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Double discours (1/3). Le soutien médiatico-politique français envers les djihadistes en Libye légitime implicitement la radicalisation islamiste en France

par SLT 1 Avril 2018, 17:39 Djihadisme France Libye Al-Quaïda Collaboration Impérialisme Attentat Médias Fake News Propagande de guerre Articles de Sam La Touch

Al Nosra (c) Rami Al Sayed AFP

Al Nosra (c) Rami Al Sayed AFP

Depuis 2011, nous assistons à un paradoxe français : un soutien gouvernemental plus qu'implicite à des rebelles djihadistes en Libye, en Syrie et de l'autre côté un discours médiatico-politique de condamnation des djihadistes français qui commettent attentats sur attentats en France. Cette duplicité impensée émanant du magistère politico-médiatique plonge les citoyens dans une profonde aliénation qui, parce que les médias et les autorités françaises refusent de faire le lien entre ces deux pôles (soutien aux djihadistes à l'étranger et attitude opposée en France) légitime implicitement la radicalisation islamiste en France et de fait atténue implicitement les attentats émanant des terroristes djihadistes. Comment comprendre ce soutien médiatico-politique en Libye, en Syrie et ce silence médiatique sur les liens passés et récents entre l'Etat français et les djihadistes à l'étranger ? Comment comprendre ce refus de penser les attentats terroristes islamistes en France comme un retour de flammes d'une politique criminogène et impérialiste concertée ? Ne s'agit-il pas d'un soutien envers les méthodes de ces djihadistes (attentat suicide au nom de l'Islam, Islam politique, charia...) au service des intérêts français à l'étranger ? Les djihadistes sévissant en France ne peuvent-ils pas s'en sortir légitimés dans leurs actions en interne ? Après tout si l'élite française au pouvoir soutenue par les médias de masse trouvent des circonstances atténuantes aux "rebelles", "résistants" djihadistes dans leur action à l'extérieur de l'Europe pourquoi ceux-ci ne s'en sentiraient pas légitimer dans leurs actions en interne, en "Occident" ? Tant que le magistère politico-médiatique refusera de penser et de révéler la part de responsabilité de la France et des Etats atlantistes alliés dans cette floraison du djihadisme dans le monde, en France et en Europe, les terroristes islamistes s'en trouveront légitimés partout où qu'ils soient et où qu'ils agissent. Le discours médiatico-politique implicite peut apparaître comme un soutien voire une apologie du djihadisme là-bas ... et compris par les djihadistes comme un soutien du djihadisme ici ! Une condamnation à deux vitesses ne fait qu'entretenir le flou des condamnations morales et politiques des acteurs étatiques et médiatiques sur les djihadistes qui ne peuvent que s'en retrouver légitimer. Quand c'est flou c'est qu'il y a un loup !

Nous aborderons tout d'abord le cas de la Libye dans cette première partie (puis de la Syrie et enfin du Yémen) où de nombreux djihadistes ont opéré avec la bienveillance plus ou moins explicite de l'Etat français et de ses alliés atlantistes dans le cadre de l'action concertée de l'OTAN.

A. Le cas de la Libye
I. Soutien envers les rebelles djihadistes en Libye et retour de flammes en Occident
1. Soutien français envers les rebelles djihadistes en Libye
2. Des terroristes occidentaux formés avec les djihadistes en Libye font des attentats en France et en Grande-Bretagne

II. Fake news médiatiques
1. Fake news médiatique pour légitimer la guerre française et britannique en Libye
2. Campagne d'incitation à la haine raciale et médias qatari et occidentaux

 

A suivre...
B. Le cas de la Syrie
C. Le cas du Yémen

A. Le cas de la Libye

I. Soutien envers les rebelles djihadistes en Libye et retour de flammes en Occident
1. soutien français envers les rebelles djihadistes en Libye
D'abord, revenons sur des faits précis. En 2011, la France se lance dans une guerre dans le cadre de l'OTAN et de l'ONU contre l'Etat libyen de Kadhafi. Elle va alors soutenir et entraîner des "rebelles" djihadistes islamistes pourtant condamnés par Kadhafi. Le régime de Kadhafi n'a jamais compris pourquoi l'Etat français qui l'accueillait à bras ouvert en 2007 à Paris, a décidé de l'attaquer en 2011 alors qu'il luttait contre le djihadisme terroriste en Libye et en Afrique du nord. Selon The Telegraph, Kadhafi avait averti dès le 25 février 2011, de la menace djihadiste en Libye. L'enregistrement de conversations téléphoniques révèle que le colonel Muammar Kadhafi avait lancé un avertissement 'prophétique' à Tony Blair où il déclarait que les djihadistes attaqueraient l'Europe si son régime devait s'effondrer.

