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Macron's Watch n°3. CPI; Recolonisation; OTAN; Néolibéralisme

par SLT 5 Août 2017, 18:19 Macron's Watch Lecointre Macron CPI Génocide Rwanda néocolonialisme Impérialisme Françafrique Américafrique USA Africom

Bulletin du 30.07 au 5.08.17

- Lecointre devant la CPI ?
- La reconquête coloniale de l'Afrique
- Le chef d'Etat-major des armées choisi par l'OTAN ?
- Néolibéralisme et paradoxe

Lecointre devant la CPI ?

« Dans ces pays-là, un génocide, ce n’est pas trop important ».
Propos de François Mitterrand rapporté par Patrick de Saint-Exupéry.

 

L'encre ne finit pas de couler sur la nomination du nouveau chef d'état-major des armées de Macron. L'homme tout droit issu des troupes de la coloniale (Régiment d'infanterie de marine qui a fait toute la colonisation française depuis le XIXème siècle) semble illustrer à merveille le projet néocolonialiste et néolibéraliste macronien. Seulement ses hauts faits d'armes semblent créer la polémique dans le magistère intellectuel à défaut de médiatique. Selon Luc Michel, géopoliticien et expert politique interviewé par Press TV, le général choisi par Macron fut impliqué dans le génocide rwandais en plus d'être très proche des milieux atlantistes (cf. partie OTAN). 

Luc Michel rappelle que le régime génocidaire rwandais fut soutenu par l'Etat français sous François Mitterrand et encadré par l'armée française dont faisait parti Lecointre lors de l'opération Turquoise.

Luc Michel, se demande dans quelle mesure la collaboration de cet officier du RPIMA avec les génocidaires rwandais ne devraient pas nécessiter une comparution devant la CPI. Après tout ne s'agit-il pas de faits similaires dénoncés par Macron lors de sa commémoration de la rafle du Vel d'Hiv' planifié par l'Etat français ? Macron a-t-il fait sienne la faneuse maxime de François Mitterrand rapportée par Patrick de Saint-Exupery.

Luc Michel rejoint les propos de Jacques Morel dans les colonnes de l'Humanité qui évoquait la collaboration de celui qui est devenu un haut gradé de l'armée française, avec les génocidaires rwandais lors de l'opération turquoise en 1994 :

"François Lecointre était affecté au groupement Nord Turquoise, où il était responsable du secteur de la commune de Gisovu. Responsable des troupes, il collaborait avec le directeur de l’usine à thé, Alfred Musema, un des organisateurs du génocide dans la région de Bisesero. Nous en avons des preuves. Au moment de son procès au Tribunal pénal international pour le Rwanda (Tpir), où il a été condamné à perpétuité pour génocide, une pièce à conviction déposée par sa défense est une lettre du capitaine Lecointre adressée à Musema. Dans cette missive datée du 18 juillet 1994, il l’informe qu’il va changer de secteur et qu’il laisse la région à un subordonné. Ce document montre que leurs relations étaient cordiales. Au lieu d’enquêter et de l’arrêter, Lecointre a collaboré avec lui. Ce ne sont pas les seuls éléments. Dans une lettre rédigée dans l’Ancre d’or datée du 18 juillet, le capitaine évoque les sauvetages d’enfants tutsis cachés chez des Hutus. Il y décrit des opérations de sauvetage qui se déroulaient la nuit, sans lampe, pour ne pas être repérés par les miliciens, qui, dit-il, « poursuivent leurs patrouilles de nuit ». Preuve que les Français ont laissé les miliciens opérer librement dans la zone « humanitaire sûre » décrétée par l’Hexagone début juillet. Cette zone humanitaire était sûre pour les miliciens, car ils pouvaient continuer à opérer sans être attaqués par le Front patriotique rwandais (FPR). De fait, le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais." 

Dans un portrait plutôt hagiographique, JAI  donne sa version du parcours militaire du nouveau chef d'état-major lorsqu'il était capitaine dans les troupes françaises au Rwanda, en s'appuyant sur ses frères d'armes, pour le moins loin d'être les plus objectifs. Sans infirmer les dires de Jacques Morel dans les colonnes de l'Humanité, ses collègues déclarent que ce serait trop lui faire d'honneur que de considérer qu'il ait joué un rôle de premier plan dans le soutien aux génocidaires rwandais tout en reconnaissant un rôle de collaboration avec un génocidaire notoire d'une région rwandaise condamné par le Tribunal Pénale Internationale pour le Rwanda à la perpétuité  : 

"...Complaisance avec un génocidaire ?

