QUEL JEU JOUE LA FRANCE AU CONGO-BRAZZAVILLE ? Par Nassimina Mêrii. Congo-Liberty
En lisant un article de presse paru dans Africatime, j’ai découvert les raisons ayant conduit le consultat de France à refuser les visas à quelques hommes politiques congolais voulant assister aux Assises de Paris.
Voici ce que dit, entre autres, l’article d’ Africatime :
«Pas de visa Des opposants de l’intérieur sont invités aux assises. Mais, déjà, plusieurs ne pourront pas participer. Maître Hervé Ambroise Malonga, président d’honneur du mouvement Sauvons le Congo, n’a pas pu prendre son avion hier soir, faute de visa : « Alors que nous avons déposé régulièrement des dossiers au consulat de France, il nous a été signifié que les visas ne pourront pas nous être attribués au motif que l’objet des assises ne paraît pas être fiable. Quelques éléments nous conduisent de dire qu’il s’agit d’une mainmise des autorités de Brazzaville ». http://fr.africatime.com/congo/articles/des-assises-paris-pour-empecher-sassou-nguesso-de-rester-au-pouvoir#sthash.pKsGnlLZ.dpuf
Ce n’est pas tant le refus des visas qui est choquant ici, mais c’est le motif avancé de leur non délivrance qui est scandaleux et incompréhensible à l’homme ordinaire que je suis. La décision de délivrer des visas ;a des étrangers par un pays est souveraine. Cela va de soi. Mais prendre position dans le débat politique du pays où on est accrédité est discutable.
Au nom de quoi ces fonctionnaires français peuvent-ils s’immiscer dans le débat politique congolais en prétendant que «l’objet des assises ne paraît pas être fiable». Il ne paraît pas fiable à eux ou aux congolais ? Qui sont-ils pour juger du contenu des débats que les congolais doivent avoir entre eux ? Si l’objet des assises ne leur paraît pas être fiable, donc les porteurs de ce projet ne leur sont pas fiables étant donné il est difficile de dissocier un projet de son initiateur. Alors, pour la France, le projet de quel acteur politique congolais est fiable ?
Le refus du visa serait compréhensible si les demandeurs des visas posaient, par exemple, un risque à l’ordre public français. Or, pour prendre que les exemples de Mes Malonga et M’pouélé, ils ont déjà effectué plusieurs voyages aller/retour entre la France et le Congo sans que l’ordre public français, par exemple, en soit perturbé par leurs visites. La raison est donc à rechercher à ailleurs.
Chers compatriotes, pour connaître une personne, il suffit parfois de petits détails de ses pour circonscrire ses traits de caractère. En droit et en diplomatie, on a coutume de dire que le diable se trouve dans les petits détails. Eh bien, pour ceux et celles qui se berçaient encore d’illusions sur la politique du Congo de Mr Homme conduite par Mrs Fabius et Le Drian, ils doivent se désillusionner.
Des diplomates appliquent les politiques et décisions de leur gouvernement. Donc les fonctionnaires du consulat de France ont refusé la délivrance des visas aux membres de l’opposition au régime du PCT sur ordre de leurs gouvernants. En décrétant que l’objet des assises pour une alternance politique au Congo ne leur paraissait pas fiable, le gouvernement de la France prend position dans le débat politique portant sur l’alternance politique au Congo.
Ce n’est point une surprise pour ceux et celles qui suivent l’actualité politique franco-congolaise. Toutes et tous avions assisté comment Le Drian a été manœuvré par le PCT fin 2013 et début 2014 au point de témoigner de sa présence à la mascarade du show organisé par le couple Attias aux frais du contribuable congolais. Nous avons aussi assisté comment Fabius était obligé d’aller se prosterner devant le président Sassou après qu’il ait boudé la rencontre de l’Elysée suite aux propos tenus dans Paris-Match par Sassou sur son fils. Aujourd’hui, il s’est installée une proximité personnalisée entre ces deux ministres français et le président Sassou, laquelle proximité serait inimaginable avec les gouvernants Allemand, Russes ou U.S.
Cette proximité avec le régime du Congo ce n’est pas pour les yeux doux des gouvernants congolais. Détrompez-vous. C’est pour, entre autres, les facilités économiques à Total et l’argent dont le PS a bien besoin pour sa campagne de 2017.
Ainsi du Sassou pestiféré avec qui Hollande ne voulait surtout pas s’afficher en photo, on est passé au Sassou que l’on rencontre nuitamment à l’Elysée, et pour finir au Sassou bailleur de fonds et octroyeur de crédits d’impôts aux entreprises françaises. Or, la main qui donne est toujours au-dessus de la main qui reçoit. Et comme disait un membre du cercle fermé du PCT, «on a fini par avoir ce Hollande par l’usure». Avec les derniers crédits d’impôt accordés à Total, la boucle est bouclée: la France est au service de Sassou. Ce qui explique, entre autres, le silence de la France dans les affaires Tsourou et l’expulsion des centaines de milliers des frères et soeurs de la RDC.
Nous avions commis des erreurs lors de la conférence nationale de 1991 en laissant les étrangers dont les français s’immiscer dans nos affaires intérieures et nous savons ce que nous a coûté cette immixtion: la guerre en 92-93 et 97-2002, et ce au grand bonheur de la France qui a financé les seigneurs de guerre des deux camps. Qui tient la dette, contrôle le gouvernement comme disent les banques qui vivent du sang des pays faibles comme le nôtre. Ne commettons pas la même erreur pour 2016.