"Je tiens à vous dire la vérité. Cette situation n'est pas aussi compliquée qu'on le pense, en fait, tout est très simple: il y a des cellules dormantes de l'organisation terroriste Al-Qaïda en Afrique du Nord. Ces cellules dormantes en Libye ressemblent à celles basées aux États-Unis à la veille du 11 septembre", a indiqué Mouammar Kadhafi.

"Ils (les djihadistes) ont mis la main sur des armes et ils terrorisent les gens qui par conséquent restent cloîtrés chez eux. Nous avons demandé à tous les journalistes du monde de venir voir la vérité. Ce sont des bandes armées. Il est impossible de négocier avec eux. Ils veulent contrôler la Méditerranée et puis ils attaqueront l'Europe", a-t-il ajouté.


La prédiction sinistre de Kadhafi a été faite dans deux appels téléphoniques désespérés avec Blair le 25 février 2011 - alors que la guerre civile engloutissait la Libye. Kadhafi avait également prévenu que les djihadistes d'Al Qaïda sévissaient en Libye et que le risque était grand, en cas de destruction de l'Etat libyen de l'essor du terrorisme dans la région et de l'arrivée massive de migrants en Europe.

Les faits lui donneront raison mais le soutien français, britannique et étatsunien avec le Qatar envers les rebelles djihadistes dont bon nombre se revendiquaient d'Al Qaida ne cessera de se renforcer durant la campagne otanesque contre l'Etat Kadhafi.

Ainsi le Groupe islamique combattant libyen (GICL), dont Abdelhakim Belhadj deviendra l’émir, nourrit une proximité certaine avec Oussama Ben Laden, chef d’Al-Qaïda. Les deux hommes se croisent plusieurs fois en Afghanistan à partir de 1989. Lors d’une réunion à Kandahar en 2000, Belhadj –  connu sous le nom d’Abou Abdallah al-Sadek – aurait décliné l’offre du Saoudien de rejoindre un combat déterritorialisé contre l’Occident, pour se concentrer sur son but : faire chuter Kadhafi. Dès lors il deviendra l'allié des Occidentaux pour faire tomber Kadhafi lors de la "révolution libyenne" menée par l'OTAN contre Kadhafi. Entre temps, il aura été arrêté par la CIA puis livré à Kadhafi avant d'être relâché pour servir d'agents libyens pour lutter contre les islamistes mais il fera défection durant la guerre libyenne pour se ranger à nouveau du côté des "rebelles" djihadistes.
(JAI Libye : Abdelhakim Belhadj, du jihad au business).

Selon Mondafrique, « Le PC opérationnel de la rébellion libyenne était installé dans l’ile de Djerba et le Qatar a usé alors de cette duplicité qui lui sert de ligne politique, pour imposer Abdelhakim Belhadj comme chef du soulèvement anti Kadhafi », c’est ce que soutient Mohamad Jibri dans ses confidences au Hayat. L’ancien Premier ministre précise : « Le Qatar a bien aidé le soulèvement anti Kadhafi, mais la principauté menait une politique de deux fers au feu. Le premier était une alliance sous le drapeau de l’Otan, l’autre était le soutien au courant de l’islam politique. C’est ce dernier qui, non dit,  avait ses faveurs et constituait son allié privilégié».

Le Qatar misait sur Belhadj tout comme la France pour mener la rebellion à côté du soutien français au Conseil National de Transition libyen (que la France fut la première à reconnaître). En somme les djihadistes ont été instrumentalisés par les puissances occidentales en synergie avec le Qatar pour défaire Kadhafi mais aussi affaiblir le CNT :  « Al Qaida, les takfiristes, les djihadistes ont été instrumentalisés par certains cercles occidentaux dans le but de les canaliser et de les diriger vers des lieux précis, non pour affronter l’Otan ou les force de Kadhafi, mais pour les contenir. Le courant islamiste devrait veiller à éviter de servir de prétexte à une intervention militaire étrangère, les djihadistes devaient être invisibles, cela pour la crédibilité de la « libération » telle que conçue par l’Occident». (Mondafrique Libye, des révélations sur Sarkozy de l’ ancien numéro un du CNT).