Son passage au Rwanda est plus controversé. Selon Jacques Morel, ancien mathématicien au CNRS, le jeune capitaine Lecointre a alors « collaboré » avec Alfred Musema, l’un des planificateurs du génocide dans la région de Kibuye, qui dirigeait l’usine à thé de Gisovu.

Cinq ans plus tard, au cours de son procès devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), au terme duquel il fut condamné à la réclusion à perpétuité, le génocidaire aurait produit pour sa défense une lettre datée du 18 juillet 1994 dans laquelle le capitaine Lecointre l’aurait informé qu’il allait changer de secteur et laisser le périmètre de Gisovu à un subordonné.

« Ce document montre que leurs relations étaient cordiales », affirme Morel. Le général Lecointre se souvient-il de cette missive ? « Pas formellement, témoigne l’un de ses frères d’armes du 3e régiment d’infanterie de marine (RIMa). Mais il dit que l’existence de cette lettre est probable.

À l’époque, il appartenait à un groupement commandé par le colonel Patrice Sartre et ne dirigeait qu’une compagnie de 130 hommes, aux côtés de quatre autres compagnies. » Le général Thorette renchérit : « Au Rwanda, le capitaine Lecointre n’était pas à un poste de responsabilité. Ce serait lui faire un mauvais procès que de lui attribuer un rôle dans le génocide.
»..." (JAI "De la Somalie à la Côte d’Ivoire en passant par le Rwanda, itinéraire du nouveau chef d’état-major des armées françaises")

Complaisance ou collaboration ? A-t-on connu de pareilles actes sous le régime de Vichy ? Le problème au Rwanda c'est que la majorité de l'Etat-major et du gouvernement français en place soutenaient le gouvernement intérimaire rwandais qui a perpétué le génocide et qu'il n'y avait pas beaucoup de résistance en France et ailleurs. Mais était-ce bien différent du rôle de l'Etat français sous le régime du Maréchal Pétain ? Sans doute les historiens dans un ou deux siècles nous en dirons un peu plus tout comme les historiens turcs sur le génocide arménien.

JAI semble nous dire de circuler, pourtant les faits rapportés ici sont loin d'être anodins, ils sont même très graves. Il est vrai que le problème dépasse largement le seul Lecointre qui est un pion dans un engrenage qui le dépasse et relève d'un problème d'ampleur nationale.

Le journal qui se présente comme "panafricain" conclu que "Lecointre est Macron compatible". On ne sait pas pour qui c'est un compliment quand on connaît les propos profondément racialistes et méprisants de Macron à l'égard des Africains. Installer un homme issu de la coloniale (troupes du régiment d'infanterie de marine) avec le passif rwandais évoqué par JAI et l'Humanité, à la tête de l'armée française, ne laisse rien présager de bon quand on connaît l'action émaillée de nombreux massacres à caractère génocidaire des précédents chefs de guerre français en Afrique (en Libye en 2011, en Côte d'Ivoire en 2011, et en Centrafrique en 2013).

Le soutien de l'Etat français et les livraisons d'armes aux génocidaires rwandais par le gouvernement français via l'armée française en plein génocide durant l'opération Turquoise sont attestés par l'ancien lieutenant-colonel français, Guillaume Ancel.

A lire pour comprendre l'ampleur de la collaboration française avec les génocidaires rwandais qui dépasse le simple cas de Lecointre : - Complicité financière française durant le génocide au Rwanda : BNP, Banque de France, CCR et Nicolas Sarkozy...

Extrait :
..."En 2007, le témoignage de Martin Marschner apporte plus de précisions sur le financement français du gouvernement intérimaire (GIR) durant le génocide et des connexions étranges entre BNP paris, Banque de France, Caisse Centrale de Réassurance, Trésor Public et Banque Nationale rwandaise. Martin Marschner s'est dit en mesure de prouver qu’une caisse noire, a été mise en place par l’Etat français à l'époque où Sarkozy était ministre du Budget pour servir les services secrets - caisse que Marschner aura contribué, malgré lui, à alimenter - Celle-ci aurait été presque exclusivement utilisée, entre mars et juillet 1994, pour financer le gouvernement intérimaire rwandais alors que ce dernier encadrait et supervisait le génocide de près d’un million de personnes. Selon Marschner, c'est le contribuable français sous la houlette du ministère des finances qui a contribué à financer le génocide au Rwanda : "Le 14 septembre 1994 survint un coup de théâtre : le trésor public français remboursa cet argent. « Une société étatique qui perd un milliard et, 15 jours plus tard, le contribuable qui renfloue la somme, sans aucun élément d'’explication, cela constitue un événement anormal. Le contribuable français a ainsi remboursé l'’argent détourné par ses dirigeants pour financer le génocide », a affirmé M. Marschner.
"Martin Marschner von Helmreich, partenaire de la Caisse Centrale de Réassurance (CCR), a indiqué que des sociétés de l'’Etat français ont financé l’'achat d’'armes utilisées par les forces génocidaires, par l’'entremise de la BNP-Paris."...