Les gouvernants de la France nous haïssent, PS et UMP confondus. Ils ne sont pas pour notre Bonheur. Ils ne sont pas pour notre développement et encore moins pour notre unité. Nos malheurs font leur Bonheur comme hier les malheurs du people frère angolais faisaient leur bonheur. Tout le monde se souvient des photos de Savimbi entourées du ministre RPR Michel Roussin et de Mr Olivier le missi diminici des régimes français, en pleine zone de guerre en Angola.
Le salut de notre pays nous appartient. Le personnel politique français n’en veut qu’à notre argent. Aussi, le temps est venu de sortir de la puérilité qui nous caractérise parfois dans nos relations avec la France, pour accepter de devenir des adultes maîtres chez eux. Si nous voulons nous affranchir de la servitude dans laquelle les gouvernants français veulent perpétuer, prenons notre destin en main et sachons distinguer qui sont nos partenaires de combat et qui sont nos ennemis. Le gouvernement français est contre l’alternance politique au Congo. Ce gouvernement supporte le statut quo dans notre pays.
Quand vous analysez l’histoire des changements politiques en Afrique, c’est de l’intérieur d’un pays et de ses frontières qu’est venu le salut. Museveni avait l’appui de la Tanzanie; le Rwanda celui de l’Ouganda; Kabila père celui de l’Ouganda et du Rwanda; l’Angola celui du Congo-Brazzaville; la Namibie celui de l’Angola, l’Afrique du Sud celui des pays de la ligne de front de l’Afrique Australe, etc.
Quand les changements sont intervenus dans ces pays, l’étranger était contraint d’accepter la nouvelle donne. Aussi, nous (PCT et Opposition) n’allons pas chercher nos alliés ailleurs que dans la sous-région. Regardons ce que les gouvernants français et leurs alliés ont fait de la Lybie, de la RCA, de la RDC et hier de l’Angola qu’ils avaient mis à feu et à sang. Pour prendre le cas de la RCA, les gouvernants français avaient cru bon de se débarrasser du régime Bozizé en supportant les Séléka pour vite se raviser en laissant éclore les Anti-Balaka. Après, ils viennent nous dire «qu’ils avaient sous-estimé l’état de haine entre les communautés centrafricaines». Mon oeil! Ils ont échoué.
Aujourd’hui, nous avons un SÉRIEUX PROBLÈME POLITIQUE au Congo avec des ramifications sociales et économiques. L’avenir de notre pays dépend de la façon dont ce problème sera résolu: dialogue ou l’éternelle guerre fratricide. C’est à nous de choisir.
Pour ceux et celles qui croient naïvement que le soutien des gouvernants français est pour notre bien, je dis que c’est une politique à court terme. Comme disent les anglo-saxons nous devons «Think outside of the box». Comme Jerry Rawlings le fait pour le Burkina Faso, allons chercher un médiateur régional pour ce conflit fratricide qui s’annonce.
Dans notre sous-région, il n’y a pas mieux que le peuple angolais qui connaît nos défis. Il n’y a pas mieux que le peuple angolais qui sait combien inhumains sont les gouvernants des pays impérialistes tels les USA et France. Allons chercher de l’aide ailleurs pour sortir de cette crise des nerfs qui risque à terme de se transformer en guerre fratricide comme nous savons et aimons le faire. Il n’y a pas de honte à demander de l’aide pour résoudre ses problèmes. Au contraire, c’est une force et une manifestation de la maturité.
Les Hommes font l’histoire, mais ils ne savent pas l’histoire qu’ils font, me disait un de mes professeurs à Paris II Panthéon-Assas. À la fin de la guerre 14-18, les vainqueurs avaient imposé des termes d’armistice humiliants au vaincu. Quelques années plus tard, on avait Hitler et sa seconde guerre mondiale. Aussi, pour ce qui est du Congo, allons vers la médiation auprès d’une partie tierce. Après l’opération d’expulsion des frères et sœurs de la RDC, Pierre Ngollo disait être venu à Luanda pour chercher des conseils de Dos Santos pour le président Sassou. Pourquoi, l’opposition et le PCT ne peuvent pas aller à Luanda pour chercher des conseils de Dos Santos pour ce qui est de l’épineuse question de la constitution?
Ni avant ni après la guerre de 1997, aucun opposant politique n’a rendu visite à Dos Santos pour expliquer leur position. Tout le monde sait que le PCT est au pouvoir grâce au président Dos Santos. Celui-ci sait le prix fort payé par les populations frontalières du Front # 1 du MPLA dans la lutte de libération de l’Angola et lors de la guerre civile avec l’UNITA. Donc le président Dos Santos n’est pas un étranger aux maux qui minent notre pays. Les congolais DOIVENT LUI RENDRE VISITE à Luanda. Dos Santos est un brazzavillois comme nous. Dos Santos a dans son cabinet et dans son haute administration plusieurs individus ayant des liens de sang et d’amitié avec le Congo.
Que nous soyons de l’opposition ou du PCT, oublions les gouvernants français pour conserver ou conquérir le pouvoir. Leur soutien n’est que désolation pour nous. Leur devise est : DIVISER POUR MIEUX REGNER. Mais nous les congolais, nous voulons l’UNITÉ DES FILLES ET FILS de notre pays.
Nassimina Mêrii.