Ce djihadiste fut soutenu par l'OTAN, le Qatar et la France au point d'en faire une figure centrale de la "révolution" libyenne avec ses troupes de rebelles djihadistes : " ce djihadiste est le nouveau meilleur allié des généraux de l'Otan. C'est eux qui l'ont désigné comme commandant en faisant de lui leur principal interlocuteur lorsqu'il s'est agi de mettre sur pied l'opération Aube de la sirène (nom de code de la prise de Tripoli). Eux encore qui l'ont officiellement adoubé lors d'une réunion organisée au Qatar, le 29 août, pour faire le point sur la suite de l'intervention. À Doha, Belhadj a même rencontré le chef d'état-major de Nicolas Sarkozy, le général Benoît Puga, qui est tombé complètement sous le charme et assure que l'homme n'a rien à voir avec les accusations portées contre lui." (Le Point Libye : Abdel Hakim Belhadj, le commandant aux deux visages.  Le Point.fr a suivi dans son quartier général le nouvel homme fort de Tripoli, suspecté d'avoir appartenu à al-Qaida, mais adoubé par l'Otan).


Le journaliste Jean-Marie Bourget signalera la collusion entre le leader djihadiste Belhadj et le magistère médiatico-politique parisien dans un article de Mondafrique intitulé : « Le jihadiste libyen Belhadj tombe dans une embuscade à Paris ». Lors de sa visite à Paris, le 30 avril 2014, dans une conférence de presse avec une journaliste du Monde, Isabelle Mantraud, deux hommes ont dénoncé les actions de Belhadj en Libye : " « Cet homme que vous avez devant vous est un criminel contre l’humanité, un bourreau tortionnaire qui à régné sur un abattoir humain installé dans un hôtel désaffecté lors de la chute de Kadhafi. Assassin ! Assassin ! Criminel ! ».  Ils ont été arrêtés par la police et la conférence a pu se poursuivre. Certains se sont étonnés de la collusion entre la journaliste du Monde avec le djihadiste anti Kadhafi. (cf la conférence de presse en vidéo ci-dessous).

Tunisie Secret s'étonne de la position du Monde sur cette affaire : "isabelle Mandraud, journaliste au Monde ou chargée de la communication d’Abdelhakim Belhadj ?"

 Selon le chercheur Pierre Berthelot à l'Institut de Prospective et de Sécurité, la France et d’autres membres de l’OTAN intervenus en Libye en 2011, ont soutenu d’anciens combattants d’Al-Qaïda : «Abdelhakim Belhadj, devenu par la suite gouverneur militaire de Tripoli, était le chef de la filiale libyenne de l’entité Al-Qaïda d’Oussama Ben Laden», a-t-il déclaré.

Selon Max Blumenthal dans un article sur Alternet : "le président français Nicolas Sarkozy, sujet de l’influence politique qatari a exhorté ses alliés occidentaux à « demander à nos amis arabes » de distribuer des armes au Conseil national de transition, l’organe officiel de l’opposition libyenne. Quand une livraison française de missiles et de mitrailleuses est arrivée au port de Benghazi, le ministre de la Défense intérimaire du CNT les a remis à Belhaj et au GICL. Au fur et à mesure que l’insurrection se développait, Belhaj a trouvé un allié puissant en la personne de John McCain, le président républicain du Comité des relations extérieures du Sénat. Après un rendez-vous amical avec Belhaj et ses miliciens à Benghazi le 22 avril 2011, McCain a appelé les « nations responsables » à fournir aux rebelles libyens « renseignements, formation et armes ». McCain émergea de la réunion rempli d’inspiration. « J’ai rencontré des combattants courageux, et ils ne sont pas al-Qaida », déclara le sénateur. « Au contraire : ce sont des patriotes libyens qui veulent libérer leur nation. Nous devons les aider, »." (Alternet Comment les États-Unis, (la France) et le Royaume-Uni, en Libye et en Syrie, ont aidé les djihadistes comme Salem Abedi. L’attentat de Manchester est le résultat des interventions désastreuses de l’Occident)


Selon Consortium News, la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis ont effectivement détruit la Libye en tant qu’état moderne. Selon ses propres enregistrements, l’OTAN a lancé 9 700 « frappes » dont plus d’un tiers ont touché des cibles civiles. Elles comprenaient des bombes à fragmentation et des missiles à ogives contenant de l’uranium. Les villes de Misurata et de Syrte ont tapissées de bombes. L’Unicef, l’organisation de l’ONU qui s’occupe des enfants, a déclaré qu’une forte proportion des enfants tués « avait moins de dix ans ».

