des crimes des dirigeants et de l'élite aux heures de grande écoute et sur grand écran.  On va dans deux directions.  Dans un sens, il y a les menaces de guerre nucléaire, l'effondrement économique, les catastrophes environnementales et un État policier complètement détruit.  Dans l'autre sens, il y a la disparition de l'empire, une société civile revitalisée et renouvelée, enracinée dans une économie participative et un ordre moral renouvelé.

* James Petras est professeur émérite de sociologie à l'Université de Binghamton, New York. https://petras.lahaine.org/