Reconquête coloniale

L'entreprise macronienne en Afrique semble être une entreprise de recolonisation de l'espace africain en collaboration avec les forces étatsuniennes de l'Africom. Au prétexte de la lutte contre le terrorisme, toutes les grandes puissances veulent leur part du gâteau. Le G20 de Hambourg a-t-il été le nouveau Berlin de la recolonisation de l'Afrique si tant est qu'elle ait jamais été décolonisée ? Trump a affiché son mépris envers les Africains en refusant d'envoyer un officiel à la réunion sur l'aide à apporter à l'Afrique. Il y a envoyé sa fille. Trump est plus enclin à coloniser l'Afrique avec les troupes étatsuniennes via l'Africom qu'à discuter d'une quelconque aide suite aux crimes des troupes étatsuniennes commis sous l'ère Obama (Libye, Somalie, ...). Ce mépris trumpien à l'égard des Africains, a sans doute poussé le chef de guerre Macron à se lâcher et à insulter les Africains tout en occultant la terreur semée en Libye par l'action de son mentor Sarkozy dans cet "Etat failli" qu'est la Libye.

Le chef de guerre Macron a déjà annoncé une occupation illimitée au Mali : "La France restera engagée au Mali au sein de l'opération Barkhane "aussi longtemps qu'il le faudra" pour gagner la bataille contre le terrorisme, a déclaré dimanche Emmanuel Macron. L'opération Barkhane, qui a pris la suite le 1er août 2014 de l'opération Serval, mobilise quelque 4.000 soldats français au Sahel contre les groupes djihadistes." (AFP La France restera au Mali tant qu'il le faudra (Macron)).

Quant à la Libye, la France, y aurait déjà des bases militaires qu'elle partage avec les Emirats Arabes Unis et la Grande-Bretagne (Exclusive: French-Emirati airbase in Libya 'supporting Khalifa Haftar operations'.). La France tout comme les USA ou la Grande-Bretagne joueraient double jeu en Libye en soutenant les opérations militaires du Général Haftar, allié de la CIA qui est devenu l'homme fort de l'est libyen et chef d'une force autoproclamée armée nationale libyenne (ANL) luttant contre Fayez Seraj premier ministre du gouvernement d'unité nationale soutenu par l'ONU et l'Italie. L'Etat français après avoir détruit la Libye et soutenu son gouvernement d'unité nationale, joue à présent double jeu  au grand dam de l'Italie. Cette dernière voit son rôle diplomatique dans la crise libyenne s'étioler depuis que Macron a réuni, sans concertation avec le gouvernement italien, les deux protagonistes libyens cités ci-dessus. (Reuters L'initiative de Macron sur la Libye fait grincer des dents à Rome). 

La lutte contre le terrorisme, semble une aubaine pour l'Etat français qui a déployé à nouveau l'armée française sur des bases militaires au Cameroun et dans des centres de détention où la torture est systématisée selon Amnesty international.

Le chef d'Etat-major des armées françaises nommé par l'OTAN ?

Selon l'expert politique et géopoliticien Luc Michel (cf. première vidéo ci-dessus), la nomination de François Lecointre à la tête de l'armée française a été avalisé par Trump. Lecointre serait Otan-compatible.

"Il a fait toute sa carrière dans le sillage de l'armée étatsunienne et de l'OTAN. Il est intervenu en Irak au côté des Etatsuniens, il est intervenu à Djjbouti au côté des Etatsuniens, il est intervenu en Afghanistan toujours au côté des Etatsuniens et de l'OTAN...".

On assiste à une confluence de l'Américafrique et de la Françafrique pour contrôler l'Afrique et ses ressources naturelles et minières. L'armée française supplétive des forces étatsuniennes en Afrique ? En tous les cas, chacun entend défendre ses intérêts mutuels en Afrique par des moyens militaires au prétexte de la lutte contre les terroristes qu'ils ont eux-mêmes soutenus et armés en Libye.