L'action occidentale de soutien envers les djihadistes ne s'est pas arrêté à la Libye. Selon Salon, peu de temps après le renversement de Kadhafi, des djihadistes soutenus par la France, les Etats-Unis ont aidé la C.I.A. à convoyer des armes à feu de Benghazi en Syrie. En 2012, les services de renseignement de la Défense (DIA) ont déclassifié un rapport, à la suite des pressions exercées par Judicial Watch dans le cadre d'une procédure de Freedom Information Act. Le document datant d'août 2012 décrit comment les États-Unis ont fini par se retrouver du côté d'Al-Quaïda en Syrie comme ils l'ont fait en Irak avec les prédécesseurs de l'Etat islamique. "Al-Quaïda en Irak a soutenu l'opposition syrienne depuis le début," expliquait le rapport. En attendant, "les pays occidentaux, les États du Golfe et la Turquie soutenaient" les efforts rebelles contre le régime Assad dans une guerre par procuration, combattant ainsi du même côté que les terroristes envahissant maintenant l'Irak et la Syrie.

Certains en ont conclu que cela signifie que "l'Occident a intentionnellement parrainé des groupes Islamistes violents pour déstabiliser Assad." La DIA a fourni une description détaillée de la manière dont les armes ont été expédiées de Benghazi en Syrie, pour alimenter des groupes rebelles terroristes. Ce rapport explique que "les armes des anciennes réserves des militaires de Libye situées dans Benghazi en Libye, ont été expédiées du port de Benghazi aux ports de Banias et d'Islam Borj en Syrie.". (Salon Quand un rapport de la DIA révélait comment des terroristes d'Al-Quaïda en Libye aidaient la CIA à envoyer des armes pour les "rebelles" syriens en 2012).

2. Des terroristes occidentaux formés avec les djihadistes en Libye font des attentats en France et en Grande-Bretagne
De fait, après l'effondrement de l'Etat libyen sous Kadhafi, les djihadistes vont pulluler en Libye mais aussi en Tunisie. Selon Mondafrique, la Libye est à présent le territoire où se retrouve les djihadistes occidentaux : "De nombreux Français s’y trouvent ou y passent après avoir combattu en Irak et en Syrie et avant de rentrer à la maison." : "Vingt-cinq Français séjournaient dans deux anciennes casernes de la sécurité intérieure situées dans la petite ville côtière de Zliten, entre Misrata et Tripoli. Ces deux casernes ont un temps servi de base de repli aux combattants islamistes chassés de Benghazi par l’offensive militaire du général Haftar au printemps 2014.
- Une dizaine de Français se trouvaient dans une caserne d’Ansar al Charia située à proximité de l’aéroport de Syrte, la ville natale du colonel Kadhafi. Comme la plupart des occupants de cette caserne, ces jeunes provenaient de Syrie où ils ont combattu les troupes de Bachar el-Assad.
- En août 2014, après que les islamistes aient repris la capitale Tripoli aux hommes de la milice de Zentan, un camp d’entraînement situé à Mitiga, dans la banlieue de Tripoli, abritait pas moins de 200 djihadistes de nationalité française. Un record d’affluence tricolore…
- At last but not least, dans un hameau situé à une trentaine de kilomètres de la frontière nord avec la Tunisie, se trouve un camp où des djihadistes viennent s’entraîner pour ensuite rejoindre Daech en Irak et en Syrie. La spécificité de ce camp ? Cinq formateurs sont Français. Et aguerris puisqu’ils ont combattu deux ans en Syrie."

Les frères Kouachi, auteurs des tristes attentats contre Charlie Hebdo et l'hypercacher en janvier 2015 sont passés par la Libye pour une formation auprès des milieux djihadistes. D'après Mondafrique : "Selon des sources du renseignement libyen, l’un des frères Kouachi aurait séjourné un mois en Libye au courant de l’année 2013. Il se serait entrainé dans un camp djihadiste situé à une trentaine de kilomètres de la frontière avec la Tunisie."

De même pour le terroriste Salim Abedi à l'origine d'un attentat suicide à la bombe à Manchester qui a tué 22 personnes, durant le concert d'Ariane Grande, le 22 mai 2017. Ce fils d’immigrants anti-Kadhafi au Royaume-Uni, a grandi dans la communauté d’exilés libyens de Manchester. Un rapport du London Telegraph indique que quelques semaines avant son attaque, il avait voyagé en Libye où les milices salafistes et djihadistes se disputent le contrôle du pays déstabilisé. Abedi aurait également voyagé en Syrie pour rejoindre les rebelles extrémistes qui mènent une insurrection depuis six ans contre le gouvernement du pays, avec des milliards de dollars d’aide des alliés occidentaux et du Golfe. Selon le ministre français de l’Intérieur Gerard Collomb, c’est dans ces zones de conflit qu’Abedi s’est radicalisé. Le garçon impressionnable de 22 ans est retourné au Royaume-Uni avec suffisamment de formation pour fabriquer une bombe assez sophistiquée qui a massacré 22 spectateurs, dont beaucoup d’enfants. « Il semble probable – possible - qu’il n’ait pas agi seul », a déclaré à la BBC la ministre de l’intérieur britannique, Amber Rudd. Elle a décrit la bombe comme « plus sophistiquée que certaines que nous avons vues auparavant ». Selon le Telegraph, « Un groupe de dissidents de Kadhafi, membres du Groupe Islamique Combattant en Libye interdit (GICL), habitaient près d’Abedi à Whalley Range ». Parmi eux on trouve Abd al-Baset Azzouz, un expert en bombes qui contrôle une milice affiliée à Al-Qaeda dans l’est de la Libye.

Selon Mark Curtis.infodes preuves suggèrent que l'attentat à la bombe de Manchester, qui a tué 22 personnes innocentes le 22 mai, est un cas de retour de flammes (blowback) des actions manifestes et secrètes du gouvernement britannique sur des citoyens britanniques. Pour résumer, les preuves montrent qu'il y a six aspects d'interconnexion évoquant un retour de flammes de la politique britannique :
" 1. Salman Abedi et son père étaient les membres d'un groupe dissident libyen - le groupe de combat islamique libyen (LIFG) - secrètement soutenu par le Royaume-Uni pour assassiner Kadhafi en 1996. A cette époque, le LIFG était une filiale d'al Qaïda d'Oussama ben Laden et des leaders du LIFG avaient des connexions diverses avec ce réseau terroriste.
2. Les membres du LIFG ont été aidés par 'les services de sécurité' britanniques pour voyager en Libye pour se battre contre Kadhafi en 2011. Tant Salman Abedi que son père, Ramadan, étaient parmi ceux qui ont voyagé pour se battre à ce moment (bien que rien ne prouve que leur voyage ait été personnellement facilité ou encouragé par les services de sécurité).
3. Un grand nombre de combattants du LIFG en Libye en 2011 se sont battus auparavant au côté de l'État Islamique d'Irak - l'entité d'al Qaïda qui a plus tard établi une présence en Syrie et est devenue l'État Islamique d'Irak et de Syrie (EIIS). Ces combattants étaient parmi ceux recrutés dans la rébellion anti-Kadhafi soutenus par les Britanniques.
4. L'action secrète britannique en Libye en 2011 a inclus l'approbation et le soutien envers l'armement des forces d'opposition par le Qatar, qui a inclus le soutien de groupes islamistes extrémistes ; un djihadisme alimenté en Libye.
5. Un des groupes armés/soutenu par le Qatar en 2011 était la Brigade des Martyrs du 17 février qui, selon certains rapports, était l'organisation que Ramadan Abedi a joint en 2011 pour se battre contre Kadhafi.
6.
L'approvisionnement en armes du Qatar envers les Islamistes de Libye en 2011 est également allée aux Islamistes en Syrie, y compris des groupes affiliés à al Qaïda et l'Etat islamique..." ( Markcurtis.info The Manchester Bombing: Blowback from British state collusion with jihadists abroad ).