Lire :
- Quand Kadhafi accusait l'Occident de "complot colonialiste" et dénonçait le rôle d'Al-Quaïda en Libye
- Des rebelles vivant en Grande-Bretagne allèguent que le gouvernement britannique les a laissés voyager en Libye pour combattre Kadhafi (Daily Mail)
- Selon la BBC, le kamikaze de Manchester et son père ont participé au renversement de Kadhafi (Vidéo)
- Mali : l’effet « domino » du crime commis en Libye par la France de Nicolas Sarkozy (Unefrancearefaire).


Quand aux terroristes de Boko Haram qui sévissent au Nigeria et dans la sous-région, ils ont fait allégeance à l'Etat islamique. Ils ont été financés et soutenus par l'Arabie saoudite, elle même soutenue par les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et Israël (Le Canard Enchaîné confirme le soutien indirect de la France à Boko Haram).

"...les services français de renseignement ont, depuis longtemps, signalé que les salafistes (sunnites) de Boko Haram avaient reçu le soutien des monarchies pétrolières du Moyen-Oient, amies - en principe - de la France et de la Grande Amérique...".
Le Canard Enchaîné, 14 mai 2014, ("Chef d'Etat militaire "incapables" au Nigeria).

Néolibéralisme et paradoxe

La méthode Macron confirme un néolibéralisme effréné avec une méthode qui relève du diktat porté par le Medef et les institutions internationales telles que le FMI. Ainsi le Parlement vient de donner un "blanc seing au gouvernement pour réformer le droit du travail sans intervention des députés, un chantier prioritaire pour le président Emmanuel Macron qui espère favoriser l'emploi en accordant plus de flexibilité aux entreprises. Un texte autorisant l'exécutif à légiférer par ordonnances pour réformer le code du travail a été adopté définitivement mercredi soir par un dernier vote du Sénat, la chambre haute du Parlement." selon l'AFP. Le Parlement vient-il de se suicider ? Déjà qu'il n'avait aucun rôle sur les Affaires étrangères et aucun contrôle sur l'exécutif, il vient de décider de laisser le gouvernement légiférer par ordonnances. Une loi travail favorable au patronat, sous couvert de flexibilité, risque d'entamer sérieusement la protection sociale et les droits des travailleurs et des syndicats.

L'Etat sous Macron semble aussi se désengager des collectivités locales. Après la volonté de supprimer les impôts locaux, le gouvernement a annoncé cette semaine par décret une suppression de 300 millions d'euros de dotation aux collectivités locales en 2017.

Le Monde écrit : "Le gouvernement a annulé des crédits de l’Etat destinés aux collectivités territoriales pour 2017 d’un montant d’environ 300 millions d’euros, selon une information publiée par Libération. Selon le quotidien, un décret a été signé à la fin de juillet, au lendemain de la conférence des territoires qui s’est tenue le 17 au Sénat. Emmanuel Macron s’était alors engagé devant les associations d’élus à ne pas baisser brutalement les dotations aux collectivités en 2018, mais les présentes coupes portent sur l’exercice 2017".
 

Mais Macron ne semble pas avoir intégré les 3 mamelles du néolibéralisme. Si il dénonce le développement excessif de l''Etat-providence, veut promouvoir une économie de marché au nom de la liberté de l'individu et du développement économique, il a la semaine dernière privatisé les chantiers navals STX à Saint Nazaire en passe d'être rachetés par l'entrepreneur italien Fincantieri.

Selon Le Monde, l'État, actionnaire à 33 % de STX, a fait valoir son droit de préemption sur le reste du capital des chantiers navals. Dans les coulisses de l'opération, on affirme, d'après le quotidien, que l'objectif n'était pas la nationalisation de Saint-Nazaire, mais une « façon de gagner du temps » face à l'italien Fincantieri, champion de la construction navale en Europe.

Alors que la France colonise le marché italien en rachetant à la pelle de grands secteurs commerciaux (Luxe, commerces...) et financiers (Banques), la France s'opposerait à ce que l'Italie en fasse de même chez elle. Comment l'Union européenne réagira-t-elle à cette nationalisation de son chouchou néolibéral ? Un néolibéralisme patriote ? Un oxymore ? Cela résume sans doute bien le personnage ?

Macron's Watch n°3. CPI; Recolonisation; OTAN; Néolibéralisme
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