John Pilger dans Consortium News ajoute : "L’auteur putatif de l’attentat-suicide à la bombe, Salman Abedi, faisait partie d’un groupe extrémiste, le Groupe islamique combattant libyen, qui s’est développé à Manchester et fut préparé et utilisé pendant plus de vingt ans par le MI5. Le GICL est interdit en Grande-Bretagne en tant qu’organisation terroriste, dont le but est l’instauration « d’un État islamique rigoriste » en Libye et « fait partie de la mouvance islamique extrémiste globale, telle qu’elle est inspirée par al-Qaïda ». La preuve éclatante de leur utilisation est que lorsque le Premier ministre Theresa May était secrétaire d’État à l’Intérieur [ministre chargé de la politique intérieure, de l’immigration et de la citoyenneté, NdT], les djihadistes du GICL furent autorisés à voyager sans contrainte en Europe et encouragés à se joindre au « combat »: dans un premier temps pour renverser le colonel Khadhafi en Libye, puis pour rejoindre les groupes affiliés à al-Qaïda en Syrie. L’année dernière, le FBI aurait placé Abedi sur une « liste de surveillance de terroristes » et aurait averti le MI5 que son groupe cherchait une « cible politique » en Grande-Bretagne. Pourquoi n’a-t-il pas été appréhendé et son réseau empêché de planifier et d’exécuter les événements atroces du 22 mai ?(Consortium News Le lien entre la Lybie et la tragédie de Manchester).

 

- Les services de sécurité britanniques connaissaient les liens du kamikaze de Manchester avec l’État islamique (WSWS)

II. Fake news médiatiques

1. Fake news dans les médias pour légitimer la guerre franco-britannique en Libye

Le niveau de fake news balancé par les médias de masse a atteint un niveau rarement atteint. Un professeur de science po, Eppelboin, a dénoncé au micro d'Europe 1 l'intoxication de l'opinion publique par les médias pour légitimer la guerre en libye contre Kadhafi au côté des rebelles djihadistes soutenus par la France dans le cadre de l'OTAN.

Nicolas Hervé ( Ingénieur de Recherche à l’Ina, titulaire d’un doctorat d’informatique de l’université Paris-Sud Orsay et auteur de L’information à tout prix avec Julia Cagé et Marie-Luce Viaud) revient sur les propos d'Eppelboin au sujet de la Libye (à 37'28'') dans l'émission d'Europe 1 :
"...Globalement, je ne dirais pas que les journalistes sont des salauds. Je ne dirais pas que les journalistes veulent désinformer. En revanche moins il y a de journalistes, moins il y aura ce travail là d'analyse critique des informations qui sont diffusées. Et typiquement dans le cadre des guerres..."

Taddeï : "vous voulez dire que c'est une profession qui se paupérise".

Nicolas Hervé : "Qui se paupérise mais c'est surtout qu'elle a de moins en moins les moyens de faire son travail correctement et quand on est sur un théâtre de guerre comme la Libye où en gros c'est l'armée et donc l'Etat qui contrôle l'information qui est diffusée, etc. La manière dont les informations vont être remontées à la population française alors que le pays est en guerre, etc, le gouvernement va naturellement déformer l'information, la faire paraître sous un beau jour, etc. Après la question est de savoir dans quelle mesure est-ce que les journalistes sont conscients ou pas du fait qu'ils relayent une parole officielle sans chercher à en savoir plus ou même à masquer un certain nombre de choses, ça c'est un autre débat. Et on arrive, si l'on parle des médias traditionnels, sur les questions du pouvoir des médias, de qui sont les actionnaires des médias, quelles sont les velléités qu'il y a derrière et ces questions là. Mais ça c'est des questions qui sont différentes de la notion de fake news mais qui ne sont pas complètement décorrélées parce que effectivement la confiance dans la manière dont les médias traitent l'information cela va avoir aussi une influence sur ce que l'on va pouvoir percevoir à côté..."


Fabrice Eppelboin : "Pour revenir sur la Libye si vous vous souvenez bien à l'époque on avait chanté les louanges de ces fameux journalistes citoyens libyens qui informaient les médias occidentaux sur la situation. Il s'est avéré à la suite d'une fuite d'information que ces journalistes libyens étaient une opération d'astro turfing menée par l'armée américaine....Grosso modo il s'agit de faux journalistes citoyens qui en fait était une opération de psy ops de l'armée américaine destinée à faire de l'intox..."
 

Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart avait évoqué sur France inter, le troncage des informations par de grands médias français sous l'emprise du "Château" durant l'ère Sarkozy confortant les dires de Nicolas Hervé sur le contrôle de l'information en temps de guerre. Arfi avait aussi évoqué dans la même émission les fausses informations relayées par les médias traditionnels pour lancer la guerre en Libye de Sarkozy-Cameron-Obama-Clinton.

Ces médias qui ont masqué la collaboration étroite entre djihadistes et l'Etat français et refuse de faire le lien entre cette collaboration et les attentats qui ont eu lieu récemment en France, en Grande-Bretagne et ailleurs sont pour le moins complices.

 

Dans un article publié dans  Global Research, Julie Lévesque à partir des travaux du Professeur Forte publié dans Counter Punch, évoque les mythes, mensonges et conspirations du magazine français L’Express durant la guerre en Libye :
"Les dix plus grands mythes sur la guerre contre la Libye, un article publié en anglais sur le site Counterpunch, sera le point de référence pour démontrer la tendance conspirationniste de L’Express. L’auteur, Maximilian C. Forte, est professeur d’anthropologie à l’Université Concordia et l’auteur de plusieurs livres dont Slouching Towards Sirte: NATO’s War on Libya and Africa (Baraka Books, 2012). Nous explorerons cinq des mythes évoqués par le professeur Forte. Pour chacun d’eux, vous trouverez une liste d’articles publiés sur le site web de L’Express. Nous nous limitons à quelques articles par mythe. Mythe 1 : Le génocide Le professeur Forte explique que ce mythe est issu entre autres de déclarations de l’adjoint du représentant libyen à l’ONU Ibrahim Dabbashi et du président de la Ligue libyenne des droits humains Soliman Bouchuiguir. Tous deux ont délcaré qu’il fallait s’attendre « à un véritable génocide à Tripoli » et que si les forces de Kadhafi atteignaient Benghazi, « il y [aurait] un réel bain de sang, un massacre comme nous l’avons vu au Rwanda ». M. Forte souligne que « le génocide implique la persécution d’un « groupe national, ethnique, racial ou religieux », ce qui n’était pas le cas en Libye. « Au contraire, l’intervention militaire a rendu possible une réelle violence génocidaire » contre les migrants africains et les Libyens noirs, ajoute-t-il.
Articles de L’Express propageant ce mythe : Libye: avancée des pro-Kadhafi, le Conseil de sécurité vote sur la zone d’exclusion  17 mars 2011 -Le colonel Kadhafi prépare un “vrai génocide” en Libye, avait averti auparavant l’ambassadeur adjoint libyen à l’ONU, Ibrahim Dabbachi, qui a fait défection au régime, appelant à une intervention rapide de la communauté internationale, qui tergiversait depuis plusieurs jours...
".

Cinq ans plus tard ces mythes, dont celui du massacre préparé par Kadhafi contre les "rebelles" à Benghazi fut repris à une heure de grande écoute sur France Televisions en septembre 2016 alors qu'il avait été battu en brèche par un rapport parlementaire britannique et bien avant par des investigations d'activistes dès 2011.

 

Lire : - Libye. Benghazi. Radio Sarkozy ment, France TV désinforme

Depuis la chute de Mouammar Kadhafi, la Libye a sombré dans le chaos. Aujourd'hui, des personnalités de premier plan dénoncent ce qu'elles considèrent comme un tissu de mensonges qui a permis de justifier l'opération qui fit tomber Kadhafi en 2011.

2. Campagne d'incitation à la haine raciale et médias qatari et occidentaux
Non seulement, les médias de masse ont diffusé fake news sur fake news pour légitimer la guerre menée par Sarkozy en Libye mais certains tels que ceux du Qatar ont ouvertement incité à la haine contre les  populations noires libyennes qui ont subi des massacres à caractère génocidaires par les "rebelles" djihadistes soutenus par l'Occident. Selon le journaliste indépendant Thomas C.Mountain, la chaîne Al Jazeera a organisé une campagne raciste contre les populations noires libyennes durant la guerre franco-otanesque en Libye :
" La guerre de L'OTAN (et des Etats français et britannique, NdT) contre la Libye qui a débuté en 2011 fut le moment de ligne de rupture pour la chaîne arabe Al Jazeera quand elle a commencé une campagne de terreur raciste lancée par le journaliste étoile Hoda Abdel Hamid saturant les ondes hertziennes avec un discours de haine alléguant faussement que Kadhafi avait envoyé des mercenaires noirs, africains pour violer des milliers des femmes et des filles de Libyens dans une volonté de créer une vague de rapine et de mutilations s'étendant à travers le pays. La crainte de prédateurs sexuels noirs, ravivant les tendances les plus arriérées et racistes envers des gens qui se sont retirés du nomadisme depuis une génération, a été réactivé par Hoda qui a su affoler la population arabe libyenne et soulever un demi-million de Libyens. Les Arabes se sont enfuis de leurs maisons sous la protection supposée d' Al Qaïda et plus tard l'Etat islamique a contrôlé l'est de la Libye et la Cerenaïque.  Ce discours de haine raciste était une complète fabrication et quand lorsqu'Hoda Abdel Hamid a été défié de prouver qu'il avait dit, il a complètement échoué à trouver n'importe quelle trace de mercenaires africains ou une célibataire qui avait été violée lors qu'il est allé en Libye. Ce fut la même campagne qui fut utilisée par la Secrétaire D'État Hillary Clinton et l'ambassadrice de l'ONU Susan Rice alléguant que l'on donnait aux combattants de Kadhafi du viagra pour alimenter le viol et le pillage contre leur propre peuple, renforçant la conviction de la population en cette propagande et ces mensonges. En conséquence de cette incitation raciste à la violence, des centaines si ce n'est des milliers de travailleurs immigrés africains ont été lynchés par des escadrons de la mort arabes libyens, avec leurs corps torturés, brûlés, accrochés à des ponts ou déposés dans le désert. J'ai été présent aux funérailles des victimes érythréennes de ces lynchages racistes par des foules et j'ai vu les images des Africains torturés et brûlés vivants, diffusées dans le monde entier, qui ne pouvaient que ressusciter les souvenirs de lynchages similaires d'hommes noirs partout dans les anciens états esclavagistes aux Etats-Unis bien de mon époque. Ce crime de guerre (en fait un crime contre l'humanité, NdT), qui avait pour but une purification ethnique des Arabes libyens et la tuerie de travailleurs immigrés africains est similaire à bien d'autres crimes de guerre (crimes contre l'humanité, NdT) qui ont amené des criminels, militaires et civils, devant la Cour pénale internationale (CPI). Bien sûr être accusé devant la CPI exige l'approbation de la Maison Blanche aussi ne vous attendez pas à ce que Hoda et le reste des voyous journalistes de la chaîne arabe Al Jazeera soient jamais soumis à la justice pour leurs crimes contre les Syriens, les Africains et les Libyens. Les médias occidentaux ont prétexté la "liberté d'expression" dans leur défense de la chaîne anglaise Al Jazeera, mais se sont presque complètement tus lorsqu'il a s'agit de faire la lumière sur la chaîne de télévision arabe Al Jazeera et sur sa publicité "de télévision de la terreur" par son soutien à l'EI et à Al Qaïda sur ses ondes hertziennes internationales. Dans le cas de la chaîne en langue arabe Al Jazeera "le journalisme est un crime" faisant mentir les prétentions de sa filiale de langue anglaise." (American Herald Tribune  Libre expression ou télévision de la terreur ? Le soutien d'Al Jazeera à l'Etat islamique et à Al Qaïda).

Cette campagne médiatique qatarie via Al Jazeera s'est prolongée en Syrie.

Nous reviendrons, dans notre deuxième partie sur le soutien français et occidental envers les djihadistes d'Al Qaida et de l'EI en Syrie avec une évidente collusion des médias de masse notamment envers la situation des djihadistes à Alep et dans la Ghouta orientale. Nous reviendrons également sur le cas Lafarge-Holcim qui dépasse la simple multinationale pour embrasser une couverture étatique plus large ainsi que sur les ventes d'armes aux "rebelles" djihadistes...

MAJ 26.08.18

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